Lundi 27 mai 2019
Oulkhou, l’infatigable Vigile
ô Oulkhou !
Que tu es beau comme Tahar !
Ton nom se confond avec le Sien.
Oulkhou, tu m’invoques plusieurs noms à la fois.
Djaout Mahfoud Boucebci Smail Yafsah, Mekbel, Matoub et autres…
Ton nom est viscéralement indissociable de celui de Tahar
Vous vous ressemblez tellement que les gens vous confondent.
Symbole d’une union parfaite
Une fusion divinement réussie
Une relation à la Pygmalion.
Un nom aussi beau que le tien Tahar
Associé à la symphonie des lettres de ton village
Ne peut être qu’un exemple
D’une histoire d’amour.
Une histoire d’amour entre un homme et son origine
Entre une plume et son plumier
Entre un écrivain et l’écriture
Entre un poète et la muse
Entre un artiste et la peinture
Entre un enfant et l’innocence
Entre un journaliste et la vérité.
Oulkhou,
Les six lettres qui composent le nom de Djaout
Résonnent encore dans tes hauts plateaux
Et quand elles parviennent dans nos tympans
Ravivent le foyer de nos émotions
Poignardent nos cœurs saignants
Encore béants.
La cicatrice de ta disparition Tahar
Est toujours ouverte.
Elle refuse vivement et obstinément de se refermer
Tant que la vérité sur ton assassinat n’est pas révélée
Tant que le sang de tes confrères continue de couler
Tant que l’idéal de ton combat est toujours martyrisé
Oulkhou,
Je t’ai découvert,
Comme j’ai découvert l’écriture de DJAOUT.
Tes hauts plateaux n’en finissent
De m’ensorceler.
Le premier regard que j’ai posé sur ton paysage si beau
Me rappelle la beauté et la sobriété
De l’écriture de Tahar qui n’en finit pas de me subjuguer
Ô Oulkhou !
Tu symbolises trop de choses pour moi…
Ton nom c’est aussi celui de la résistance ancestrale.
Tu n’en finis pas de nous donner
Les meilleurs pour continuer à relever le défi
Et attiser encore le flambeau de la résistance.
Oulkhou,
Tes vallées ont déjà connu l’horreur de la Guerre
Tes vallées n’en finissent pas de résister…
Du Flambeau de Novembre
À celui d’Igoujdel.
Que si magnifique et beau d’y naître
D’y vivre et d’y mourir !
Sur ta terre Oulkhou, l’enchanteur !
Tu es fait pour séduire les amoureux
Et pour résister si l’on vient agresser tes enfants
Et atteindre ta dignité
L’impardonnable et indomptable relief !
Oulkhou !
Combien de gens te supplient pour leur faire place
Parmi les Tiens !
Que peut-on espérer de mieux
Que de se reposer éternellement
Sous un olivier et un figuier comme Tahar ?
Sur un rocher survolant toute la Kabylie
Le regard projeté loin dans la Méditerranée
Un lieu divinement paradisiaque
Offrant les plus beaux et ensorcelants spectacles de la nature
Le lever et le coucher du soleil
Deux très magiques moments
Ponctués par la symphonie
De l’orchestre des oiseaux
Inspirant ainsi l’envie d’aimer
De vivre pleinement et de rêver.
L’envie de donner un nom à cette Beauté
L’envie de dire que mon pays c’est l’Algérie
Ô Oulkhou
L’invincible rocher,
Tu demeures toujours résistant et indétrônable
Malgré les déchaînements des marées.
Le regard serein porté loin vers l’horizon
Tu n’en finis pas de harceler l’immensité de la mer
Où ton regard se laisse emporter et se dépayser
Se laissant ainsi emporter par le cyclone amoureux
Encore une belle histoire d’amour
Entre l’invincible rocher et l’indomptable mer !
Ô Oulkhou !
L’infatigable Vigile
L ‘incorruptible gardien de la mémoire.
Oulkhou,
Tes vallées qui tiennent de celles de la Soummam
Inspirent le courage et la résistance
La grandeur de l’Âme.
Tes vallées aux chemins qui montent de
Da L’Mouloud Feraoun
Chemins qui mènent vers les grandes valeurs
Valeurs républicaines ancrées à jamais
Dans la mémoire de Novembre
Dans le palimpseste de la Soummam
Valeurs gravées par le sang des martyrs de la Liberté.
Des chemins qui mènent vers la vérité
Que refusa de taire Smail Yafsah.
Des chemins qui montent à la Colline oubliée
De Da L’Mouloud Mammeri
Des chemins qui mènent à la maison de Nedjma
De l’immortel Kateb Yacine
Des chemins qui mènent au village de Kenza
Du grand rebelle Lounès Matoub
Des chemins qui mènent à
La patrie de Ben M’hidi, Abane
Amirouche, Ben Boulaïd, Didouche
Djamila Bouhired.
Des chemins qui mènent au
Mémorial des grands noms
Qui ont fait l’Histoire de l’Algérie
Mémorial inauguré par de grands symboles
De la résistance et de l’insoumission
Dihya et Fadhma n’ Summer
Oulkhou,
Toi qui as vu naître Tahar
Et l’as bercé dans tes bras généreux et protecteurs
Toi qui l’as vu grandir
L’as vu ensuite partir loin de toi
Pour le revoir enfin parler de toi dans ses livres
Une idylle entre un homme et son village
Comment ressens-tu toute cette reconnaissance ?
Qui mieux que toi pour nous parler de Djaout ?
Parle-nous de votre histoire d’amour
De vos liens charnels et de vos passions
Fais-nous don du secret de l’œuvre de ton fils
Toi qui entretiens une relation ombilicale avec lui
Ô Oulkhou !
J’ai quelques questions à te poser
Je m’excuse si je suis trop abrupt
Si j’ose offusquer ta sensibilité
Si je persiste à m’appuyer encore
Sur la plaie béante
C’est plus fort que moi
Moi aussi je suis harcelé
Par l’urgence de te questionner
Parce que tu es porteur d’une mémoire ancestrale.
Oulkhou,
Maintenant qu’on a tué Tahar
Peut-on t’arrêter d’en faire d’autres ?
La voix de DJAOUT est-elle à jamais mise au silence ?
Peut-on vraiment bâillonner une voix
Hurlant sur tes montagnes ?
Oulkhou,
L’Éternel perturbateur
Tu ne veux ni dormir ni laisser dormir les autres
La première fois que je t’ai vu
J’ai associé ton nom à celui de la Résistance.