Lundi 19 avril 2021
Ourida : Miss printemps, Italie, 1956
Ourida, c’est l’une des plus belles voix des années 1950 et 1960, et c’est, en premier lieu, les tubes « A Ddada l’wali » et « Walaɣ tassekurt ».
Au-delà de ces deux succès très populaires, d’autres chansons comme « Ijreḥ wul », « D lxiq ay xaqeɣ », « Amnɛac », « A ya fruk amelḥan », ou encore « Teḍṛa yidi a yemma », etc. circulent sur YouTube. Musicalement, ce dernier titre n’est pas sans rappeler « Habeena » de Farid El-Atrache. Signalons aussi le remarquable « Ay aɛziz », interprété en duo avec Farid Ali.
Il est à regretter que l’on ne trouve nulle part de biographie conséquente la concernant. Les seuls éléments que l’on a pu récolter sont les suivants :
De son vrai nom Louisa Khalfallah, Ourida est née à Alger. Elle entre à la radio algérienne au début des années cinquante. Elle fait ses débuts dans la chorale féminine et enfantine dirigée par Mme Lafarge, de 1953 à 1962.
Fait remarquable : elle est élue « Miss printemps » au festival international du folklore qui a eu lieu en Italie, en 1956. Ourida, c’est donc une belle voix et le charme méditerranéen à la fois !
Malgré ces éléments très succincts, cela ne nous empêche pas de l’écouter et l’apprécier. La piste ci-après contient ses deux plus grands succès « A Ddada l’wali » et « Walaɣ tassekurt ». La séparation est toujours au menu pour être chantée à toutes les sauces mélancoliques.
La traduction ci-après de « Walaɣ tassekurt » démontre, si besoin, toute la finesse, toute la fantasmagorie véhiculées par le verbe kabyle.
C’est pour cela, encore une fois, que se pose la question d’un enseignement sérieux de Tamazight. De telles fables divertissantes, à la Jean de la Fontaine -de surcroit bien interprétées- ne peuvent que contrecarrer les effets néfastes de « tebat yadda abi lahabi » et tutti quanti. Le terroir regorge de contes d’éveil, seul moyen de contrecarrer cette fabrique du parfait salafiste qu’est devenue notre École (*).
« Walaɣ tassekurt », j’ai vu une perdrix
J’ai vu une perdrix
Pleurer sous l’olivier
Son mari est parti
Il a changé de pays
Arbre citronnier
Sache jouir de la vie
Reste bien dressé pour exister
La mort ne fait que s’emparer
Arbre Pommier
Qui soigne les blessures
Celui qui est esseulé
Comment peut-il s’égayer
Arbre Oranger
Tes louanges j’ai chanté
S’il est bien traité
Apaisé il est enchanté
Arbre Pêcher
Laisse l’oiseau picorer
Si son cœur est gai
Il ne fera que crâner
Arbre Amandier
Aux amandes appréciées
Celui qui des Dieux est consacré
Ne peut être ensorcelé
Sur l’arbre Jasmin
Se pose un coucou
De son chant il se lamente
Du temps où il était douillet.
(*) Voir l’excellente chronique d’Amine Zaoui sur le journal Liberté :
https://www.liberte-algerie.com/chronique/lecole-est-le-plus-grand-parti-islamiste-en-algerie-522