Lundi 1 février 2021
Oxfam dénonce, Davos se sauve avec le magot
Les dernières révélations d’Oxfam et au Forum économique mondial de Davos montrent une situation scandaleuse qui empire et doit être corrigée.
Oxfam a publié un rapport juste avant le forum de Davos. Ce document intitulé « Le virus des inégalités » montrait les problèmes qu’entraînait la Covid-19 pour la population de la planète. Les individus faisant partie du 1 %, soit les plus riches de la planète possèdent désormais plus du double de la richesse de 6,9 milliards de personnes ordinaires.
Pendant ce temps, près de la moitié de la population mondiale vit avec moins de 10 dollars par jour. « Les inégalités indécentes sont au cœur de fractures et de conflits sociaux partout dans le monde, car personne n’est dupe : la crise des inégalités traduit la complicité plus que l’impuissance des États à agir pour la combattre », affirmait à ce sujet la porte-parole d’Oxfam France, Pauline Leclère, qui considère que cela n’est pas une fatalité, mais plutôt le résultat de politiques qui réduisent l’impôt des plus riches et des entreprises.
En fait, la richesse des 500 personnes les mieux nanties du monde a augmenté d’environ 1800 milliards de dollars en 2020. À eux seuls, les 10 milliardaires les plus riches ont vu leur fortune croitre de 540 milliards de dollars au cours de cette période.
Plus globalement, entre le 18 mars et le 31 décembre 2020, les milliardaires ont augmenté leurs avoirs de 3900 milliards de dollars, a calculé l’ONG.
Le total des biens de tous ces gens environne maintenant 12 000 milliards de dollars. Cela se fait pendant qu’entre 200 millions et 500 millions de personnes supplémentaires pourrait avoir basculé dans la pauvreté durant la pandémie.
Davos sourd à Oxfam
Le Forum économique mondial de Davos, qui a réuni virtuellement plus de 1500 des dirigeants les plus puissants de 70 pays, s’est ensuite ouvert pour une semaine le 25 janvier. Le premier à y prendre la parole a été le président chinois Xi Jinping. Cette présence était justifiée. Il y a eu une très impressionnante augmentation de la fortune des milliardaires en Chine pendant la pandémie. Selon le classement Forbes, la richesse totale des 400 personnes les plus riches de Chine a augmenté de 60 % en un an, passant de 1290 à 2110 milliards de dollars.
Durant cette semaine, le secrétaire générale des Nations unies, Antonio Guterres et la chancelière allemande Angela Merkel réaffirmaient la nécessité du multilatéralisme. Poutine a plaidé pour la reprise de la confiance et du dialogue. Macron a fait une analyse critique du capitalisme et à appeler les grandes entreprises à faire mieux. Pour leur part les premiers ministres indiens, Narendra Modi, et japonais, Yoshihide Suga, ont montré que le rôle de l’Asie grandit dans l’économie mondiale.
L’élite économique et politique réunie virtuellement à Davos y a aussi exprimé sa préoccupation face à l’exacerbation des inégalités et surtout sa peur des émeutes qu’elles causent dans le monde.
Bref, malgré toutes leurs belles paroles, les participants du forum de Davos n’ont rien offert de concret face à l’outrageante situation dénoncée par Oxfam. De toute évidence, la classe dominante ne paiera pas sa juste part pour lutter contre la Covid-19. Elle se déresponsabilise complètement des conséquences de la pandémie et s’enfuira avec le magot qu’elle a caché dans les paradis fiscaux. La page internet du forum fait d’ailleurs la promotion d’organismes charitables et du financement social pour aider les pauvres.
Vers une plus grande syndicalisation ?
Pour corriger ces inégalées, Oxfam propose dans son document de faire la lutte contre le dérèglement climatique dans un monde profondément plus égalitaire offrant une sécurité des revenus et où les plus riches paieraient leur juste part d’impôts. Comme ces demandes ont déjà été faites des milliers de fois et que rien de vraiment significatif n’en est sorti, une riposte plus pratique pourrait être envisagée.
Dans le passé une des réponses classiques pour augmenter les revenus des pauvres a été leur syndicalisation. Des efforts planétaires concertés de syndicalisation de toutes les multinationales auraient des chances de remettre à la population mondiale une partie de la richesse des milliardaires.
La dématérialisation du travail et les nouvelles manières d’utiliser l’Internet ne sont pas incompatibles avec une augmentation de la syndicalisation. En janvier, des membres du personnel de Google ont formé une alliance syndicale internationale qui regroupe 13 syndicats différents dans 10 pays. Il y a aussi des emplois potentiellement payants dans cette lutte pour mieux répartir les ressources.
Les universités pourraient former des spécialistes qui s’attaqueraient aux paradis fiscaux. Dans un premier temps, des équipes juridiques, de lobby et d’enquête pourraient rapatrier des centaines de milliards de dollars d’impôt. Dans un deuxième temps, des emplois pourraient être créés pour gérer les nouvelles entrées d’argent et améliorer le niveau de vie de la population.