21 avril 2025
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Michel Margotton : « La poésie me paraît essentielle »

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Michel Margotton
Michel Margotton.

Michel Margotton (alias M. de Saint-Michel), est un poète d’une grande profondeur, c’est comme une méditation poétique qui s’offre au lecteur. Michel Margotton fait partie de ces rares poètes qui écrivent sous pseudonyme, ce qui intrigue, en ajoutant une part de mystère forçant et élevant l’élan poétique vers les plus hautes cimes où le lecteur tente de saisir ou seulement d’appréhender un sens enfoui ou une rime vagabonde déchirant l’air transfigurant toute la beauté.

Il y a un jaillissement de lumière dans la poésie de Michel Margotton, où les esprits avertis et non avertis s’apaisent et s’immergent emportés par les flots où chemine l’éveil spirituel comme un voyage vers le soi et l’expérience humaine.

La poésie défriche notre jardin intérieur, améliorant notre perception du monde, Michel Margotton nous emporte à travers ses vers libérés des entraves des illusions humaines vers une démarche spirituelle aboutissant à une quête entre le visible et l’invisible, où l’apparent et le caché annihilent la dualité.

La poésie de Michel Margotton fait sortir le meilleur de nous-même, en nous projetant vers l’Un et vers le Tout, tout nous apparaît alors lié dans une parfaite harmonie de la Terre à l’univers.

Michel Margotton est né à Marseille, il a effectué sa scolarité, dans le primaire et le secondaire, à Arles cette ville d’art et d’histoire, située sur le Rhône, dans la région de Provence au sud de la France, une ville réputée qui a inspiré Van Gogh, qui a influencé l’art contemporain exposé à la Fondation Vincent Van Gogh. Autrefois capitale provinciale de la Rome antique, Arles est également renommée pour ses nombreuses ruines romaines, notamment l’amphithéâtre d’Arles, qui accueille aujourd’hui des pièces de théâtre et des concerts. 

Après des études de Lettres à la Faculté Paul Valéry de Montpellier, Michel Margotton a enseigné pendant une trentaine d’années dans les Académies de Lyon et d’Aix-Marseille. Déjà poète adolescent, il a été très tôt attiré par l’écriture et, notamment, l’écriture poétique.

Les recueils de Michel Margotton invitent donc à la réflexion à l’élévation tant spirituelle que philosophique. La nuit et le jour s’entrechoquent, la vie et la mort se côtoient dans l’harmonie, dans une relation d’interdépendance, sachant que l’une ne peut être sans l’autre.

La conscience humaine se trouve bouleversée, bousculée, interrogée, cherchant des réponses dans un monde en toute vitesse, en perte de repères, où l’illusion et le mensonge tendent à remplacer le vrai. La poésie se dresse heureusement salvatrice pour ramener les équilibres perdus.

Le Matin d’Algérie : Vous êtes un poète à la fois grave et lumineux, vous écrivez depuis longtemps, mais vous n’avez publié que tardivement, qui est Michel Margotton ?

Michel Margotton : Il est toujours difficile, voire impossible, de dire qui l’on est vraiment. C’est sans doute pour cela que la poésie me paraît essentielle : elle seule permet de plonger au plus profond de soi, par-delà les images toutes faites que chacun se fait de lui-même. Traverser le miroir des apparences et des concepts, telle est pour moi la finalité de l’écriture poétique. Lorsque j’écris, je pars en quête de moi-même – quête qui ne peut, évidemment, jamais atteindre totalement son but : il y a en moi (comme en tout être humain) une part toujours mystérieuse que le poème ne définit pas, ne circonscrit pas mais suggère… « Je est un autre » comme dit Rimbaud.

Le Matin d’Algérie : Vous écrivez sous pseudonyme est-ce pour vous extraire du réel pour que puissent librement battre vos ailes comme pour ne pas être souillé par le monde qui vous entoure ?

Michel Margotton : Le pseudonyme permet de bien différencier le « moi social » du « moi créateur », pour reprendre la terminologie de Marcel Proust : le premier représente l’homme extérieur, l’homme public vivant à la surface des choses, résumé à sa biographie ; le second est l’être intérieur, caché aux yeux du siècle, celui-là même d’où naissent les œuvres – le moi véritable : sous le masque visible, à peu près semblable à tous les masques, le visage réel, unique entre tous.

Michel Margotton va, vient, s’agite sur la scène du monde, M. de Saint-Michel écrit.

Le Matin d’Algérie : On sent votre passion pour la mythologie grecque, pouvez-vous nous en parler ?

Michel Margotton : En effet, j’aime particulièrement les mythologies grecque et romaine (C’est d’ailleurs la même, les Romains ayant le plus souvent repris à leur compte les divinités grecques en se contentant de changer leurs noms : Zeus devenant Jupiter, Athéna Minerve, Arès Mars etc…)

C’est en 6ème que m’est venu cet intérêt lorsque j’ai commencé à apprendre le latin et cet intérêt n’a fait que croître au fil des ans. La fiction mythologique nous apprend, à mon sens, beaucoup plus sur l’âme humaine (ses passions, ses craintes, ses désirs…) que tous les livres de psychologie réunis. Sous le couvert de récits fabuleux, elle met à nu les ressorts les plus enfouis de notre psyché ; elle exprime à merveille nos interrogations essentielles face à la Vie, à la Mort – au Destin. Loin d’être simplement une collection de contes plus ou moins curieux d’un temps révolu, elle dévoile l’intimité de ce que nous sommes. Elle est donc Poésie.

Le Matin d’Algérie : Vos recueils élèvent la philosophie et la spiritualité, Friedrich Nietzsche disait « Dieu a aussi son enfer : c’est son amour des hommes », qu’en pensez-vous ?

Michel Margotton : Le chrétien que je suis est d’accord sur ce point avec l’auteur de « L’Antéchrist » ! Le Christ, par sa passion et sa mort, a bien, pour le salut des hommes, vécu l’enfer – mais cet enfer-là débouche sur une lumière surpassant toutes les ténèbres du monde.

Pour adhérer à cela, il faut, bien sûr, accepter l’idée d’incarnation : celle d’un dieu désireux, par amour, d’endosser, à l’exception du péché, la condition humaine – et la souffrance en fait partie…

Le Matin d’Algérie : La France pays des droits de l’homme et des lumières, vient de vivre un moment critique et charnière de son histoire, où l’extrême droite a failli prendre le pouvoir, à votre avis, comment sommes-nous arrivés là ?

Michel Margotton : Les gouvernants français des trente ou quarante dernières années (de droite, du centre ou de gauche) se sont peu à peu coupés du peuple. Enfermés dans un élitisme bon chic, bon genre, ils ont refusé d’entendre, plus ou moins consciemment, ses plaintes et ses colères. Avec arrogance, ils ont pensé qu’en eux seuls résidaient l’intelligence, la raison, la culture ; la « plèbe » n’avait qu’à suivre ce que les « doctes » lui professaient… Ainsi n’ont-ils pas voulu (ou pas osé ?) répondre à ses problèmes quotidiens : immigration incontrôlée, insécurité galopante, effondrement du pouvoir d’achat, dépossession de souveraineté au profit d’une Europe hors-sol et mercantile… D’où la montée des populistes. (Tous les pays européens, d’ailleurs, sont, peu ou prou, dans le même cas de figure.)

Le Matin d’Algérie : Quels sont les poètes qui vous influencent ?

Michel Margotton : Baudelaire est depuis mon adolescence mon poète de chevet : je considère Les Fleurs du Mal comme le livre phare de la poésie française, à la croisée du classicisme et de la modernité, où se mêlent sensualité et mysticisme, vertige de la vie et hantise de la mort…

Parmi les autres poètes français qui ont, sinon influencé, du moins nourri ma création, je peux citer pêle-mêle Ronsard, Hugo (surtout celui des Contemplations), Mallarmé (un maître du Verbe), Lautréamont, O. V. de Lubicz-Milosz (un immense poète trop peu connu, hélas !), Saint-John Perse, Pierre Jean Jouve…

Sans oublier, chez les écrivains étrangers, Dante dont la Divine Comédie est l’un des plus hauts sommets de la poésie universelle !

Le Matin d’Algérie : La création poétique et l’art en général, peuvent-ils changer notre regard sur le monde ?

Michel Margotton : Oui, je le crois fermement. L’art, en effet, nous permet de sortir de nous-mêmes et de nous mettre en contact avec les différentes facettes du réel. Chacun d’entre nous, seul enfermé dans son coin, seul claquemuré dans son ego, a une vision nécessairement univoque du monde ; l’art nous fait prendre conscience de sa diversité, de sa pluralité, de sa complexité : de sa richesse. Il nous ouvre à l’infini des possibles de l’existence…

Mais attention, il ne faut pas être naïf et s’illusionner : si l’art change certes notre regard sur le monde, il n’a pas le pouvoir de changer le monde !

Le Matin d’Algérie : Avez-vous des projets en cours et à venir ?

Michel Margotton : Je suis en train de préparer un recueil comprenant des formes poétiques courtes : monostiques, haïkus, distiques. C’est Twitter qui, il y a quelques années, m’a donné cette idée : comme il était impossible de poster des textes allant, à l’époque, au-delà de 140 caractères, je me suis vu « contraint » de composer des poèmes très brefs – dont le haïku, ce type de poésie d’origine japonaise que j’apprécie particulièrement.

Ce recueil devrait paraître fin 2024 ou début 2025…

Le Matin d’Algérie : Un dernier mot peut-être ?

Michel Margotton : De nos jours, en Europe (je ne sais s’il en est ainsi sur votre continent), la poésie paraît ne pas exister aux yeux du plus grand nombre. Elle est proprement invisible. Invisibilisée par la quasi-totalité des principaux médias qui n’en parlent jamais.

 Je veux espérer, contre toute espérance, qu’elle reviendra un jour à l’honneur et reprendra la place qui est sienne : la première.

Entretien réalisé par Brahim Saci

http://mdesaintmichel.eklablog.com/ 

Livres publiés :

– 2018 : D’Éros & de Thanatos [poésie] (Edilivre)

– 2019 : Mémoire d’un corps anonyme [poésie] (Ed. Spinelle )

– 2021 : Nuit obscure [roman] (Ed. Maïa)

             L’absolu dans la peau [poésie] (Ed. Atramenta)

– 2022 : Douze longs mois d’une vie éphémère [poésie] (Ed. Atramenta)

– 2023: Il faut détruire Babel [poésie] (Ed. du Net)

            Cent précieuses paroles de Divine [poésie] (Ed. du Net)

– 2024: Dionysos et le Crucifié [poésie] (Ed. Atramenta)

Cabale contre la romancière Inaam Bayoud

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Inaam Bayoud
Le livre d'Inaam Beyoud

L’écrivaine et traductrice  algérienne Inaam Beyoud, lauréate du grand prix littéraire Assia Djebbar pour son roman en langue arabe Houaria qui raconte le quotidien d’une femme d’une ville de l’ouest du pays est au centre d’une grande controverse sur les réseaux sociaux.

Certains reprochent à la romancière d’avoir porté atteinte aux bonnes mœurs et aux valeurs morales de la société en raison du caractère « vulgaire et licencieux » de certains passages  de son récit. Ils sont même allés jusqu’à réclamer le retrait du prix qui lui a été décerné par le jury. Rien que ça.

D’autres demandent la censure pure et simple du roman dont ils exigent l’interdiction de  sa publication. Ah l’Algérie n’est pas avare de courageux procureurs de bonnes moeurs. Quant aux défenseurs de liberté de pensée et d’agir, il faut les chercher à la lumière d’une bougie.

Quel courage que de s’attaquer à une romancière au moment où l’arbitraire le plus vil orchestré par le pouvoir s’en prend à des innocents ! De minables scribouillards qu’effarouche la création se découvrent une mission de gardiens de la bonne société. Des larbins en service commandé d’une idéologie d’un autre âge se prennent en redresseurs de torts de création. Pourtant la réalité n’est jamais loin dans le texte de la romancière.

En même temps, personne ne dit rien non plus sur la saleté qui court les rues, la corruption qui gangrène le pays… Il y a mille autres raisons pour s’indigner en Algérie, mais motus et bouche cousue.

Cette cabale contre l’universitaire et romancière Inaam Bayoud a néanmoins suscité la réaction de nombreux internautes qui lui ont exprimée leur solidarité. Ils ont défendu la liberté de création de l’écrivaine qui, disent-ils, est attaquée par ceux qui se sont érigés en « gardiens de la vertu », estimant que le roman relate  « des situations inspirées  du vécu social ».

Dans une pétition diffusée sur le la plateforme  mesopinions.com,  des écrivains intellectuels et  journalistes ont apporté leur soutien à Inaam Bayoud, Assia Ali Moyssa, directrice de MIM Edition et aux membres du jury du prix Assia Djebbar.

« A la suite de la cabale contre la romancière et traductrice Inaam Bayoud et son roman «Houaria» couronné par le prix Assia Djebar 2024 et à la décision de la maison d’édition Mim de mettre fin à son activité sous la pression suscitée par les ennemis de l’art et de la culture, nous, écrivains, éditeurs, libraires, artistes, journalistes, universitaires, intellectuels et citoyens amoureux de l’art et de la culture, déclarons ce qui suit :

Dénonçons avec la plus grande fermeté les attaques indignes et les menaces à peine voilées ou assumés contre eux.

Condamnons les atteintes à la liberté de créer, d’éditer, de publier et de diffuser des œuvres de l’esprit d’où qu’elles viennent.

Apportons notre soutien total à l’auteure, son éditrice et les membres du jury et les assurons de notre entière solidarité.

Demandons à la directrice de Mim édition de revenir sur sa décision de fermer sa maison suite aux pressions subies et l’assurons de notre soutien et de notre solidarité.

Alger, le 16 juillet 2024

Premiers signataires :

Lazhari LABTER, écrivain

Waciny LARED, écrivain

H’mida AYACHI, écrivain

Amin ZAOUI, écrivain

Nacer DJABI, sociologue

Sofia DJAMA, auteure réalisatrice

Arezki METREF, écrivain

Ahmed BENKAMLA, réalisateur

Mohamed ELKEURTI, écrivain

Aziz MOUATS, auteur mémoriel

Maissa BEY, écrivaine

Abdelkader Bouzida, universitaire

Sana BOUZIDA, universitaire

Chahra Bouzida, universitaire

Mourad PREURE, économiste

Meriem GUEMACHE, écrivaine

Lounes BERCHICHE, retraité

Safia BELHOCINE ZEMIRLI, écrivaine

Youcef AIT TAHAR, journaliste

Le rugbyman Melvyn Jaminet visé par une enquête pour « propos racistes »

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Melvyn Jaminet
Melvyn Jaminet

L’enquête, concernant les propos racistes tenus par Melvyn Jaminet, joueur de l’équipe de France de rugby, est ouverte depuis le 9 juillet après un signalement de SOS Racisme, précise le parquet de Paris, mardi.

Le rugbyman Melvyn Jaminet est visé par une enquête pour « menace de mort à raison de l’origine », a annoncé le parquet de Paris, mardi 16 juillet. Elle est ouverte depuis le 9 juillet après un signalement de SOS Racisme, a précisé la même source.

Melvyn Jaminet, joueur du XV de France et de Toulon, a tenu des propos racistes dans une vidéo diffusée sur Instagram, le 6 juillet, à la suite du premier test-match des Bleus disputé contre l’Argentine.

Le sportif de 25 ans y disait vouloir mettre « un coup de casque » au « premier Arabe » qu’il « croise sur la route ».

La Fédération française de rugby (FFR) avait aussitôt condamné ses propos « avec la plus grande fermeté », décidant de le mettre à l’écart du groupe France alors présent en Argentine. Le RC Toulon avait aussi annoncé mener une « enquête interne ».

La FFR a annoncé, mardi matin, avoir effectué un « signalement auprès du procureur de la République » dans le but de « faire toute la lumière sur la tenue de ces propos d’une extrême gravité ».

Avec Francetvinfo

France : Emmanuel Macron confirme la démission du gouvernement Attal

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Gabriel Attal
Gabriel Attal.

Lors d’un Conseil des ministres, dans la matinée du mardi 16 juillet, Emmanuel Macron a signifié qu’il accepterait la démission du gouvernement de Gabriel Attal, en fin de journée. Le Premier ministre a quant à lui garanti que son gouvernement assurera jusqu’au bout « la continuité de l’État », notamment en vue des Jeux olympiques.

C’est dans une ambiance un peu particulière que s’est tenu le Conseil des ministres, mardi 16 juillet, pour le gouvernement de Gabriel Attal.

En quittant l’֤Élysée, la ministre déléguée chargée des personnes âgées et des personnes handicapées, Fadila Khattabi, a simplement mentionné que la réunion avait été chargée en émotions, rapporte Charlotte Urien-Tomaka, du service politique de RFI.

Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a quant à lui dévalé le perron du palais en dénouant sa cravate, avant de rejoindre la place Beauvau, à pied. Entre les balais des voitures et la foule de journalistes, la cour de l’Élysée était en pleine effervescence.

« La reconnaissance, la passion et le devoir »

Le Premier ministre, Gabriel Attal, a affirmé durant le Conseil des ministres que son gouvernement, qui sera démissionnaire et chargé des « affaires courantes » dès mardi soir, continuerait d’assurer la « continuité de l’État », notamment en vue des Jeux olympiques.

Lors de son intervention face aux autres ministres, Gabriel Attal a tenu à saluer le travail de ses ministres. « Nous aurions pu disparaître. Nous avons évité le pire. L’avenir est à écrire. Et je sais, Monsieur le président de la République, pour connaître les femmes et les hommes autour de cette table, que toutes et tous ont la France au cœur et que la flamme ne s’éteint jamais pour ceux qui veulent servir les Français », a dit le Premier ministre en présence d’Emmanuel Macron.

Un discours construit autour de « trois mots » : « la reconnaissance, la passion et le devoir ». « Reconnaissance » pour la « confiance » d’Emmanuel Macron, « que nous avons honorée, toutes et tous, loyalement », a-t-il dit. Et « reconnaissance, bien sûr, à titre personnel, pour tous mes ministres. Nous avons formé une équipe soudée, déterminée et au combat », a ajouté Gabriel Attal, estimant avoir « lancé des chantiers importants » pour « changer les vies concrètement ».

Le Premier ministre a ensuite salué « la passion avec laquelle, depuis six mois, deux ans, sept ans, nous avons servi la France, engagé des transformations majeures pour notre pays » et « La passion pour les Français, qui sont et demeureront les seuls guides et les seuls juges de notre action. »

Enfin, il a conclu sur le « sens du devoir exceptionnel qui a animé toute l’équipe gouvernementale », même lors des réformes « les plus impopulaires ».

Quel est le rôle d’un gouvernement démissionnaire ?

Pendant cette période de transition, les ministres démissionnaires perdent une grande partie de leurs prérogatives mais conservent la gestion des « affaires courantes ». Il s’agit des affaires ordinaires, celles qui relèvent de l’application stricte du droit en vigueur. Autrement dit, pas de nouvelle initiative ou de tentative de changer le droit existant.

D’autre part, le gouvernement reste chargé des « affaires urgentes », celles qui nécessitent une réaction immédiate, comme lors d’une catastrophe naturelle ou d’un trouble à l’ordre public.

Cette transition met aussi fin aux dépôts des projets de loi, ces textes à l’initiative des ministres, car ils sont jugés sensibles politiquement. Il existe cependant une exception pour le projet de loi sur le budget de l’État.

Pendant ce temps, dans l’hémicycle, les membres du gouvernement démissionnaire qui ont également une casquette de députés pourront donc prendre part aux votes de l’Assemblée nationale. La nouvelle législature se réunit les 18 et 19 juillet pour attribuer, notamment, les postes clefs de l’institution, qui est, faute de gouvernement, privée de son plus grand pouvoir: celui de le renverser.

RFI

La famille de Me Sofiane Ouali communique

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Me Alili avec Me Ouali
Me Alili avec Me Ouali

Me Sofiane Ouali est détenu dans un commissariat de Bgayet depuis la nuit du 9 au 10 juillet. Me Alili a publié sur son compte Facebook, un communiqué de la famille de Me Sofiane Ouali.

« Nous, famille et proches de Maître Sofiane Ouali, tenons à dénoncer avec la plus grande fermeté les conditions inacceptables de sa détention et les abus auxquels nous avons été confrontés. Depuis quatre jours, Maître Ouali est retenu dans les locaux de la police de Béjaïa sans motifs clairs.

Aujourd’hui, un mandat de perquisition a été exécuté à notre domicile familial en présence de tous les membres de notre famille, y compris ses frères, sœurs et parents.

Cette perquisition s’est déroulée dans une atmosphère de tension extrême, créant un véritable cauchemar pour nous tous. Les agents ont agi avec une brutalité injustifiée, provoquant peur et désarroi au sein de notre foyer. Nous condamnons ces pratiques qui bafouent les droits fondamentaux et demandons la libération immédiate de Maître Ouali.

Nous appelons l’opinion publique, les associations de défense des droits humains et les autorités compétentes à réagir et à prendre des mesures pour mettre fin à cette injustice.

Wizran , le 13 juillet 2024

La famille Ouali

Bgayet : une quinzaine de militants arrêtés pour leurs opinions

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Yuva Menguellet,
Le lycéen Yuva Menguellet arrêté

La garde à vue de l’universitaire, Mira Moknache, et de l’avocat Sofiane Ouali ainsi que d’une dizaine de militants retenus tous au commissariat central de Béjaïa a été prolongée, selon le Cnld. L’universitaire et militante Mira Moknache est à son neuvième jour d’arrestation.  

Comme l’arrestation de la très courageuse Mira Mokhnache ne suffisait pas, la police a procédé à d’autres arrestations dans la nuit du 9 au 10 juillet. Elles ont ciblé l’avocat et membre du collectif de défense des détenus d’opinion, Me Sofiane Ouali, ainsi que d’anciens détenus d’opinion, Khoudir Bouchelaghem, Tahar Achiche, Rafik Belayel, Ghilas Ben Kerou, Malek Boudjemaa et son fils, Mokrane Boudjemaa, rapporte la même source.

La répression s’est élargie au cours des dernières 48 heures pour atteindre le lanceur d’alerte, le lycéen Yuva Menguellet, Mustapha Akkouche, Hakim Benouchène, Lounes Ghougad et d’autres activistes de la région d’Akbou.

Toutes les arrestations ont été suivies de perquisitions des domiciles des militants.

Ailleurs dans la « nouvelle Algérie » chère à Tebboune et ses porte-voix, la répression ne faiblit pas non plus. Le juge d’instruction près le tribunal de Taref a ordonné lundi de placer l’activiste, Salah Terki, sous mandat de dépôt, rapporte le Comité national pour la libération des détenus d’opinion.

L’avocat et membre du collectif de défense des détenus d’opinion, Omar Boussag, a été condamné, lundi 15 juillet 2024, par le tribunal d’Essania, Oran, à 50 000 dinars d’amende.

Le parquet près du tribunal d’Essania, à Oran, avait requis contre lui, le 8 juillet 2024, 3 mois de prison ferme. Me Omar Boussag est poursuivi pour « outrage à corps constitué et incitation à l’attroupement ». Rien que ça !

Dimanche 14 juillet 2024, Larbi Bouhssane, militant du Hirak/Tanekra, a été arrêté, selon le Cnld, avec la perquisition de son domicile familial à Annaba.

Il est maintenu depuis en garde à vue dans les locaux de la sûreté de wilaya d’Annaba.

Plus de 200 détenus d’opinion croupissent dans les prisons algériennes. Jamais ces dernières n’ont connu autant de prisonniers politiques que depuis l’arrivée au pouvoir d’Abdelmadjid Tebboune.

A un mois de la mascarade présidentielle, Tebboune (78 ans) et Saïd Chanegriha 79 ans), son soutien et fidèle alter ego ne veulent pas entendre la moindre voix discordante. L’Etat de droit est vidé de son sens. Mais plus graves sont le silence et la compromission de partis qui se disent démocrates. Pour le reste, il n’y a rien à attendre du régime.

Yacine K.

Conseil des ministres : agriculture, eau potable, port de Djen Djen…

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Conseil des ministres
Conseil des ministres

Abdelmadjid Tebboune a présidé, lundi, une réunion du Conseil des ministres consacrée à des dossiers et exposés se rapportant aux secteurs de l’agriculture et des ressources en eau, ainsi qu’aux conditions d’accueil de la communauté nationale établie à l’étranger durant la saison estivale, indique un communiqué du Conseil des ministres dont voici la traduction APS :

« Monsieur Abdelmadjid Tebboune, président de la République, Chef suprême des Forces armées, ministre de la Défense nationale, a présidé, ce jour, une réunion du Conseil des ministres consacrée au dossier de l’actuelle campagne de moisson-battage, au suivi de la réalisation de silos de stockage de céréales, au plan national des graines oléagineuses et à d’autres exposés, notamment sur le suivi de la réalisation de stations de dessalement de l’eau de mer, la mise en œuvre du programme d’urgence pour le renforcement de l’alimentation en eau potable et les conditions d’accueil de la communauté nationale à l’étranger au niveau des différents postes frontaliers durant la saison estivale.

Après présentation par le Premier ministre de l’activité du Gouvernement au cours des dernières semaines, Monsieur le président de la République a donné les instructions et orientations suivantes:

Premièrement, concernant le suivi de la réalisation de stations de dessalement de l’eau de mer :

– Monsieur le président de la République a mis l’accent sur la nécessité d’accélérer la cadence pour le parachèvement de la réalisation des stations de dessalement.

– Monsieur le Président a ordonné d’exploiter ces grands projets en cours de réalisation pour intégrer les compétences algériennes, notamment les jeunes.

– Encourager les fabricants locaux d’équipements, de matériels, de pièces mécaniques et de pièces détachées composant les stations de dessalement de l’eau de mer et faire davantage de progrès dans cette spécialité afin de mieux maîtriser ses techniques et ses équipements.

– Monsieur le Président a instruit le Gouvernement de créer une grande entreprise chargée de superviser et de gérer toutes les stations réalisées le long de nos côtes.

 Deuxièmement, concernant le plan national des graines oléagineuses:

– Monsieur le Président a affirmé que le développement du secteur agricole est une question de souveraineté et de dignité nationale pour nous tous.

Aussi, a-t-il enjoint au ministre de l’Agriculture d’ouvrir la voie à la nouvelle génération d’ingénieurs agronomes à travers les petites entreprises et les start-up, afin de réaliser une véritable révolution nous conduisant à l’autosuffisance.

– La mise en place d’une stratégie nationale à très court terme pour arriver à l’autosuffisance dans trois récoltes stratégiques, à savoir le maïs, l’orge et le blé dur, et de replacer la culture du maïs en tant que priorité et d’en faire une tradition dans la culture agricole algérienne afin de réduire le budget de son importation.

– L’orientation des minoteries à l’arrêt vers l’activité dans le domaine de l’alimentation du bétail à travers l’exploitation de nos capacités dans le domaine de la production du maïs, ce qui aura un impact positif sur la richesse animale et notamment la production des viandes.

– La nécessité d’amorcer l’étape de développement des produits agricoles à travers les fermes pilotes qui ont été restructurées afin de les rendre plus rentables, en accordant un intérêt au développement de la production de l’huile d’argan, d’autant que l’Algérie dispose de grandes capacités en la matière.

– Le président de la République a ordonné d’organiser des rencontres dans le domaine de l’agriculture au profit des jeunes pour mettre en avant l’accompagnement permanent de l’Etat à leurs projets.

– Monsieur le Président a réitéré ses instructions quant à la nécessité d’accorder toutes les facilités aux agriculteurs et aux ingénieurs agronomes pour l’acquisition des équipements nécessaires, notamment les tracteurs neufs et d’occasion, pour les encourager à redoubler d’efforts.

Troisièmement, concernant la campagne de moisson-battage :

– Monsieur le président de la République a ordonné d’exiger des bénéficiaires des aides et subventions de l’Etat d’atteindre des objectifs précis en termes de récoltes, après des études minutieuses et un recensement complet permettant d’évaluer les efforts des agriculteurs et d’identifier les lacunes.

– Monsieur le Président a insisté sur le contrôle et le suivi des campagnes de moisson, en veillant au respect des délais pour éviter la détérioration de la récolte.

Quatrièmement, concernant la mise en œuvre du programme d’urgence pour le renforcement de l’alimentation en eau potable :

– Monsieur le président de la République a insisté sur la nécessité d’agir, selon une vision proactive dans toutes les régions qui souffrent d’une pénurie de ressources en eau, tout en œuvrant, parallèlement, à l’interconnexion des barrages à l’échelle nationale.

– Monsieur le président a ordonné l’octroi des autorisations pour le forage de puits dans les régions confrontées à une pénurie de ressources hydriques.

Cinquièmement, concernant l’extension des ports de Djen Djen et d’Annaba :

– Monsieur le président de la République a instruit le ministre des Travaux Publics, en coordination avec le Premier ministre, à l’effet de créer une société algérienne de grands travaux maritimes spécialisée dans l’aménagement des ports, de procéder à l’extension du port de Djen Djen à Jijel pour qu’il puisse jouer un rôle central en Méditerranée et d’accélérer l’extension du port d’Annaba en le reliant à la voie ferrée pour le transport et la commercialisation du phosphate de Bled El Hadba jusqu’à Annaba.

– Monsieur le président de la République a ordonné la préparation d’un plan national d’extension de plusieurs ports afin d’améliorer leur activité.

Sixièmement, concernant les conditions d’accueil de la communauté algérienne établie à l’étranger :

– Monsieur le président de la République a ordonné au Gouvernement de prendre toutes les mesures nécessaires pour accorder davantage de facilités aux enfants de notre communauté, d’autant que nous sommes en saison estivale.

Au terme de la réunion, le Conseil des ministres a approuvé des décrets portant nominations et fins de missions dans des fonctions et postes supérieurs de l’Etat.

Avec APS

Riposte Internationale s’insurge contre les arrestations de militants à Bejaia

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Me Ouali
Me Ouali arrêté par la police depuis plusieurs jours.

Riposte Internationale dénonce, dans un communiqué, la vague d’arrestations de militants et d’avocats dans la wilaya de Bejaia. L’ONG parle d’une cabale dangereuse.


 Riposte internationale dénonce les dizaines d’arrestations survenues en l’espace de quelques jours dans plusieurs localités de Béjaïa, visant des avocats, des journalistes et des défenseurs des droits humains. 

Riposte internationale prend en exemple les cas emblématiques de l’avocat Sofiane Ouali et de la professeure Mira Moknache, sans oublier d’autres militants et opposants.

Riposte internationale exprime ses vives et urgentes préoccupations face à ces cabales, qui s’ajoutent aux arrestations et répressions quotidiennes de militants pacifiquement engagés pour une société respectueuse des droits fondamentaux des citoyens.

Riposte internationale prend à témoin l’opinion publique nationale et internationale sur le sort réservé à maître Sofiane Ouali, à Mme Mira Moknache et à d’autres détenus politiques injustement emprisonnés, et exhorte cette opinion à sortir de son mutisme en rappelant à l’Algérie ses engagements.

Riposte internationale dénonce l’acharnement judiciaire à travers ces arrestations, détentions et perquisitions, motivé par les échéances politiques fixées par le régime algérien.

Riposte internationale réaffirme sa pleine solidarité agissante et reste mobilisée quant à la situation des détenus d’opinion, informant de l’évolution de la situation.

Riposte internationale condamne ces pratiques arbitraires contre les militants et militantes tout en réitérant son engagement aux côtés de la société civile qui défend son droit à l’expression libre, tel que stipulé par les conventions et traités internationaux ratifiés par l’Algérie.

Paris le 14 juillet 2024

Riposte Internationale

Pour le Bureau Fédéral

 Ali Aït Djoudi

Mohammed Dib, l’éruption du sujet algérien

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Mohammed Dib.
Mohammed Dib est né en 1920.

« On oublie souvent que la mer, avant tout, n’a pas d’âge ; sa force réside en cela ». Qui se souvient de la mer ?

Il y a moins d’un siècle, il n’était pas aisé pour un Algérien de parler des siens, de soi.

Il aura fallu intérioriser cette infériorité institutionnelle, instillée a petites doses quotidiennes pour asseoir un régime colonial sur une terre conquise dans le sang. L’Algérien, qui n’était qu’un figurant dans une intrigue qui n’est pas sienne devait attendre avant de prendre la parole. Un temps d’apprentissage de la langue et de prise de conscience. Dib, en enfant de son temps et de son époque a pris la plume pour dire son peuple. Le faire advenir à l’espace de présence. Faire évoluer des personnages algériens dans un récit qui est le leur était sa mission.

Il serait l’un des écrivains les plus prolifiques et influents de la littérature algérienne d’expression française, représente une voix essentielle dans la prise de conscience des Algériens et l’émergence du sujet autochtone sur la scène littéraire.

Né en 1920 à Tlemcen, Mohammed Dib est souvent reconnu pour la profondeur de ses œuvres qui traversent les thèmes de la colonisation, de la lutte pour l’indépendance, et de l’exil.

Dib commence sa carrière littéraire avec une série de romans, dont la célèbre trilogie composée de « La Grande Maison » (1952), « L’Incendie » (1954) et « Le Métier à tisser » (1957). Cette trilogie est emblématique du parcours de la société algérienne à travers les épreuves du colonialisme et les luttes pour l’indépendance. Chaque livre de cette série explore une facette différente de la vie en Algérie sous le joug colonial français. Cette trilogie a été bien accueillie non seulement pour sa narration puissante, mais aussi pour sa capacité à capturer les nuances de l’identité algérienne en transformation.

En analysant « La Grande Maison », l’on voit comment Mohammed Dib dépeint la vie dans un quartier pauvre de Tlemcen où la misère et l’exploitation coloniale sont omniprésentes. Le protagoniste, Omar, incarne la lutte quotidienne des Algériens sous l’oppression coloniale. Dib utilise les expériences d’Omar pour illustrer les injustices et les souffrances infligées par les colonisateurs, tout en mettant en lumière l’esprit de résistance parmi les autochtones (Scagnetti, 2017, p. 5).

Dans « L’Incendie », Dib se concentre sur les émeutes rurales et l’injustice de la répartition des terres, une autre conséquence directe du colonialisme. Il dépeint comment les paysans algériens, littéralement et symboliquement enflammés par l’injustice, commencent à se lever contre les oppresseurs. La transition entre les deux premiers romans et le troisième, « Le Métier à tisser », marque un glissement vers une prise de conscience plus nette et plus organisée de la nécessité de l’indépendance algérienne.

Mohammed Dib ne se limite pas à ces thèmes du colonialisme et de la lutte pour l’indépendance. Dans ses œuvres ultérieures, il explore la complexité de la condition humaine et les défis de la modernité et de l’exil.

Par exemple, son roman « Qui se souvient de la mer » (1962) utilise le cadre allégorique d’un monde post-apocalyptique pour aborder les questions d’identité et d’aliénation ressenties par ceux qui vivent dans une société en conflit ou en transition. Ce type d’œuvre montre comment Dib a évolué de la description des réalités immédiates du colonialisme à une exploration plus profonde des thèmes universels de la peur, de la mémoire et du déracinement.

En tant qu’exilé à Paris, Dib a continué à écrire sur les thèmes de l’identité et du déracinement. Cette part de sa vie et de son œuvre est essentielle pour comprendre comment l’expérience de l’exil a influencé sa vision du monde et ses écrits.

Son œuvre tardive, y compris des titres comme « Le Désert sans détour » (1992) et « L’Infante maure » (2000), exprime une maturité littéraire qui introspecte la place de l’individu dans un environnement culturel hybride. Sa capacité à ressentir et à exprimer l’aliénation, le déracinement et la lutte intérieure donne à ses œuvres une universalité qui dépasse les frontières de l’Algérie ou de l’histoire postcoloniale.

L’analyse de son œuvre ne serait pas complète sans un examen de l’impact de son style littéraire. Mohammed Dib utilise une variété de techniques narratives, y compris le réalisme social brut, le symbolisme et l’allégorie, pour capturer la complexité de la condition humaine.

Ses œuvres sont marquées par une langue précise mais poétique qui transporte le lecteur dans les profondeurs psychologiques de ses personnages. En dépeignant les luttes intérieures et extérieures des personnages algériens, Dib offre aux lecteurs une fenêtre sur les réalités de la vie sous le colonialisme et au-delà.

Il est également important de noter que les travaux de Dib ont influencé de nombreux autres écrivains algériens et francophones. Sa manière de fusionner le personnel et le politique a inspiré une génération d’écrivains à explorer leurs propres identités et leurs propres histoires dans le contexte du colonialisme et de l’indépendance.

À travers ses œuvres, Mohammed Dib est parvenu à créer un espace littéraire où les voix autochtones pouvaient être entendues et respectées.

Enfin, l’œuvre de Dib soulève des questions essentielles sur la place de la langue française dans la littérature algérienne. Bien que le français ait été imposé par les colonisateurs, Mohammed Dib, comme ses contemporains tels que Mouloud Feraoun, Kateb Yacine et Mouloud Mammeri, a su transformer cette langue en un outil de résistance et d’expression personnelle. Son utilisation du français n’est pas une adhésion à l’oppresseur, mais plutôt une réappropriation de la langue pour raconter les histoires et les luttes de son peuple (Assam, 2018, p. 29).

En conclusion, Mohammed Dib est une figure centrale de la littérature algérienne d’expression française. Ses œuvres, qui couvrent une vaste gamme de thèmes allant des effets directs du colonialisme à l’exil et à l’aliénation, nous offrent un aperçu profond de la lutte pour l’identité et l’autodétermination.

Par ses écrits, Mohammed Dib continue à inspirer et à influencer non seulement les Algériens, mais aussi les lecteurs du monde entier qui cherchent à comprendre les complexités de l’identité dans un monde postcolonial.

Saïd Oukaci, doctorant en sémiotique

La tribu comme moteur de l’histoire de l’amazighité

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Comment tamazight a-t-elle réussi à pérenniser à travers le temps, malgré les pesanteurs de l’oralité et l’usure de toute tradition d’écriture?

L’Iranien Daryush Shaygan parle du « syndrome de l’éphémère », c’est-à-dire de cette capacité congénitale des cultures traditionnelles à caractère oral à garder leur force en articulant leurs assises sur la femme.

Le penseur marocain Abdallah Laroui a, quant à lui, adopté une autre approche. Il a essayé, en effet, de répondre à l’historiographie coloniale qui récuse le rôle de la tribu berbère, en prenant pour argument la notion de la culture. Il précise, à cet égard, que la tribu n’était pas un trait de caractère handicapant, ou une tare qui avait condamné la Numidie à être l’éternelle colonisée, restée en retard, à la remorque de l’Histoire.

En ce sens, bien que divisée en tribus, celle-ci, la Numidie, s’en était plutôt servie comme solution de sauvegarde. S’il n’y avait pas, à titre d’exemple, la tribu pendant les quatre siècles de l’occupation romaine, Tamazgha aurait complètement disparu.

Et l’on n’entendait plus rien sur cette civilisation berbère longtemps frappée par le syndrome de l’oralité dans les grands volumes d’histoire du « sociologue » Ibn Khaldoun.

La tribu se basait sur l’honneur et l’honneur c’était la femme, gardienne du temple des us et des coutumes. La femme porte dans son cœur, dans son comportement, et sur sa langue, l’abécédaire de la berbérité, c’est-à-dire, l’attachement aux racines, à la terre-mère, aux coutumes fondatrices de la société, en ce qu’ils symbolisent comme authenticité.

Regardons bien ces deux reines Dihiya et Tin Hinan, à la tête des peuples de la Berbérie, à une époque où, en Asie et en Europe, les femmes étaient encore considérées comme esclaves, pour comprendre à quel point la femme était le socle de la maison-identité berbère.  

Autrement dit, le tribalisme fut, contrairement à ce que l’on en pense, plus qu’un moteur d’auto-défense contre les invasions étrangères, un système culturel fédératif. Un tout homogène qui avait donné la chance du repli « positif » aux Nord-Africains.

La citadinité (la notion de ville) n’a jamais été une donnée intrinsèque, mais un apport étranger, romain ou punique soit-il, à la culture-mère. La tribu fut précisément une sorte de réponse, au départ temporaire, puis durable, faute de solution de rechange, à un blocage historique, provoqué par la multiplicité des invasions étrangères sur un territoire (l’Afrique du Nord), si convoité.  

Pour mission ethnologique, la première carte des tribus fut créée en 1846 par Ernest Carette et Auguste Warnier. Le premier fut capitaine du génie de l’Armée et le second un médecin et préfet d’Alger.

En 1847, plus de 516 tribus furent recensées en Algérie pour une population de 3 millions d’habitants.  Ce qui prouve que la tribu était vue, chez les Imazighen, non seulement comme un rempart contre l’invasion étrangère, mais aussi, et c’était là le problème, comme un mode de vie séculaire.

Bien qu’elle (la tribu) ne donne pas toutes les raisons du retard civilisationnel accumulé par les Berbères au fil des siècles, cette dernière reflète l’image de tout un peuple replié sur lui-même, incapable d’unité et surtout « ingouvernable ».

J’insiste sur ce dernier mot, parce que le Maghreb central (el-Maghrib el wassit) tel que décrit au Moyen-âge par nombre de savants dont Ibn Khaldoun lui-même fut en butte à un atroce déchirement entre royaumes amazighs-arabes (Almohades, Aghlabides, Mérinides., etc ), eux-mêmes si divisés en diverses tribus, lesquelles, curieusement, ne s’unissaient que contre les étrangers ! Et comme par hasard, ce rejet de l’étranger s’accompagnait d’une certaine adoration de tout ce qui vient de lui.

Quand le leader Ferhat Abbas disait : « mon pays a le sens tribal », il n’avait pas tout à fait tort, dans la mesure où l’esprit de tribu habite la pensée, les réflexes et même l’ADN, aussi bien des masses que des élites, à des niveaux jamais imaginés. Ce qui se traduit dans la médiocrité du discours politique et de l’exercice du pouvoir.

Kamal Guerroua. 

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