25 avril 2024
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Parcomètre dis-tu ? Est-ce possible en Algérie ?

OPINION

Parcomètre dis-tu ? Est-ce possible en Algérie ?

C’était exactement en mai 1935, à Oklahoma City aux États-Unis, que Carl Magee a surpris le monde par son invention du parcomètre. 

Un mois plus tard, un premier prototype est alors installé et opérationnel. Très curieux, les automobilistes faisaient la chaîne pour un stationnement de cinq minutes seulement. Ses derniers déboursaient un petit 5 sous, histoire de courtiser la technologie. Une semaine plus tard, pas moins d’une soixantaine d’unités ont été installées sur les deux côtés des principales rues.

Vu l’intérêt des automobilistes à cette ‘’technologie’’, la mairie a alors augmenté le prix d’un stationnement à 10 sous, pour une durée de 30 minutes,. C’est depuis les années 80 que les grandes villes américaines et canadiennes se sont lancées favorablement dans la généralisation des parcomètres et dans le recrutement des «Meter-Maids ou commis de compteurs», toutes des femmes, afin d’émettre des contraventions sur les voitures au bord des parcomètres expirés. 

Ce n’est pas par accident que l’invention de monsieur Magee est survenue; l’inventeur est membre d’un groupe de réflexion chargé de trouver une solution aux problèmes de stationnement et permettre aux gens de pouvoir garer leur voiture pour aller magasiner ou travailler. Le parcomètre est alors devenu une source de revenus pour la ville, et l’invention s’est rapidement répandue dans le reste du monde. 

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J’ai lancé cette introduction, en guise d’alerte, pour tout simplement attiré l’attention des hauts responsables algériens, via le ministère du Transport, sur l’urgence qu’il y a, à la mise sur pieds d’une équipe ‘’une dizaine de personnes’’, qui se chargera de proposer un plan de dotation en parcomètres, des principales artères des villes algériennes. Je parle de l’inscription à la prochaine loi de finances 2022, d’un programme de réalisation de parcomètres, qui concernera dans une première étape, les cinq grandes villes du pays (Alger, Oran, Constantine, Annaba et Tizi-Ouzou) et qui sera poursuivi (le programme) au profit des autres villes par la suite.

Le parcomètre est un véritable vecteur pour la relance économique de chaque ville. Il organise le stationnement des véhicules, économise l’espace, réduit les pertes de temps, déstresse les automobilistes, emploie du personnel et renfloue les caisses de la municipalité.

Sa faisabilité et son exploitation sont cependant conditionnées par la disponibilité d’internet et de la numérisation administrative. Si internet ne pose pas problème en Algérie, la numérisation de l’administration serait possiblement un obstacle. Et là aussi (pour la numérisation) on se demande pourquoi ce retard de la part de l’Etat… On ne peut pas mettre en pratique le parcomètre si le système n’est pas informatisé. C’’est seulement sur la base de données informatiques que l’on peut suivre les contrevenants et exploiter les stations. 

Sur le plan économique, la rentabilité de l’opération est certaine. Il n’y a aucun risque à l’échec. À titre indicatif, la ville de Montréal renforce sa fiscalité ordinaire avec une recette issue des parcomètres (contraventions incluses) de pas moins de 80 millions de $ par année et dans le cas de la ville de Paris les recettes de stationnement étaient supérieures à 160 millions d’Euros (en 2018) dont 75% sont un bénéfice net.

En tout cas, il y a beaucoup à gagner si les responsables concernés y croient et que la volonté politique suit. 

La quasi-totalité des rues de grandes villes européennes, américaines, asiatiques… et de trois ou quatre métropoles africaines sont sous le seul contrôle des parcomètres. Pourquoi les villes algériennes feraient-elles exception à la règle, d’autant plus que le parc automobile algérien, avec un peu plus de 6,5 millions de véhicules est le troisième plus important des pays africains, après le Nigéria et l’Égypte. 

Les villes d’Alger, d’Oran et de Constantine… pour ne citer que ces trois grandes métropoles, connaissent déjà une congestion démentielle. Les parkings à étages sont plus couteux que les parcomètres, en plus de créer des goulots d’étranglement, car ils attirent les véhicules au même endroit, par le même chemin, pour les prendre ensuite et pendant longtemps, dans une sorte d’entonnoir, moteur en marche; avec toutes les conséquences sur la pollution et la consommation inutile de carburants. 

Le constat en matière de places de stationnement dans nos villes est sombre. Il faudra absolument supprimer tous ces parkings anarchiques, majoritairement gérés par des gardiens autoproclamés, qui font eux-mêmes la loi au lieu d’appliquer celle qui existe. 

Nous sommes à l’ère de l’influence de l’automatisation et de la numérisation; le désordre généralisé et l’informel n’ont plus droit d’exister.

C’est un cri de détresse que je lance, après avoir constaté que mon pays est très en retard sur le plan de la réorganisation de son parc automobile et de l’espace de stationnement. 

Le laisser aller et laisser faire vont nous mener, à court terme, à une situation de blocage, telle qu’il nous sera très difficile de trouver une solution moins onéreuse ou une alternative louable.

 

Auteur
Hsén Moussi, économiste au Canada.

 




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