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vendredi 27 juin 2025
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Peines de prison pour 18 anciens cadres de l’ex-FIS

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Le tribunal criminel de première instance de Dar El Beïda à Alger a rendu, cette semaine, son verdict à l’encontre de 18 anciens cadres du Front islamique du salut (FIS), dissous depuis 1992.

Après une détention préventive de près de 21 mois, ces derniers ont été condamnés à des peines allant de deux à quatre ans de prison ferme. Si l’accusation la plus grave a été abandonnée, le jugement confirme la vigilance persistante des autorités à l’égard de toute réactivation – même symbolique – d’une mouvance associée à l’un des épisodes les plus sombres de l’histoire récente du pays.

Les peines prononcées se répartissent comme suit : six des prévenus, dont Ben Hadjar Sid Ali et Guerfa Badreddine, ont été condamnés à quatre ans de prison ferme ; onze autres à trois ans, et Belkacem Khencha à deux ans. Tous étaient poursuivis pour « atteinte à l’unité nationale », diffusion de publications susceptibles de troubler l’ordre public, et instrumentalisation de la mémoire de la « tragédie nationale » à des fins politiques.

Ces charges faisaient suite à la publication, le 30 septembre 2023, d’une déclaration appelant à la levée des restrictions sur l’activité politique et médiatique, à la libération des détenus d’opinion, ainsi qu’à l’ouverture d’un dialogue national inclusif. Ce texte, perçu par les autorités comme une remise en cause de l’ordre institutionnel, a servi de base à des poursuites.

Cependant, le tribunal a écarté l’accusation initiale de « création d’une organisation illégale », prévue par l’article 87 bis du Code pénal, qui constituait la charge la plus lourde. Cette décision laisse penser à une requalification des faits ou à un manque d’éléments suffisamment probants pour justifier une qualification criminelle.

Une détention préventive prolongée contestée 

La durée inhabituelle de la détention préventive a suscité de nombreuses critiques. Détenus pendant près de 21 mois sans jugement, la majorité des prévenus avaient entamé en novembre 2024 une grève de la faim pour dénoncer leur situation. Leur état de santé, fragilisé par l’âge et la maladie, a soulevé des préoccupations quant au respect des droits des détenus et des garanties procédurales prévues par la loi.

Cette phase d’instruction prolongée, combinée au contexte politique de l’affaire, a alimenté les débats sur l’usage de la détention préventive dans les affaires sensibles en Algérie.

Le poids d’un passé encore présent

Au-delà des éléments juridiques, cette affaire s’inscrit dans une dynamique de contrôle étroit du champ politique. Le FIS, dont les dirigeants avaient remporté les élections législatives de 1991 avant l’interruption du processus électoral, reste associé dans la mémoire collective à la terrible guerre civile des années 1990.

Dissous en 1992, le parti islamiste demeure interdit, et toute tentative de ses anciens cadres de s’exprimer publiquement ou de réintégrer l’espace politique est suivie avec une extrême prudence par les autorités.

Le verdict intervient donc dans un contexte marqué par la persistance d’une approche sécuritaire à l’égard des acteurs liés, de près ou de loin, à cette période. La prudence judiciaire, illustrée par l’abandon de l’accusation de constitution de groupe illégal, n’efface pas le message implicite adressé à toute tentative de mobilisation autour d’une mémoire alternative de la « Décennie Noire ».

Une mémoire verrouillée

L’affaire illustre également la manière dont les autorités continuent de gérer la mémoire du conflit qui a endeuillé l’Algérie durant ce qui qualifie de décennie noire . Si la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, adoptée en 2005, a officiellement tourné la page de cette période, elle limite fortement la possibilité de débattre publiquement de ses causes et de ses responsabilités. Toute prise de position jugée contraire au récit officiel est susceptible d’être poursuivie en justice, comme en témoigne cette affaire.

La condamnation des 18 anciens cadres du FIS, bien que marquée par l’abandon de l’accusation la plus grave, reflète la position constante des autorités face à un passé politique encore sensible. Elle traduit une tension persistante entre les exigences de sécurité, la maîtrise du discours public et les aspirations à une approche plus ouverte de l’histoire récente. Dans ce contexte, l’expression autour de cette mémoire demeure encadrée et sujette à des restrictions, voire même des sanctions.

Samia Naït Iqbal 

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