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Pénurie de sable en Algérie : la crise dont on ne parle pas assez

Environnement

Pénurie de sable en Algérie : la crise dont on ne parle pas assez

Le sable est la 2ème ressource la plus consommée au monde après l’eau : 400 milliards de tonnes par an, dont près de 56 millions de tonnes pour l’Algérie, principalement destinées au secteur du bâtiment, consommateur n°1 de sable.

Un telle demande s’explique notamment par notre attrait croissant pour le béton – solide et peu cher, constitué aux deux tiers de sable. Cependant, le sable n’est pas renouvelable à échelle humaine, et se pose aujourd’hui la question de l’affaiblissement de nos ressources, dont certains signes sont déjà visible.

Les plages existeront-elles toujours dans 80 ans ?

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Seul le sable marin ou des rivières – avec sa structure anguleuse – peut coller au ciment et faire du béton. Le sable du désert, dont la structure est trop ronde – le rendrait trop fragile. C’est la raison pour laquelle Dubaï, qui se trouve en plein désert, est obligé d’importer son sable. En Algérie, 40% des besoins en granulats sont couvert par les oueds, desquels on extrait 15 millions de tonnes de sable par an.

Cette extraction massive devient de plus en plus visible : partout dans le monde, le sable marin se fait de plus en plus rare. des plages disparaissent au Maroc, et 9 sur 10 ont déjà disparu en Floride !

Des conséquences environnementales désastreuses

L’extraction massive de sable se voit : elle transforme durablement le paysage en privant notamment les plages de leur sable. Lorsque l’extraction se fait de manière sous-marine, de façon moins visible mais tout aussi important, notons que l’extraction par dragage des fonds détruit l’habitat naturel de centaines de poissons et mammifères aquatique, et risque de modifier durablement la chaîne alimentaire marine.

Également, le sable se sert pas qu’à faire joli, il sert aussi de barrière naturelle contre les éléments : en son absence, l’eau s’infiltre beaucoup plus facilement dans les sols, rendant d’une part la terre impropre à l’agriculture, et d’autre part, multipliant les effets dévastateurs des ouragans.

Des mesures sont donc prises, et l’extraction de sable est de plus en plus réglementée : 90 oueds et tronçons d’oueds ont été frappés d’interdiction d’extraction en 2009, et l’exploitation de sable marin est interdite au Sénégal, au Togo et au Bénin.

La Mafia s’en mêle…

En réalité, malgré les interdictions, l’extraction de sable continue, et prend même de l’ampleur, notamment dans les oueds : de nombreux faits ont été répertoriés à Oran, à Boumerdès, à Aïn Franine dans la commune de Gdyel, à Collo, à Tlemcen, ou encore à Bouhanifa.

En 2007, sur les côtes de Boumerdès, 200 camions ont été saisis, 205 personnes arrêtées, et 1 500 mètres cube de sable récupérés. Dans cette région, les pilleurs de sable sont connus et dangereux : en 2002, à Sidi Daoud, le chef de brigade et deux gendarmes ont été assassinés pour s’être opposés à la mafia locale. A Oran, en 2015, 200 personnes ont été arrêtées pour avoir volé du sable. Bou-Hanifa serait également sous la houlette d’une demi-douzaine d’exploitations pirates. Qui va arrêter le massacre ?

Le vol de sable est loin de n’être qu’un fait algérien. Au Maroc, 50% du sable utilisé dans la construction a été extrait illégalement, et la “mafia du sable” est la plus grosse organisation criminelle en Inde. Les plages n’étant pas protégées ou surveillées, le vol du sable se fait souvent à la vue de tous, pour approvisionner chantier et carrières.

Les chiffres officieux sont difficiles à quantifier, il est probable que la réalité du sable soit plus grave qu’on ne le pense…

Auteur
Camille Richer

 




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