26 avril 2024
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Pour la proclamation de la deuxième république ?

TRIBUNE

Pour la proclamation de la deuxième république ?

Pendant cette agitation politique qui secoue le pays, trois particularités essentielles à discerner : la mobilisation héroïque du peuple, la prise de conscience à différentes couches de la société et les défections en cascade au sein des composantes d’un système qui procrastine son départ. Si on les examine attentivement, on décèlera qu’on s’achemine vers une nouvelle organisation politique.

Sans tomber dans l’euphorie, il est peut-être un peu tôt pour s’engager dans des considérations ambitieuses, mais il est légitime à chacun de nous de nourrir un espoir. En fait, presque plus d’un demi-siècle après l’indépendance du colonialisme français, les Algériens n’ont jamais connu un tel déferlement populaire pour dire non au système, c’est un fait inédit. Il vient de vaincre la peur.

La peur est vaincue

À un certain degré d’indignation, le peuple finira par perdre la patience et la force de supporter le mépris, et il sera  condamné à vivre une conjoncture qui exige un sacrifice. Si je reprends la fameuse phrase, en conclusion, de la dernière contribution – épreuve de vérité – du Dr Sadi qui dit : «Les Algériens n’ont pas gagné leur indépendance parce qu’ils disposaient d’une force supérieure à celle de l’armée française. Ils se sont libérés le jour où ils ont compris qu’il n’y avait rien à espérer de l’ordre colonial.»  

Finalement le peuple vient de comprendre que son destin ne dépend que de lui-même, et qu’il n’existe pas d’autres alternatives que de prendre en charge son avenir sans avoir recours à un pouvoir qui ne cherche qu’à durer au trône et le mépriser, ni aux puissances étrangères qui cherchent uniquement leurs intérêts et ni aux promesses faites par des individus qui ressurgissent du jour au lendemain.

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Pour le commun des mortels, il est impossible de croire que cette contestation spectaculaire puisse arriver un jour, et encore presque inimaginable pour le pouvoir de voir un jour le citoyen algérien se doter d’une maturité politique aussi remarquable. En faisant la part des choses pour déjouer toutes les tentatives de manipulation orchestrées par des individus machiavéliques, c’est plus qu’un signe d’espoir, c’est plutôt une victoire morale qui s’inscrira dans l’Histoire algérienne. Il vient d’éliminer les miasmes nauséabonds qui ont pollué l’atmosphère politique du pays.

Pour rejoindre l’assertion pertinente du Dr Sadi qui dit : «Nous sommes le seul pays au monde où le niveau politique des citoyens est supérieur à celui de ses dirigeants». Effectivement, c’est une réalité qui se démontre sur le terrain.

‘’Personne ne peut prévoir l’avenir, mais la réaction spontanée et salutaire des Algériennes et des Algériens sera un repère historique et une épopée pour la future génération.’’

L’éveil de la société dans son ensemble

Comme un effet de boule de neige, à tour de rôle, à commencer par les lycéens qui ont pris part à la mobilisation, un pari très risqué pour des adolescents qui se mêlent au mouvement de protestation, mais au final il y a une prise de conscience sur cette franche de la société, aucun dérapage à signaler. Et dans une suite logique, à leur tour, les étudiants ont battu le pavé pour confirmer leur soutien à la population et s’inscrire dans la protestation.

Un vent d’espoir est en marche, les artistes, les avocats, les enseignants et d’autres organisations institutionnelles se rejoignent pour former une seule voix. Le mouvement est renforcé par un civisme exemplaire. Donc toutes les couches de la société, de l’est à l’ouest et du sud au nord, le peuple comme un seul homme a défié Gaid Salah et ses consorts.

‘’Ce bon départ  est très important pour la suite des événements. C’est une référence sur laquelle on doit y compter pour une éventuelle organisation, et qui sait, et qui donnera naissance peut-être à la deuxième république.  Car, en général, l’Histoire retient les dates, les lieux, les noms, les faits et surtout les méfaits.’’

Cet éveil a provoqué une remise en cause pour un ensemble d’acteurs qui ont décidé de procéder autrement pour faire des changements. En premier constat, il vient de dévoiler la dérision des candidats.

Dans toute cette belle dynamique, certains d’entre eux croient avoir réussi subtilement à se faufiler à travers toutes ses foules pour s’offrir une crédibilité. Se mêlant dans la cohue des événements pour tirer quelques dividendes dans la détresse d’un peuple, ces apprentis sorciers donnent des tournis à celui qui veut comprendre leur réelle démarche et de l’indignation pour ceux qui souhaitent à en finir avec ce système. En effet, ce qui peut amener les observateurs à se poser des questions  dans quelle direction ils se dirigent? Celle du système ou celle du peuple?

Font-ils semblant d’ignorer toute cette mobilisation? Le peuple ne veut plus des élections prévues en avril 2019 et en même temps tout ce qui incarne le système.

Maître Ait-Larbi Mokrane et Zoubida Assoul sont des exemples de repentance. Pour leur avenir et pour leur image, ils se sentent obligés de se démarquer d’Ali Ghediri, un candidat qui suscite des interrogations et de la méfiance.

Les symptômes de la fin d’une époque

En convalescence à Genève, c’est de cette ville helvétique qu’il nous supplie de faire un mini mandat d’un an. Voulant jouer les prolongations, Bouteflika et sa confrérie réclament une séance de rattrapage, ils nous promettent de se reprendre dans cette courte période.

« La lettre de Bouteflika résume en quelques lignes la volonté du pouvoir de ne pouvoir céder le pouvoir. »

C’est une réponse à caractère de provocation pour ces millions de marcheurs qui réclament son départ. Lui et sa clique jouent sur le tempérament d’un peuple qui n’a qu’une seule idée : de les voir quitter les lieux sans condition et sans discussion.

En multipliant les erreurs, les provocations et les entraves à la loi, sans se soucier des conséquences de telles dérives, les différents clans sont en train d’imaginer des scénarios pour sauver leur peau et non l’Algérie. Quémander une année de plus pour nous rendre heureux, il faut être le meilleur des idiots pour y croire.

Déjà, on nous annonce des défections  au sein des organisations, jadis fidèles à Bouteflika comme l’ONM (Organisation Nationale des Moudjahidines), l’ONEC (Organisation Nationale des Enfants de Chouhadas) et les anciens du MALG (Ministère de l’Armement  et des Liaisons Générales). Dans les prochains jours, nous allons assister certainement à d’autres de ce genre qu’on peut facilement les assimiler aux déserteurs de la dernière minute, les transfuges ou les opportunistes, ils se manifesteront avec de nouveaux visages pour maintenir leurs privilèges. Sans scrupule, ils vont ravaler leur arrogance pour adhérer à une cause qui ne les concerne pas.   

‘’ D’ores déjà, personne ne peut s’exciper de la décision d’un peuple.’’

Pour conclure, le peuple a tranché pour une solution sans compromis avec le pouvoir, et ce dernier qui joue ses dernières cartes résiste au verdict de la rue.

La question est de savoir comment réussir à rendre la souveraineté au peuple à moindres dégâts?  

Auteur
Mahfoudh Messaoudène

 




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