9 novembre 2024
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Pour la rapide délivrance de Hocine Benhadid et Kamel-Eddine Fekhar

TRIBUNE

Pour la rapide délivrance de Hocine Benhadid et Kamel-Eddine Fekhar

Kameleddine Fekhar avec ses enfants.

Le dimanche 12 mai 2019, un courriel sollicitant la signature d’une pétition favorable à la libération de Louisa Hanoune atterrissait dans notre boîte mail, réception restée sans réaction tangible car, bien que sans doute abusivement incarcérée, la secrétaire générale du Parti des travailleurs est suffisamment soutenue pour sortir instamment du mitard alors que, comme l’ancien coordinateur du Front des forces socialistes (FFS), Kamel-Eddine Fekhar, le retraité de la « Grande muette », Hocine Benhadid, y est retourné après une première et longue durée.

Sous mandat de dépôt depuis ledit jour de repos dominical (en France ou Occident), le général à la retraite fut d’abord arrêté le mercredi 30 septembre 2015 devant un barrage dressé (au milieu de l’autoroute Ben Aknoun-Alger) par une escouade de la gendarmerie, embarqué de force vers la brigade de Bab Jdid (ou de Chéraga), auditionné, déféré au parquet de Sidi M’hamed dans la nuit puis écroué le 1er octobre à la prison d’El-Harrach conformément à un chef d’inculpation le soupçonnant d’actes subversifs, de vouloir troubler le moral des troupes et de divulguer des secrets connotés « Confidentiel défense ».

Après 11 mois d’isolement concédé en rapport à des réflexions émises sur une web-radio, il bénéficiera, le 11 juillet 2016, d’un allégement en vertu d’une santé chancelante. Mais le juge d’instruction du tribunal d’Alger le soumettra à une procédure de contrôle judiciaire puis lui signifiera le 22 mars 2018 un « outrage à corps constitué », le condamnera en conséquence à douze mois de cachot avec sursis, un ajournement risquant donc d’aboutir prochainement à une sanction exécutoire. Cette probabilité supposera que ce n’est pas l’intervention épistolaire étalée au sein du quotidien El Watan du 25 avril 2019 qui le confond mais plutôt une antérieure proximité avec Mohamed Mediène (lui-même accusé de « complot contre l’autorité de l’État et de l’armée ») ou, aussi probable, la loi sur l’obligation de réserve interdisant les officiers en fonction et détachés à émettre des déclarations intempestives (omerta également soumise pour éviter des révélations sur les affaires douteuses de certains généraux).

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İntitulée « Lettre ouverte à monsieur le chef d’État-major », la contribution citée ne contient rien de diffamatoire ou de choquant. Elle repose uniquement sur une solution politique susceptible de livrer «(…) la gouvernance aux bonnes volontés (prêtes) à accepter de mettre les intérêts supérieurs de la nation au-dessus des intérêts étroits de personnes ou de clans», une décantation à trouver en dehors d’une «Constitution taillée sur mesure par un pouvoir qui refuse toute ouverture démocratique», tente mordicus de «rester dans le Cadre menant à une situation de blocage politique, annonciateur de tous les dangers.»

Le mandant poursuivait en interpellant un vice-ministre de la Défense prié d’entendre les désidératas d’une «(…) jeunesse descendue par millions dans les rues (…), une nouvelle génération, connectée et désireuse de vivre normalement, sans la censure des dictateurs, ni les fatwas des imams», le prévenait que, déterminés, «les Algériens ne rentreront pas chez eux tant que ce système n’aura pas définitivement abdiqué. (…), mettront définitivement l’Algérie sur les rails du développement durable (…)».

La seconde supplique demandait à l’interlocuteur apostrophé de trouver les dénouements « (…) à la hauteur des attentes de toute une nation », de privilégier des institutions « (…) constituées de personnalités honnêtes (…) et acceptées par le peuple (…)», d’installer une présidence consensuelle accompagnée d’un « Gouvernement d’union nationale compétent », de faciliter la «(…) destitution du président, (la) dissolution du Sénat, de l’APN, du Conseil constitutionnel, des partis, appareils et syndicats du régime», d’asseoir un « Haut conseil politique, gouvernement de transition, (de) nouveaux partis politiques, associations et syndicats », d’organiser une « Conférence nationale, commission indépendante (et la ) présidentielle (après une) transition ne dépassant pas 18 mois ». Voilà ainsi résumée une approche ne méritant pas de châtiment supplémentaire, ce que précisait d’ailleurs l’avocat Bachir Mechri considérant à bon escient que ladite missive ne se conjuguait aucunement à une « (…) entreprise de démoralisation de l’armée ayant pour objet de nuire à la défense nationale », ce que stipule exagérément l’article sur la base duquel est axée la poursuite, ou des campagnes médiatiques et postages internet identifiant son contenu à « Un putsch contre le commandement de l’ANP ».

L’inimitié actuelle d’Ahmed Gaïd-Salah est davantage à chercher et trouver via le décryptage de l’entretien que l’ex-commandant de la 3e Région militaire accordait le 08 mars 2019 à l’habituel canal de diffusion, le journal El Watan. À la question «Vous qualifiez de prédateurs et d’Apaches les gens qui, selon vous, font tout pour maintenir Bouteflika au pouvoir. Qui sont ces gens-là ?», l’incriminé répondait que le principal protagoniste « C’est son frère Saïd (…) devenu le patron de la présidence. Tout le monde lui obéit, (…). C’est lui le principal ordonnateur qui commande ces Apaches dont les oligarques (…), Ali Haddad, Tahkout, Kouninef et d’autres (…). Tout le monde est nommé sur (son) ordre, (…). İl a réussi à s’imposer en profitant de l’état de santé du Président. Gaïd Salah attend juste (sa) mort pour prendre la place, il reçoit même des ordres des Émirats (…), n’est qu’un pion (…). Tous les membres des gouvernements successifs doivent (…) déposer leurs bilans et rendre publics leurs biens immobiliers (…), être interdits de sortie du territoire jusqu’à ce qu’ils prennent le quitus de la Cour des comptes».

Un tel réquisitoire ne pouvait que conduire l’ex-chef de la 8ème division blindée (unité des forces spéciales connue pour son engagement sans faille dans la lutte antiterroriste) en cellule, là où il frôlera la paralysie du fait d’une persistante hernie discale et d’une tumeur maligne. L’ancien haut gradé a agit en tant que lanceur d’alerte à défendre, cela au même titre que Kamel-Eddine Fekhar arrêté quant à lui en juillet 2015 suite aux affrontements de la vallée du M’zab.

Suspecté en 2017 « d’atteinte à la sûreté de l’État, incitation à la haine et à la violence, trouble à l’ordre public et port d’armes », il purgera trois semestres d’enfermement, peine marquée par une grève de la faim de plus de 100 jours.

Poursuivi dès le dimanche 31 mars 2019, le médecin mozabite se trouve encore en captivité à cause de supposées « entraves à corps constitués », insultes visant à « diviser les Algériens » et à « déstabiliser le mouvement populaire ». Pareillement à l’ensemble des activistes détenus en raison d’opinions politiques, voire de pratiques religieuses différentes de celles propres à l’islam rigoriste, le militant des droits de l’Homme n’a pas à faire l’objet de brimades, à subir des intimidations, guet-apens ou traquenards dignes des monarchies du Golfe et Républiques bananières, à tomber sous le coup des injonctions de la Direction de la sécurité intérieure (DSİ). İgnorant les offuscations ou lamentations aux géométries variables, nous préférons diriger la focale des désapprobations en direction des victimes d’acharnements judiciaires.

Auteur
Saâdi-Leray Farid. Sociologue de l’art

 




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