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Pourquoi la bureaucratie contraint Tebboune de faire du surplace ?

DECRYPTAGE

Pourquoi la bureaucratie contraint Tebboune de faire du surplace ?

Ce qui est constaté de visu est que le gouvernement ne semble pas aider le chef de l’Etat dans sa démarche, est-ce les conséquences de ses choix ?

Difficile à dire mais sommes-nous en face d’un paradoxe dans lequel l’exécutif censé régler les problèmes des citoyens en faisant des programmes pragmatiques dans ses réunions du gouvernement chaque jeudi, s’occupe à entendre le premier ministre Abdelmadjid Djerad conjuguer au futur une stratégie pour créer de la richesse en soutenant les innovateurs qu’il a jugé  nécessaires pour le développement de l’économie algérienne. Ceci est réellement un objectif stratégique à long terme comme celui de la transition énergétique dont il fait un axe prioritaire.

D’un autre côté, les dépenses courantes ne se font attendre : la résidence d’Etat du Sahel Club-des-Pins met le paquet pour l’acquisition des équipements d’ameublement et d’électroménager (01) et le ministre du Travail pour ne citer que celui-là se lance dans un grand projet qui consiste à équiper son immense siège national et ses structures régionales d’équipements informatiques « adéquats » (02)

Mais à un niveau plus haut, le conseil des ministres, on laisse les affaires urgentes voire courantes au président de la république. Ainsi encore une fois, le dimanche 21 mars lors de la réunion du conseil des ministres, le chef de l’Etat a été contraint de revenir dans la plus haute instance de pays à la préparation du Ramadhan pour instruire ses ministres de consignes particulières relatives à la viande, aux étalages vides en produits de premières nécessités, les liquidités dans les bureaux de poste et les incite alors qu’ils devraient les inscrire dans leurs agendas « de dépêcher une délégation ministérielle comprenant les ministres des Finances, des Ressources en eau et de l’Environnement dans les wilayas du Sud, notamment les wilayas de Tamanrasset et Adrar, en vue de s’enquérir de la situation environnementale et d’évaluer les risques découlant de certains points d’eau insalubres et leurs répercussions sur les nappes phréatiques dans la région et mettre en place une stratégie urgente, en vue de mettre un terme à l’aggravation de l’impact des eaux usées sur les nappes phréatiques dans le Sud. » (03)

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Il faut souligner par ailleurs que ce n’est pas la première fois qu’il s’étale dans des instructions de la sorte. Lors du conseil des ministres du 12 juillet 2020, juste après le premier remaniement ministériel, il a détaillé aux ministres ce qu’ils devraient faire après leurs exposés respectifs basés bien entendu sur le programme du gouvernement du témoignage même d’un ministre partant.

On a appelé en cette circonstance la nouvelle feuille de route du président de la république. (04) Il s’agit en particulier du ministre de l’Energie, celui de l’Industrie en lui collant les activités des mines en attendant que celui qui s’en charge prenne ses fonctions, l’industrie pharmaceutique, les finances, les start up et il a fini par les Affaires étrangères.

Parmi ces tâches urgentes, très peu d’entre elles ont trouvé une application effective sur le  terrain. Un mois plus tard soit le 12 août 2020,  lors de la deuxième rencontre avec les walis qui a débuté  par un discours d’ouverture, Abdelmadjid Tebboune est sorti de ses gonds contre ce qu’il a appelé lui-même « les forces d’inertie » qui freinent la mise en œuvre de son programme, retardent son démarrage effectif, voire bloquent son évolution en répondant des fausses informations par un noyautage de l’administration (05).

C’est la première fois où il abandonne carrément son discours écrit pour vider son cœur sur ce qu’il a appelé « une contre-révolution qui œuvre contre la stabilité du pays”. Elle s’oppose au changement pour passer à cette deuxième république. Il parle même de rapports falsifiés qui lui parviennent. En homme averti une telle situation ne devrait  pas l’étonner car même si la «  Eissaba » comme il l’appelle lui-même est en déconfitures, le système et l’ordre établi en vigueur depuis près de six décennies avait déjà tissé ses tentacules qui ne peuvent disparaître du jour au lendemain.

Il était déjà victime de son dynamisme lors de la mission de premier ministre que lui a confiée  son prédécesseur Abdelaziz Bouteflika. Rappelons, même si cela nous renvoie à des mauvais souvenirs que la déroute des législatives du 4 mai 2017 s’est achevée avec un désintérêt total des citoyens à travers le faible taux de participation et surtout les scandales de l’argent sale avaient fait réfléchir le clan au pouvoir pour trouver un artifice afin de gagner en crédibilité lors des échéances électorales suivant notamment en prévision du cinquième mandat.

L’astuce est simple : «séparer l’argent de la politique » sous forme d’un slogan pour faire marcher le peuple sans pour autant penser un instant à l’appliquer sur le terrain. Il se trouve que contrairement aux anciens chefs de gouvernements qui se réfèrent constamment à la hiérarchie, Tebboune a montré à travers les secteurs qu’il a eu en charge de mettre en œuvre ce qu’il inscrit pour une concrétisation effective. C’est un calcul que les décideurs n’ont pas pris en compte d’où son limogeage immédiat en moins de trois mois dans le poste.

Aujourd’hui, les lobbies de l’intérieur comme de l’extérieur agissent comme des virus pour pervertir tout ce qui est utile pour l’intérêt général en perspective afin d’aboutir au chao et revenir sous une autre forme pour perpétuer ce qu’on a l’habitude d’appeler le « système » qui n’est qu’un ordre établi où chacun trouve son compte sauf l’intérêt de la nation. 

R. R.

Renvois 

(01)-https://www.lesoirdalgerie.com/periscoop/proche-ouverture-58208                                                                     (02)-https://www.lesoirdalgerie.com/periscoop/effort-necessaire-58209                                                                     (03)-https://www.elmoudjahid.com/fr/nation/le-president-tebboune-preside-une-reunion-du-conseil-des-ministres-des-elections-democratiques-pour-un-veritable-changement-7285  

(04)-https://www.aps.dz/algerie/107308-communique-de-la-reunion-du-conseil-des-ministres  (05)https://www.youtube.com/watch?v=rcHJ9QJkpuI&fbclid=IwAR1RERvDdqUfjzxLhDbLPOU3B620nKI4408Vugs92pFHCrzec8O9pF6CjE4

 

Auteur
Rabah Reghis

 




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