Accueil360°Pourquoi l’Algérie n’est-elle pas membre observateur du CILSS ? (I)

Pourquoi l’Algérie n’est-elle pas membre observateur du CILSS ? (I)

Comité inter-Etats de lutte contre la sécheresse au Sahel

Pourquoi l’Algérie n’est-elle pas membre observateur du CILSS ? (I)

A la veille de la  18ème Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement du Comité Inter-Etats de Lutte contre la Sécheresse au Sahel (CILSS), qui se tiendra le 7 février 2018, à Niamey, au Niger, il est utile de faire le point sur une éventuelle participation de l’Algérie au CILSS. La question est pertinente tellement les défis de la sécheresse sont reliés à la vision que l’on possède des conséquences qui pourraient affecter la région, en l’absence d’une coopération entre les Etats, car l’Algérie s’isole des pays touchés par la sécheresse. Comment l’Algérie pourrait rejoindre le CILSS ? En quoi l’expertise du développement durable par cette institution régionale  peut-elle profiter à l’Algérie ?

La sécheresse se trouve au carrefour des préoccupations environnementales qui ont alimenté les réunions à l’échelle de la région sahélienne.  Le Comité inter-Etats de lutte contre la sécheresse dans le Sahel (CILSS) a été fondé le 12 septembre 1973, à Ouagadougou (Burkina Faso) suite aux sécheresses des années 1968 et 1973, avec pour mission de ’’s’investir dans la recherche de la sécurité alimentaire et la lutte contre la désertification et les effets de la sécheresse pour un nouvel équilibre écologique au Sahel’’. Cette organisation  comprend aujourd’hui treize pays : le Bénin, le Burkina Faso, le Cap Vert, la Côte d’Ivoire, la Gambie, la Guinée, la Guinée Bissau, le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Sénégal, le Tchad et le Togo.

Cette zone d’action qui est en majorité composée d’Etats sahéliens est constamment touché par la progression de la désertification ; des crises alimentaires à maintes reprises, la pression démographique, la crise énergétique, la variabilité et le changement  climatique.  Il est important de rappeler que l’Algérie a ratifié la  Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification dans les pays gravement touchés par la sécheresse et/ou la désertification, en particulier en Afrique, le 22 mai 1996. La Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification (CNULCD) est le seul accord international juridiquement contraignant sur la question des terres. Elle promeut notamment leur bonne gestion. Donc la seule action de gouvernance à l’échelle internationale.

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En adhérant  à cette institution, l’Algérie pourra s’insérer dans une démarche de coordination dynamique, car le programme de travail 2015-2019 du CILSS fait apparaitre les fragilités du CILSS qui sont entre autres : le manque d’autonomie financière et  l’insuffisance des ressources financières pour mener à bien son programme de travail. La considération de  la participation de l’Algérie pourrait combler ce manque de ressources, en injectant un financement dans les régions marginalisées, permettant la création d’emplois verts en rapport avec  la restauration  des terres dégradées.

Selon le CILSS, au commencement des années 1970, des dérèglements chroniques de grande ampleur du climat  se sont traduites particulièrement par des séries de sécheresse  marquées par des épisodes  de famine notamment. Pour procéder à la participation, il est primordial de retenir l’attention du gouvernement algérien sur l’utilité  d’un appui politique qui conduira au CILSS à se placer en fonction des  immenses défis actuels que sont : l’adaptation au changement climatique et la résilience des populations et  la lutte contre le banditisme et le terrorisme. C’est  en ce sens que le 4e forum international  sur la paix et la sécurité en Afrique, qui s’est tenue à Dakar les 13 et 14 novembre 2017 a été consacrée aux nouveaux enjeux stratégiques du continent, avec pour thème « Défis sécuritaires actuels en Afrique : pour des solutions intégrées ».

Selon les intervenants au neuvième atelier intitulé ‘’Défis économiques et sécuritaires liés aux transitions énergétiques ‘’de ce forum, plusieurs scénarios à l’horizon de 2050-2100, indiquent que  ‘’la région du Sahel connaitra une augmentation des températures comprises entre 2 et 6 degrés. Quant aux précipitations, les spécialistes s’accordent sur les risques d’une augmentation des variabilités inter-annuelles et inter-décennales. Ces paramètres vont conduire à des incertitudes croissantes pour évaluer les périodes de sécheresse ou la fréquence et la répartition des pluies. ‘’

En outre, la transformation des situations climatiques aura également une incidence sur l’aptitude des pays  à protéger les opérations de maintien de la paix et de sécurité. Le rapport du forum  indique que’’ l’équilibre des missions face aux catastrophes naturelles (cyclones, tempêtes, inondations, sécheresse…) est remise en question. Les troupes armées et leur matériel, risquent d’être de plus en plus confrontés à des milieux hostiles (températures, humidité, maladies…) lors des missions sur le terrain. Enfin, les infrastructures aussi seront davantage vulnérables face à la montée des eaux, aux désertifications ou à l’érosion des côtes.’’ Il est important de distinguer entre  la désertification et la  sécheresse. La  sécheresse n’est pas la cause de la désertification mais elle représente un  facteur qui empire les conséquences. De plus, il existe une  corrélation entre les changements climatiques, la réduction de la diversité biologique et la  désertification.

Face à ces enjeux, plusieurs réponses ont été proposées par les intervenants du forum, par exemple le recours à l’éco-conception peut conduire en même temps  à protéger les performances opérationnelles tout en délimitant l’impact environnemental du matériel militaire et des infrastructures. L’éco-conception est une démarche préventive des dangers environnementaux. Le sujet climatique relève d’un défi pour la politique de défense nationale. Or, la question malienne au centre du Sahel et son exposition aux facteurs de sécheresse et de désertification et leurs répercussions,  sur les moyens de subsistance et la sécurité alimentaire amplifient sa fragilité.

Selon le rapport intitulé ‘’Les conflits dans la région du Sahel et leurs conséquences sur le développement’’, publié par la commission économique pour l’Afrique de l’Organisation des Nations Unies (ONU), en avril 2017, ‘’les sécheresses des  décennies  1970 et 1980 ont établi un contexte pour la rébellion de 1990 (et les  rébellions subséquentes).’’

Elles ont dévasté les moyens de subsistance des agriculteurs et des nomades dans le septentrion malien en détruisant des troupeaux en masse, entraînant la famine, ce qui a entrainé une migration des jeunes vers les Etats voisins notamment. Selon ce même rapport, cette sécheresse a amené une période caractérisée par l’introduction de pratiques d’adaptation négatives, qui ont partiellement contribué à provoquer les conflits et l’insécurité au Sahel. La fondation du CILSS a été l’une des  réactions face à ce marasme.

Dans le même ordre d’idées, à la fin de la 13e réunion des Parties à la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification, qui s’est tenue à Ordos (Chine) en septembre 2017, 113 Etats avaient convenu de définir des objectifs concrets assortis d’indicateurs précis, pour réhabiliter davantage de terres et inverser la dégradation. Le Sahara, ensemble désertique aride (pluviométrie moyenne au dessous de 100 mm/an), représente 87 % de la superficie de l’Algérie  et ses superficies cultivées sont très limitées à 100 000 ha environ.

Selon l’ONU ,le nouveau cadre stratégique de la CNULD 2018-2030 est l’engagement mondial le plus complet pour parvenir à la neutralité en termes de dégradation des terres, afin de restaurer la productivité de vastes étendues de terres dégradées, améliorer les moyens de subsistance de plus de 1,3 milliard de personnes et réduire les impacts de la sécheresse, sur les populations vulnérables. Selon les chiffres fournis par l’institut de la francophonie pour le développement durable, environ  60 millions de personnes ont déjà quitté et quitteront les zones sahéliennes désertifiées pour rejoindre  le Maghreb et  l’Europe. Face aux évolutions du contexte régional, le rapport intitulé ‘’L’émergence du Sahel: l’efficacité du G5 ‘’publié par l’Union-IHEDN (Institut des Hautes Etudes de Défense Nationale) de Paris, le 23 octobre 2017, soulève la question « le changement climatique  fait-il le jeu du terrorisme ? « . A suivre

Auteur
Benteboula Mohamed-Salah, géographe

 




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