La libération de Nicolas Sarkozy le 10 novembre 2025, après près de trois semaines d’incarcération provisoire dans l’affaire du financement libyen, relance une question longtemps jugée improbable : l’ancien président pourrait-il retrouver une place centrale sur la scène politique française à l’approche de la présidentielle de 2027 ?
À première vue, l’opinion publique semble lui être défavorable. Selon un sondage Ifop publié en novembre 2025, 73 % des Français ne souhaitent pas son retour en politique (Ifop, 2025). Pourtant, la sévérité des jugements et le passage en détention ont suscité un élan de sympathie, perceptible dans certains segments de l’opinion, notamment au sein de la droite républicaine. Si le jugement initial était annulé en appel, prévu en mars 2026 (La Croix, 26 septembre 2025), ce mouvement pourrait s’amplifier, offrant à Sarkozy une opportunité de redevenir une figure incontournable du paysage politique.
À 72 ans, il devra composer avec d’autres prétendants à la droite républicaine : Bruno Retailleau, Laurent Wauquiez, David Lisnard ou Xavier Bertrand. Pourtant, cette pluralité de candidats pourrait paradoxalement jouer en sa faveur. Relaxé en appel et en cassation pour ses affaires judiciaires, notamment l’affaire Bygmalion (La Croix, 8 octobre 2025), Sarkozy pourrait apparaître comme un « martyr » des années judiciaires, fort d’une expérience et d’une aura que peu de ses rivaux peuvent revendiquer.
Cette position pourrait dépasser le cadre strict de la droite républicaine. L’électorat de droite radicale, notamment celui proche de Reconquête !, partage avec les Républicains des sensibilités économiques libérales et une orientation sécuritaire et migratoire stricte. Des rapprochements stratégiques, déjà évoqués avec Sarah Knafo ou Jordan Bardella (La Croix, 14 novembre 2025), pourraient concrétiser ce rassemblement des droites et renforcer l’image de Sarkozy comme figure capable de fédérer un large spectre électoral.
L’histoire montre que ce type de « retour improbable » n’est pas inédit. Le général de Gaulle, que l’on croyait politiquement mort sous la IVe République, est redevenu en 1958 le héros salvateur de 1940. Plus récemment, le Brésilien Lula a retrouvé la présidence en 2022 après avoir été condamné et incarcéré en 2018 (BBC News, 2022). Nicolas Sarkozy ne serait donc pas le premier président à revenir au pouvoir après un passage par la prison.
Dans un contexte politique marqué par l’instabilité et la fragmentation, le dégagisme ambiant pourrait paradoxalement favoriser le retour d’une figure familière et expérimentée. Après Emmanuel Macron, certains électeurs pourraient être tentés par un leader capable de restaurer autorité et cohérence, tout en incarnant l’expérience et le charisme qu’attendent certains Français face à l’incertitude.
La multiplication des candidatures à droite pourrait renforcer l’image de Sarkozy comme « l’homme providentiel ». Son retrait relatif des rivalités internes ces dernières années lui permet de se présenter comme un rassembleur capable de dépasser les divisions, tandis que l’effet médiatique entourant sa libération et l’éventuelle annulation des jugements lui confère une visibilité inégalée.
Au-delà de la droite traditionnelle, le potentiel rassemblement de différentes factions de l’électorat conservateur pourrait redéfinir la donne. Sarkozy pourrait ainsi se positionner comme une alternative aux nouvelles figures politiques, incarnant l’expérience, la résilience et une connaissance éprouvée du pouvoir exécutif. L’effet de sa « réhabilitation » judiciaire, s’il se confirme, pourrait transformer sa posture d’ancien président en un atout électoral décisif.
Si cette hypothèse reste incertaine, elle rappelle une constante de la politique française : l’histoire peut réserver des surprises. Le « come-back » de l’ex-président, buriné par l’expérience et sanctifié par d’éventuelles relaxes judiciaires, pourrait redevenir un acteur incontournable de la présidentielle de 2027, incarnant pour certains électeurs de droite la stabilité et l’expérience face à l’incertitude.
Il faut se demander cependant si les électeurs dans leur majorité son à même d’oublier les nombreuses casseroles que trainent Nicolas Sarkozy pour le voir revenir au palais de l’Elysée ?
Dans ce contexte, la présidentielle à venir pourrait bien réserver des surprises et redonner vie à la figure d’un ancien président que l’on croyait politiquement éteint. Nicolas Sarkozy, contre toute attente, pourrait apparaître comme un repère rassurant pour les électeurs en quête de certitudes.
Mourad Benyahia

