Le débat sur la chaîne américaine CNN entre les deux prétendants à l’élection présidentielle, Donald Trump le revenant et Joe Biden le sortant, a stupéfait l’Amérique.
Le Président en exercice dont tout le monde connaissait ses difficultés à se mouvoir et prêter son attention avec maîtrise a choqué les téléspectateurs par sa santé indigente.
L’homme marche jusqu’à la tribune avec visiblement le pas de celui qui a d’énormes difficultés à se mouvoir. Son regard est fixe, ses réactions très lentes et on a senti tout au long de la soirée qu’il était au bord de l’épuisement à rester debout aussi longtemps et se forcer à une attention dont on voyait bien qu’elle risquait de faire défaut à tout moment.
Lorsque le journaliste lui a dit qu’il avait deux minutes pour rajouter un argument, il n’a pris la parole qu’une petite partie de son temps.
Le pire est l’image de la fin (hors débat) où on a vu le Président se faire aider par son épouse pour descendre une toute petite marche.
Le lendemain, c’était la panique et la consternation dans le parti démocrate. Malgré l’évidence de son état il s’était acharné à renouveler sa candidature. Il ne reste que le désistement mais se pose un autre problème, le très court délai avant la convention des démocrates pour trouver un autre candidat, ce qui relève du quasi-impossible. Sa vice-Présidente, Kamara Harris ne semble pas avoir des chances.
Durant ces quatre années passées, il a eu de nombreuses « absences » dans ses interventions, a trébuché et s’est mépris plusieurs fois sur les noms des personnalités qu’il rencontrait. À l’âge où il faut se reposer d’un long parcours qui a été certainement brillant, surtout dans le poste de sénateur, reconnu et respecté, on ne peut prétendre diriger l’économie et l’armée les plus puissantes du monde.
C’est d’ailleurs pourquoi, même une grande partie des Américains qui ne sont pas dans le camp du parti démocrate, ont une forte crainte que leur Président n’ait pas la capacité de tenir quatre années de plus avec les lourdes responsabilités dont il aura la charge.
De l’autre côté du ring, un ancien Président d’un âge à peu près équivalent mais d’une santé bien plus vigoureuse, n’avait aucune peine à gagner le combat. Ce qui a également stupéfait l’Amérique est que pour la première fois dans sa vie, il a pu maîtriser ses élans fougueux et de pitreries. Ses conseillers ont été parfaits.
Mais comme un garnement qui se calme un moment parce qu’on l’a grondé, combien de temps pourra-t-il tenir sans exubérance, sans clowneries, mensonges et incroyable vulgarité.
Rien ne peut l’arrêter. Dans un pays puritain dont ses partisans déclarent mettre la moralité chrétienne au-dessus de tout, ils lui pardonnent tout ce qui est interdit. Il a appelé à la sédition, essayé de corrompre un gouverneur pour qu’il décompte quelques milliers de bulletins en plus pour son compte.
Homme marié, il s’est comporté d’une manière inappropriée envers une personne de petite vertu et lui a acheté son silence avec des fonds de la campagne, ce qui est rigoureusement interdit par la loi puisqu’ils sont collectés auprès de donateurs.
Il a repris des dossiers confidentiels à la fin de sa mandature, ce qui constitue un crime fédéral et ainsi de suite. Et l’homme est toujours debout car il est le chef d’une secte entièrement hypnotisée devant son gourou. Quoi qu’il fasse, ils sont derrière lui et le suivent avec ferveur.
Voilà ce qu’est devenue l’Amérique, deux vieux à la candidature présidentielle, un qui est grabataire, l’autre qui est un troubadour délinquant (on peut le dire car un tribunal l’a condamné pour l’une de ses nombreuses affaires).
Entre absences et exubérances, l’Amérique navigue vers de dangereux écueils.
Boumediene Sid Lakhdar