6 mai 2024
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Presse et liberté en Algérie : le devoir d’informer, le droit de torturer…

Tribune

Presse et liberté en Algérie : le devoir d’informer, le droit de torturer…

En Algérie, on torture les journalistes, on les tue, on les pousse à l’exil, seulement parce qu’ils dénoncent la corruption, les passe-droits et les détournements de fonds.

Adlène Mellah, directeur des sites d’information Algérie Direct et et Dzaïr Presse a été arrêté, le 22 octobre. Il est poursuivi pour « diffusion d’informations personnelles sur les réseaux sociaux », « outrage aux institutions » et « atteinte à la vie privée ». “Le juge d’instruction du tribunal de Sidi M’hamed a décidé, dans la nuit de jeudi à vendredi, de mettre le directeur du journal arabophone, Adlène Mellah, au cours d’une procédure anticonstitutionnelle, en détention provisoire. Une décision qui se traduit par un recul sur les promesses faites par le président de la république quant à la protection des journalistes.”, lit-on sur Algérie-Direct.net.

Mercredi 21 novembre, sur un plateau de télévision, une de ses avocats, Me Assoul Zoubida, a déclaré que Adlène Mellah a été soumis à la torture physique et qu’il a eu droit à la serpillère sur la bouche, imbibée d’eau de javel”, précise-t-elle. A cause de ce qu’il a subi ”il a eu du mal à parler lors de la dernière audience.” Adlène Mellah est passé, ce jeudi matin, devant le juge qui a prononcé sa libération provisoire. L’audience est reportée au 19 février 2019.

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Mohamed Tamalt fut emprisonné en juillet 2016, pour «offense au président de la République». Il avait été condamné le 11 juillet à deux ans de prison ferme et le jugement avait été confirmé en appel le 9 août. Il succomba à ses blessures, après trois mois de coma, suite à une violente agression au sein de sa cellule.

Saïd Chitour, correspondant de médias étrangers anglophones et fixeur pour les journalistes étrangers, a été accusé d’“espionnage, remise de documents classés confidentiels à des diplomates étrangers dans le but de nuire à la sûreté nationale”. Il séjourna à la prison d’El Harrach durant près de deux ans, de juin 2017 à novembre 2018, où il fut agressé maintes fois. Sa santé s’est détériorée et des excroissances sont apparues à la base du crâne et au-dessus de la tête. A sa libération, la presse annoncera : “… poursuivi pour « intelligence avec une puissance étrangère« , il a été condamné dimanche à 16 mois de prison ferme mais a été libéré pour avoir déjà purgé sa peine” !!!

Le blogueur Merzouk Touati, en détention, depuis janvier 2017, est poursuivi pour « intelligence avec une puissance étrangère », suite à la diffusion sur Internet d’un entretien avec un diplomate israélien. Il a été condamné à dix ans de prison ferme.

Rappelons ces faits qui ont eu lieu en juin 2000, “ Pour la dernière journée de sa visite en France, Abdelaziz Bouteflika s’est entretenu samedi avec le président du conseil représentatif des institutions juives de France, Henri Hadjenberg. Logique. Cet hiver, le président algérien avait serré la main au Premier ministre israélien Ehud Barak et invité « personnellement » Enrico Macias, pied-noir et juif, à revenir chanter dans sa Constantine natale. Depuis sa prise de pouvoir il y a un an, Bouteflika a fait de ses rencontres avec Israël et la communauté juive un aspect spectaculaire de sa politique.”, peut-on lire sur le quotidien français Libération, paru, le 19 juin 2000. La politique des deux poids deux mesures est bien affichée.

Le 21 octobre 2018, à l’occasion de la célébration de la Journée nationale de la presse qui se tient le 22 octobre de chaque année, le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, avait adressé un message : “La célébration, cette année, de la Journée nationale de la presse se veut, une fois encore, l’expression de notre considération à la famille de la presse nationale, une halte pour évaluer les réalisations de la corporation et une opportunité pour méditer la situation de notre pays et les défis auxquels il est confronté.

Le lendemain, Abdou Semmar et son collaborateur Merouane Boudiab sont contactés par téléphone pour se rendre à la brigade de gendarmerie nationale de Bab Jdid. Sans convocation, Abdou se rend à la gendarmerie où il est retenu à partir de 14h30 pour un questionnaire, dans une affaire où le plaignant ne dépose plainte qu’à 17h passées. Merouane Boudiab le rejoint et les deux sont conduits à la prison d’El Harrach.

Les deux journalistes ont été relaxés le 8 novembre en attendant un complément d’enquête, après avoir passé 48 heures à la brigade de gendarmerie et 15 jours en prison. Merouane Boudiab a déclaré sur le plateau de France24 qu’il préfère quitter l’Algérie car il n’a plus aucune confiance en la justice algérienne qui l’a privé de sa liberté 17 jours, sans motif.

Ilyas Hadibi, directeur de Aldjazair24, a été placé en mandat de dépôt, le 31 octobre dernier, sur décision du juge d’instruction du tribunal de Sidi M’hamed. Il est en liberté provisoire, depuis le 19 novembre 2018. Les chefs d’inculpation retenus contre lui n’ont jamais été divulgués.

Mardi 27 novembre, le procès du journaliste Abdelkrim Zeghileche, animateur de la webradio Sarbacane, à Constantine, s’est tenu le 13 novembre au tribunal de Constantine. Le procureur de la république avait requis trois ans de prison ferme et a nié l’instrumentalisation de son institution pour des fins politiques. L’audience de Zeghileche se tiendra mardi 27 novembre, au tribunal de Constantine.

Faut-il rappeler après tous ces faits l’article 50, paragraphe 3 de la Constitution: “Le délit de presse ne peut faire l’objet d’une peine privative de liberté.” Et pourtant…

Auteur
Ahmed Saïd

 




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