Il existe en Algérie un trio d’articles pénaux qui n’a rien à envier aux vieilles chaînes de l’esclavage : 148 bis 1, 196 bis, 333 bis 6.
Certains datent d’hier, d’autres d’avant-hier, mais tous ont été polis, renforcés ou réactivés sous Tebboune pour lui aller comme un costume taillé sur mesure. On pourrait croire à un nouveau groupe de raï. Malheureusement, ce sont des lois.
Trois articles pour faire taire, mais aucun pour faire réfléchir. Trois articles pour punir l’opinion, mais aucun pour protéger la dignité. Trois articles pour fabriquer des suspects, mais jamais des citoyens.
148 bis 1, la diva du Code pénal, punit “l’outrage aux symboles de la Révolution”. Très bien. On aimerait juste savoir qui a décidé que les symboles révolutionnaires étaient si fragiles qu’un micro, une Web TV ou un paragraphe pouvait les faire fondre comme un morceau de beurre sur une poêle chaude. Si la Révolution tient debout, elle n’a pas besoin de béquilles juridiques. Si elle a besoin d’un article pour exister, alors ce n’est plus un symbole : c’est un bibelot.
196 bis, lui, est plus ambitieux. Créé en 2020, c’est l’enfant préféré du pouvoir actuel. Il réprime les “fausses informations”. Sauf que chez nous, la vérité n’est jamais établie par des archives, des commissions indépendantes, des débats contradictoires… Non. Elle est établie par déclaration. Un ministère dit : “Ceci est faux”. Et dès l’instant où il le dit, cela devient vrai. Une logique parfaite pour un univers médiéval où la Terre est plate jusqu’à ce que le vizir décide qu’elle est ronde.
333 bis 6, enfin, l’article boomerang. Lui aussi toiletté récemment pour l’ère numérique. Il s’attaque à ceux qui utilisent les réseaux, les Web TV, les téléphones – comme si l’Algérien qui poste un statut Facebook était plus dangereux qu’un voleur de milliards. Avec cet article, même un soupir numérique devient un crime audiovisuel.
Et les victimes ? Elles sont là.
Les journalistes, les youtubeurs, les chroniqueurs, les internautes, les humoristes, ceux qui écrivent trop, ceux qui parlent trop, ceux qui pensent trop. Les Drareni, les Zeghileche, les administrateurs de pages, les blogueurs, les anonymes, ceux qui se demandent encore comment une phrase est devenue une balle.
Et maintenant, c’est Bouakba.
Bouakba n’est pas un cas isolé : c’est la vitrine. La preuve encore chaude que ces articles ne servent pas à protéger la Révolution, mais à protéger une version de la Révolution. Ils ne servent pas à punir le mensonge, mais à punir la question.
La question qui dérange. La question qui gratte.
La question qui dit : “Où est passé le trésor du FLN ?” Une question vieille de soixante ans, toujours sans réponse, toujours dangereuse. Assez dangereuse pour fermer une Web TV. Assez dangereuse pour mettre un homme devant un tribunal. Assez dangereuse pour faire trembler ceux qui, pourtant, assurent n’avoir rien à cacher.
Quand une République a peur d’une question, ce n’est pas la question qui est malade. C’est la République.
Ce que révèle cette affaire ?
Nous avons aboli l’esclavage. Nous avons aboli le code de l’indigénat. Nous avons arraché l’indépendance. Mais il reste une chaîne, la dernière et la plus insidieuse : celle qui lie les Algériens à la peur de parler.
Un peuple qui ne peut pas interroger son histoire est un peuple sous tutelle.
Un peuple qui ne peut pas critiquer ses symboles est un peuple infantilisant.
Un peuple qui peut aller en prison pour une opinion n’est pas un peuple libre.
Il s’agit de la dignité de l’Algérien, pas d’un débat juridique entre experts.
Ces articles ne protègent personne. Ils humilient tout le monde. Ils transforment la justice en douane de la pensée. Ils transforment le citoyen en mine piégée : il suffit qu’il parle pour qu’il explose.
Il faut abolir ces articles.
Pas seulement les 148 bis 1, 196 bis et 333 bis 6, mais tout le cortège qui les accompagne : 87 bis, 144, 144 bis 2, 46, 95 bis… toute cette machinerie obscure qui transforme la Constitution en décor et l’Algérien en coupable en attente.
Il est temps de jeter ces articles dans la même fosse où l’humanité a déjà jeté l’esclavage, l’indigénat et les humiliations d’un autre âge.
Parce que le combat n’est pas Bouakba. Le combat, c’est le droit d’exister debout, de parler sans calculer, de penser sans demander pardon.
Tant que ces articles survivront, la vérité avancera étranglée, la liberté marchera sous surveillance, et le mensonge roulera en véhicule administratif, gyrophares allumés, carte grise offerte par l’État.
Et surtout, une question demeurera, la plus explosive de toutes : Comment un homme du pouvoir pourrait-il répondre de ses actes, quand la justice n’a qu’une seule direction, vers le peuple, jamais vers le sommet. Et quand même Hamlaoui, récemment éclaboussé, n’a pas eu à en répondre ?
Abolir ces lois n’est pas un luxe. C’est la seule condition pour qu’un jour, enfin, un Algérien – qu’il soit puissant ou invisible – puisse être jugé à armes égales, et que la justice cesse de choisir ses coupables avant même de connaître ses faits.
Zaim Gharnati


« Un peuple qui ne peut pas interroger son histoire est un peuple… » SOUS DOMINATION NÉOCOLONIALE…UNE des PLUS INCULTES et VIOLENTE!!! incarnée par des caporaux qui palpent la bagatelle de 22 milliards US $ sas aucun contrôle ni SCRUPULE…en LIBRE SERVICE…C’est la marque de fabrique des MAFIAS de par le monde…!
Pensées aux détenu-e-s d’opinions dans les GEÔLES des caporaux…!!