Samedi 26 octobre 2019
Quand l’astronomie nous comble de ses coïncidences
Deux astronomes suisses viennent d’obtenir, en ce début du mois d’octobre, le Prix Nobel de physique (les découvertes du troisième ne concernent pas mon propos). Ils avaient, il y a vingt-quatre ans, révolutionné nos connaissances en découvrant la première exoplanète, c’est-à-dire une planète hors du système solaire.
En ce même mois d’octobre, nous apprenons une nouvelle stupéfiante à propos des lunes de Saturne. La coïncidence est parfaite pour éveiller mon espiègle curiosité.
Le rôle du prof est de toujours trouver des liens, des transversalités, afin de relier les savoirs. Or, ces deux événements nous le permettent d’une manière inattendue.
Les découvreurs de planètes, nobélisés
Michel Mayor et Didier Queloz viennent d’être couronnés de la plus prestigieuse reconnaissance, le Prix Nobel de leur discipline. Il y a près d’un quart de siècle, en 1995, le jeune professeur que j’étais à l’époque avait été stupéfait de cette découverte, pour deux raisons.
D’abord parce qu’on nous annonçait qu’ils étaient les premiers à découvrir une planète orbitant autour d’une autre étoile que le Soleil, c’est à dire une exoplanète. On nous avait révélés son surnom, Dimidium, un de ceux que seule l’astronomie sait inventer pour dialoguer avec les astres. Nous, nous l’aurions appelé Charles, Nelson ou Kaddour, le nom d’une célébrité, eux doivent passer par le latin pour nous montrer que nous ne jouons pas dans la même catégorie.
L’exoplanète tourne autour de 51 Pegasi, à 51 années lumières de nous soit 510 mille milliards de kilomètres. Voici donc le condensé d’une information à propos de l’exoplanète : « On appelle exoplanète toute planète orbitant autour d’une étoile autre que le Soleil. L’Union astronomique internationale définit plus précisément les planètes extrasolaires, notamment selon leur masse pour les distinguer des astres à mi-chemin des planètes et des étoiles, comme les naines brunes, pas assez massives pour déclencher des réactions thermonucléaires. »
Depuis cette découverte de 1995 qui vaut l’honneur du Nobel aux deux scientifiques suisses, près de 4 100 exoplanètes ont été repérées, le rythme s’accélérant avec les connaissances et les technologies, de plus en plus pointues.
Jupiter détrôné par Saturne
Nous le savons, ce sont les romains qui donnèrent les noms aux planètes connues de cette époque car visibles. Et quoi de plus logique que d’attribuer au ciel le royaume des Dieux puisqu’il est inaccessible en même temps qu’ils fascine et suscite la crainte ?
Tout à fait naturellement, la plus massive, la plus impressionnante de toutes ne pouvait s’appeler autrement que Jupiter (Zeus pour les grecs). Et sans surprise, nous savons de date récente que la planète qui règne sur le système solaire est celle qui avait, jusqu’à présent, le plus de lunes qui orbitent autour d’elle.
Oui, mais voilà, encore une certitude du ciel qui vole en éclat, car dans ce même mois d’octobre 2019, une équipe d’astronomes du Carnégie Institution de Washington, dirigée par Scott Sheppard (un patronyme décidément destiné à l’espace), vient de divulguer les résultats des recherches du télescope Subaru de l’Observatoire du Mauna Kea à Hawaï.
Vingt nouvelles lunes de Saturne ont été répertoriées portant le total à 82. Le vieil empereur des cieux est détrôné dans sa puissance puisqu’il ne compte désormais que 79 satellites. Mais Zeus n’a pas dit son dernier mot et ses foudres peuvent encore menacer l’effronterie du mutin qui voulait son trône.
La première raison est que le match n’est pas fini car la science peut encore mettre au jour d’autres découvertes en sa faveur. Puis ensuite parce qu’il reste encore sa puissance d’attraction qui, à l’exception de celle du soleil, mène la danse des autres planètes et, même, jusqu’aux frontières du système solaire.
Il faut dire que Jupiter avait fait une grossière erreur. Dans une dictature où seul le plus fort mène la danse et fait tourner les autres autour de lui, il faut toujours avoir un œil sur le ministre de la défense. Il avait commis l’extrême imprudence d’attribuer à Saturne le portefeuille de Dieu de la guerre. Il était évident que le coup d’état allait s’organiser, tôt ou tard, c’est dans les gènes de ce type de hiérarchie basée sur la puissance pondérale et attractive.
En conclusion, il ne faut jamais croire en une vérité absolue, révélée par le mystérieux ciel qui nous fascine depuis le berceau de l’humanité. La science, particulièrement celle du cosmos, il faut la remettre inlassablement à l’épreuve du génie de l’être humain et des progrès que son intelligence, seule, permet.