24 novembre 2024
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Quand se réunira le Conseil national de l’énergie ?

DECRYPTAGE

Quand se réunira le Conseil national de l’énergie ?

Malgré le scandale de la raffinerie d’Augusta, les autorités ne semblent pas pressées de prendre les mesures idoines. 

Alors que beaucoup de voix (1) s’élèvent aujourd’hui pour dénoncer l’acquisition de la raffinerie dénommée Augusta, le Conseil national de l’énergie (2), ne s’est toujours pas réuni depuis… 1998 ! Faut-il attendre un autre scandale, du même type, pour qu’enfin ce Conseil se réunit et qu’il trace les stratégies, à moyen et long terme, que le secteur doit mettre en œuvre ?

Qui a intérêt à geler le Conseil national de l’énergie ? Combien de fois, depuis plusieurs années (3), avons-nous attiré l’attention des pouvoirs publics, sur la nécessité de recourir à la réunion du CNE, dont c’est la vocation première, afin de construire une stratégie énergétique, à moyen et long terme qui échappe aux contingences des personnes et des événements… en vain !

Le poids des hydrocarbures est tel, dans tous les compartiments de notre pays, qu’il ne saurait être pris en otage par quiconque, nonobstant, la qualification et l’honnêteté, de ceux qui sont à l’origine des décisions finales et de ceux en charge de les mettre en œuvre. 

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Seule une décision collective et collégiale responsabilisant tous les acteurs, suivie d’un large débat national (au sein des deux chambres), peut créer un consensus autour des stratégies à entreprendre avec un minimum de risques et, en tout état de cause et en les assumant ! Ni le président seul, ni le ministre de l’Energie seul, ni le P-DG de Sonatrach seul, ne peuvent assumer cette responsabilité qui engage le pays tout entier et son avenir à long terme, dans la mesure où ils sont tous éphémères (mandat) alors que leurs décisions, dans le secteur, engagent notre pays sur des décennies. 

En outre, il est clair que le refus de réunir le CNE est une fuite de responsabilité devant les décisions prises, au cas où elles étaient contraires aux intérêts de notre pays, comme les scandales de Sonatrach I, II et III, nous l’ont démontré et celui de l’achat de la raffinerie d’Augusta nous le montre encore aujourd’hui… en attendant d’autres scandales. Dès lors, le CNE permet d’optimiser les avantages, en même temps qu’il minimise des risques encourus, dans un domaine très risqué, où les erreurs sont payées cash.

En outre, la collégialité et l’adhésion la plus large, permettent la transparence et la responsabilité des décisions prises, dans un débat contradictoire où tous les arguments seront sur et non sous la table. L’implication obligatoire des partenaires étrangers, en amont et en aval du secteur est également une donnée décisionnelle qui nécessite une vue globale et à long terme, qui engage la sécurité intérieure et extérieure du pays et nos relations avec nos partenaires étrangers.

Elle ne saurait être confiée aux seules mains d’experts nationaux ou étrangers mais nécessite une évaluation à tous les niveaux des coûts/avantages, qui va structurer le contenu des décisions prises, jusque dans les moindres détails où « le diable » s’installe toujours !

Toutes les autres démarches inaugurent l’opacité et la confusion entre les intérêts collectifs et ceux individuels et finissent toujours par des scandales financiers. Il est donc urgent de renouer avec la réunion du CNE, pour instruire les responsables du secteur de préparer une stratégie globale à moyen et long terme, qui sera soumise à un débat le plus large et qui devra paramétrer les directions stratégiques à prendre et les arbitrages à trancher, pour au moins les dix prochaines années. 

M.G.

Notes

(1).Elles n’étaient pas nombreuses, ces voix à condamner cette transaction immonde, lors de sa concrétisation par le PDG  de la Sonatrach, qui dès sa sortie de prison pour « intelligence ave une puissance étrangère » se voit parachuter à la tête de la première entreprise nationale, avec les « pleins pouvoirs ». 

(2) Créé par décret présidentiel le 19 avril 1995, par le président L. Zeroual, le Conseil national de l’énergie est la plus haute instance décisionnelle dans le secteur de l’énergie. Présidé par le Président de la république, il est composé du chef du gouvernement, des ministres de souveraineté (Défense nationale, Affaires étrangères, Energie et Finances), du gouverneur de la Banque d’Algérie et du délégué à la planification (article 1). Ce Conseil est chargé d’assurer le suivi et l’évaluation de la politique énergétique nationale à long terme, notamment de la mise en œuvre d’un plan à long terme destiné à garantir l’avenir énergétique du pays; d’un modèle de consommation énergétique en fonction des ressources énergétiques nationales, des engagements extérieurs et des objectifs stratégiques à long terme du pays ; de la préservation des réserves stratégiques du pays en matière d’énergie; des stratégies à long terme de renouvellement et de développement des réserves nationales en hydrocarbures et leur valorisation ; de l’introduction et du développement des énergies (article 2).  

(3) Depuis au moins neuf ans, par plusieurs articles parus dans la presse (El-Watan du 04 mars 2010 et au Soir d’Algérie du2011/11/28), j’avais attiré l’attention des pouvoirs publics, sur le fait que le CNE était une institution idoine pour mettre en œuvre les stratégies du secteur.   
 

Auteur
Dr Mourad Goumiri, Professeur associé

 




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