26 avril 2024
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Quand Trump utilise le dollar pour faire chanter à défaut d’envoyer la 6e flotte américaine

Etats-Unis

Quand Trump utilise le dollar pour faire chanter à défaut d’envoyer la 6e flotte américaine

Y a-t-il des relations entre les menaces de représailles économiques  de Donald Trump contre la Chine, le chantage aux dollars contre la Palestine et le Pakistan ? Evidemment que oui, encore faut-il interroger aussi bien l’histoire que la situation actuelle dans le monde. Aujourd’hui la Chine devenue 2e puissance économique et possédant une masse considérable de bons de Trésor américains ambitionne d’ouvrir la route de la soie (1) qui a fait courir dare-dare en Chine le président français. S’ajoute à ça, l’appartenance de la Chine à la BRICS (2) qui a commencé à commercer avec la Russie et projette de le faire avec le Pakistan non pas en dollar mais avec sa monnaie le yuan. Voir le dollar attaqué par d’autres monnaies ‘’mineures’’ dans le commerce international est considéré comme un crime de lèse-majesté par les USA. Jadis leur flotte sillonnant les mers et les bases américaines essaimées dans divers pays suffisait à faire peur aux téméraires qui voulaient faire de l’ombre au dollar sur lequel est inscrit ‘’in God we  trust’’ (en dieu nous croyons). Un peu d’histoire pour comprendre la dynamique du monde d’aujourd’hui qui déplait au président des USA.

Depuis que les Etats-Unis sont devenus, particulièrement après la Seconde Guerre mondiale, la plus grande puissance industrielle  du monde et qui plus est contrôlant le système financier et bancaire (3), ils se sont taillés un costume à leur goût pour remplir leur rôle de gendarme du monde. On le voit  avec leurs innombrables guerres et les dernières décisions sur El Qods (Jérusalem). Ils viennent de récidiver par deux fois, en menaçant de geler les subventions à l’ONU qui gèrent les camps des réfugiés palestiniens et de mettre fin aux aides à l’armée pakistanaise. Aux Palestiniens, ils exigent qu’ils reviennent à la table de négociations avec les occupants de leur pays. Aux Pakistanais, ils les tancent de ne pas lutter efficacement contre le terrorisme sans se demander si leur bilan en Afghanistan a quelque chose de positif en dépit de leurs dizaines de milliers de G’IS qui  ont plus dévasté ce pays que neutraliser les Talibans.

Que cache cette diplomatie-chantage du dollar de la grande Amérique ? A l’évidence, cette pratique ‘’originale’’ trahit les difficultés de cette puissance à utiliser son arme traditionnelle de l’intervention militaire directe ou bien du coup d’Etat. Ce n’est pas la première fois que les Etats-Unis utilisent les armes de l’économie et de la finance. Des banques françaises ont été condamnées à payer des milliards de dollars pour avoir commercé avec l’Iran soumise à l’embargo américain. Mais avant de cerner ce qui se cache derrière ce chantage sous la forme de dollars, il faut faire un détour par le passé pour comprendre les menaces et les agitations d’un Trump.

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Devenus donc la première puissance économique et le banquier (plan Marshall) de l’Europe ravagée  par les deux guerres, les Etats-Unis imposèrent leur pouvoir à travers les accords de Bretton-Woods (4) au lendemain de la seconde mondiale. Ces accords réglementent le système financier international qui repose sur le dollar devenu la monnaie d’échange du commerce international. Cette hégémonie sur le commerce international était non seulement une limitation de la souveraineté des Etats mais un danger pour leur politique économique intérieure. Les monnaies de tous les Etats étaient soumises au jeu de yo-yo du dollar. Ce yo-yo à la baisse ou à la hausse agit directement sur les taux des emprunts bancaires et de l’inflation des pays. Un chef d’Etat, De Gaulle sous les recommandations de son  économiste préféré, Jacques Rueff, voulut adosser le franc à l’or pour se libérer des contraintes du dollar. En 1961 il décida d’échanger ‘’ses’’ dollars contre de l’or. Cette décision fut mal reçue par les Américains car elle ouvrit une brèche dans l’étalon dollar/or et en 1971 Nixon abandonna cet étalon et mit fin à la convertibilité du dollar en or. Cette non conversion du dollar ouvrit la voie à la planche du billet vert qui ouvrit à son tour les crises cycliques du système financier mondial.

De nos jours, la même tentative par d’autres pays est en cours pour se libérer du corsetage du dollar. Ce sont les pays de la BRICS dont la puissance économique, politique et militaire leur permet de ne pas courber l’échine. Ces pays agissent avec prudence pour des raisons de réalisme économique. Ils veulent créer d’abord une monnaie commune, en mettant dans un panier leur contribution en monnaies nationales, monnaie commune qui servirait dans les échanges commerciaux entre eux. La Chine et la Russie pour l’heure commercent en partie directement par le biais de leur monnaie, le yuan et le rouble. Le Pakistan a émis le vœu de se passer des dollars dans ses échanges avec la Chine. Rappelons que la Chine et le Pakistan entretiennent depuis longtemps de très bons rapports et ont un contentieux territorial avec un même pays, l’Inde. Excellence donc des rapports politiques, projet d’échanges commerciaux dans leur monnaie respective, et possibilité pour la Chine d’ouvrir une ‘’autoroute’’ au Pakistan pour sa fameuse route de la soie. Les Américains voient alors rouge et Trump prend le prétexte de la non efficacité de la lutte  contre le terrorisme pour punir le Pakistan.

Ainsi, l’étude des nouvelles réalités du monde permet de cerner les raisons qui font bouillir le sang de Trump. Grosso modo, les Etats-Unis ont pris conscience des limites de leur puissance militaire avec leur déconfiture militaire au Viêt-Nam et leur bérézina politique en Irak. Ils en ont tiré une conclusion qui les a incités à l’avenir d’éviter d’intervenir directement dans des conflits. On le voit en Syrie où ils se ‘’contentent‘’ de financer et d’armer des groupes d’oppositions car chat échaudé craint l’eau froide. Leur reste l’arme du dollar car si l’exemple des pays de la BRICS faisait tache d’huile, ils vont regretter l’audace De Gaulle qui voulait seulement les chatouiller en récupérant son or pour protéger sa vision de la souveraineté nationale. Aujourd’hui, les USA voient une partie de leur industrie se délocaliser à l’étranger, leur marché envahi d’abord par des gadgets, ensuite par des produits plus sophistiqués venant de Chine créant ainsi des déficits dans leur balance commerciale. Si jamais ils perdaient leur statut de suprématie du dollar dans les échanges commerciaux, comment pourraient-ils combler leur abyssal déficit sans faire appel à la planche à billets. Ils veulent donc empêcher que d’autres pays suivent l’exemple des pays de la BRICS. Ils ont déjà essayé d’empêcher l’émergence de l’euro qui leur a fait ‘’perdre’’ un marché d’un continent de quelque 500 millions d’habitants. Voir leur monnaie perdre de sa superbe car elle n’est plus soutenue par leurs flottes de guerre, ne présage rien de bon dans l’avenir pour le monde qui risque de payer la mauvaise humeur des Trumps américains. Quel paradoxe, demander à une monnaie étalon accolée à la puissance économique et militaire, de remplacer celle-ci pour le maintien de son hégémonie, voilà qui est bizarre et signe dores et déjà le futur déclin à l’image d’autres empires dans l’histoire, la Rome antique dont la chute de son empire est due en grande partie à ses contradictions internes.

Voilà donc comment une simple information sur une banale subvention à un pays ou l’aide à un peuple qui ne veut pas vendre son âme, nous révèle les armes ‘’secrètes’’ utilisées par un Etat qui respecte Dieu en inscrivant son nom sur leur monnaie mais méprise des peuples économiquement faibles.

On ne le dira jamais assez, la monnaie n’est pas simplement un simple outil technique d’échange de marchandises. Elle est avant tout un rapport social dans un mode de production donné qui irrigue le tissu social et idéologique dans une société. Elle introduit donc des rapports de force entre les habitants d’un même pays et sur la scène international. La suprématie du dollar (ou de l’euro), fixe un rapport de domination des grandes économies sur les plus fragiles. Inutile de s’étaler sur cette évidence, on le voit chez nous dans le square Port Saïd.

La monnaie et la langue ne sont pas des outils techniques. Elles ont pétri dans le chaudron de l’histoire et sont façonnées par l’intelligence et le travail des hommes. Il est bon de ne pas l’oublier chez nous comme il est bon de rappeler à ces médias d’ailleurs qui se plaignent des Fake News (fausses nouvelles). Ils devraient arrêter de ne pas manipuler l’information sur des pays comme la Palestine (mentir d’une façon éhontée sur la jeune palestinienne ayant giflant un soldat israélien) subissant une criarde injustice. Quant au Venezuela menacé lui aussi, il a mis en place une monnaie pour se défaire de la corde du dollar qui l’asphyxie. C’est courageux mais pas facile d’autant les devises proviennent essentiellement du pétrole et comme le prix du baril a chuté…. On devine les difficultés qui l’accablent.

A. A.

Notes

(1)  route de la soie, légendaire voie de commerce entre la Chine et l’Orient/Europe. L’Italien Marco Polo importa les pâtes et la pizza de cette Chine qui veut renouer aves la gloire de son passé.

(2)  Le BRICS rassemblent la Russie, la Chine, le Brésil, l’Inde et l’Afrique du sud. Ces pays devenus des puissances économiques se ‘’convertissent’’ en groupe d’influence politique pour ne pas se soumettre aux désidératas des puissances capitalistes traditionnelles.

(3)  Au lendemain de la seconde guerre mondiale fut créé un système financier pour ‘’gérer’’ les économies du monde dévastées par la guerre mondiale dont les USA furent l’épine dorsale grâce à leur dollar et les emprunts qu’ils accordèrent à l’Europe en guerre.

(4)  Bretton-Woods. C’est une ville des Etats-Unis ou se sont réunis 44 pays pour ratifier les accords de Bretton-Woods qui mirent en place le système financier international et ‘’élisent’’ le dollar comme monnaie d’échange du commerce international.

Auteur
Ali Akika

 




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