4 décembre 2024
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Que reproche-t-on à Merzouk Touati ?

Il est en grève de la faim depuis 33 jours

Que reproche-t-on à Merzouk Touati ?

Merzouk Touati est à son 33ème jour de grève de la faim pour protester contre sa condamnation. Sept ans de prison ferme, telle est la peine qui lui a été infligée par une justice aux ordres pour une accusation farfelue et fabriquée de toutes pièces, celle de l’atteinte à la sacro-sainte sécurité d’Etat.

Le blogueur avait interviewé une source, supposée ou réelle, israélienne pour mettre en relief les mensonges et la duplicité du discours du régime algérien qui entretiendrait des relations et des échanges secrets et non officiels avec l’Etat israélien. Un entretien qui avait été réalisé à la suite des événements de Bejaia où les manifestants avaient été accusés, comme à l’accoutumée face à toute contestation et pour les discréditer, par le pouvoir et ses relais médiatiques d’être à la solde du sionisme.

Merzouk Touati a touché ainsi à une fibre sensible, qui est l’instrument de propagande du régime devenu au fil de temps un mensonge d’Etat. Et c’est ce mensonge que Merzouk Touati a manifestement dévoilé.

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C’est vrai, le pouvoir algérien est foncièrement, comme ses relais médiatiques, ses prêches officiels du vendredi, ses programmes télés et ses manuels scolaires, antisémite et anti-juifs, mais pas antisioniste, il entretient depuis l’arrivée de Bouteflika au pouvoir des relations non-officielles avec l’Etat Israélien.

L’Algérie de Bouteflika avec Israël

Rappelons-nous, la visite organisée en juin 2000 d’une délégation de journalistes et d’universitaires algériens en Israël où ils avaient rencontré à Jérusalem David Lévy, le ministre des affaires étrangères israélien. Souad Azzouz, l’actuelle femme de Anis Rahmani et sa directrice du journal Ennahar, faisait partie de la délégation. Le Président Bouteflika avait accusé à l’époque les membres de la délégation de « haute trahison » et promis de les traduire à leur retour en justice et de les déchoir de leur nationalité. « Nous ne sommes pas d’eux et ils ne sont pas de nous et il appartient au peuple algérien de les juger », avait-il clamé devant le parlement tunisien de Zine El Abidine Ben Ali.

C’est à partir du journal Le Matin qu’il y avait eu la première riposte, une déclaration de soutien aux journalistes, l’installation d’un comité de soutien, que j’avais présidé en personne, et l’organisation d’un sit-in au niveau de la Maison de la Presse Tahar-Djaout, auquel une foule nombreuse avait pris part. C’était une position de principe, car certains membres de la délégation avaient été floués sur la partie à l’origine de l’initiative en collaboration avec l’organisme organisateur de la visite.

À voir la liste des autres membres, ceux qui avaient démarché pour composer la délégation et la chapeauter, il sautait aux yeux que le DRS était derrière en vue de leur proximité affichée avec Ben Aknoun, le siège de la défunte institution dédiée à l’information.

Cette visite aurait été une tentative de DRS pour faire capoter les rapprochements de Bouteflika avec les officiels israéliens et son plan de normalisation. Car elle intervenait presque un an (juillet 1999) après la fameuse poignée de main entre Bouteflika et le premier ministre israélien de l’époque, Ehud Barak, en marge des obsèques de Hassan II, le roi du Maroc. Il s’agissait de la première rencontre publique entre un dirigeant algérien et un dirigeant israélien. Selon une dépêche AFP, le Président Bouteflika avait ensuite rencontré en octobre 1999 le ministre israélien de la Coopération régionale, Shimon Peres, ainsi que le ministre de la Sécurité intérieure, Shlomo Ben Ami, lors d’un forum organisé dans l’archipel des Baléares, indique le quotidien Yédiot Aharonot. Ce même quotidien avait à cette occasion publié une interview du Président algérien, qui avait évoqué une « possible » coopération économique avec l’Etat hébreu. Et en décembre de la même année, le journal français Le Monde avait fait état de la visite en Algérie, du 15 au 25 octobre, « d’une délégation israélienne de haut niveau ». On se souvient de l’invitation officielle faite quelques mois après par Bouteflika au chanteur Enrico Macias, lors de sa visite officielle en juin 2000 en France.

Il y avait même des rumeurs par la suite, pendant le printemps noir, en 2001, font état de l’importation par l’Algérie des bombes lacrymogènes d’Israël.

Le régime de Bouteflika n’entretient pas seulement des relations semi-officielles avec l’Etat Israélien, mais il réprime toute contestation dénonçant la normalisation des relations avec l’Etat hébreu, et par-delà, la complicité d’autres pays avec l’occupant isrélien. Sinon, comment peut-on qualifier les excuses présentées par Ahmed Ouyahia, le premier ministre algérien, aux Saoudiens à la suite de la banderole (le tifo) soulevée par les supporters de l’équipe locale de Ain M’lila fustigeant le transfert par le président Trump de l’ambassade américaine à Jérusalem avec la bénédiction de Mohamed Ben Selmane, le prince héritier saoudien.

A-t-on entendu une déclaration algérienne dénonçant la normalisation et la convergence avec l’Israël prônées par les Saoudiens afin, dit-on, de faire face à « l’ennemi commun » iranien ?

Bien sûr que non ! À l’instar des islamistes, il est manifeste que le régime algérien verse dans l’antisémitisme, l’anti-juif, comme l’antichristianisme ou l’anti-chiite ou l’anti-Ahmadite et jusqu’à l’anti-ibadite. En clair, contre tout ce qui est différent de sa vision sur le plan de la foi religieuse ou de sa pratique. Il instrumentalise son antisémitisme pour sa propagande interne et il se nourrit de la confusion entretenue entre le sionisme, le colonialisme israélien, et les juifs. C’est la même manière qu’utilisent les islamistes – dont les wahhabites – qui ne s’attaquent jamais à la colonisation israélienne, mais aux juifs. Il y a comme une alliance sacrée entre les islamistes et les sionistes, chacun s’alimente de l’autre en occultant la nature réelle du conflit, qui est celle de l’occupation.

Auteur
Youcef Rezzoug

 




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