22 novembre 2024
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Quelle oligarchie au pouvoir en Algérie ?

 

Tebboune et l'armée

Les puissances d’argent ont acquis une influence démesurée, les grands médias sont contrôlés par les intérêts capitalistes, les lobbies décident des lois en coulisses, les libertés sont jour après jour entamées.

Dans tous les pays occidentaux, la démocratie est attaquée par une caste. Cette forme politique conçue par les Grecs anciens et qu’ont oubliée les politologues : la domination d’une petite classe de puissants qui discutent entre pairs et imposent ensuite leurs décisions à l’ensemble des citoyens.

Si nous voulons répondre aux défis du XXIe siècle, il faut revenir en démocratie : cela suppose de reconnaître l’oligarchie pour ce qu’elle est, un régime qui vise à maintenir les privilèges des riches au mépris des urgences sociales et écologiques. Car la crise écologique et la mondialisation rebattent les cartes de notre culture politique : l’Occident doit apprendre à partager le monde avec les autres habitants de la planète. Il n’y parviendra qu’en sortant du régime oligarchique pour réinventer une démocratie vivante.

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Si nous échouons à aller vers la Cité mondiale, guidés par le souci de l’équilibre écologique, les oligarques nous entraîneront dans la violence et l’autoritarisme. Qu’est-ce qu’une oligarchie ? S’agit-il d’une forme de gouvernement distincte de est-ce une forme nouvelle de l’aristocratie ? Ce qui distingue l’oligarque, c’est l’origine de son pouvoir : l’argent.

Ce dernier possédant une richesse démesurée, il peut se procurer indirectement l’accès à l’ensemble des pouvoirs de l’élite, sans avoir à les posséder directement. Il peut, par exemple, rassembler une armée impressionnante d’individus sans avoir un pouvoir de mobilisation particulier. Il peut même le faire sans que ses employés ne partagent ses intérêts, ses idéaux, etc. L’oligarque est puissant parce qu’il est riche, rien de plus.

Cependant, ce pouvoir est immense et peut faire croire à plusieurs que ceux-ci règnent directement sur le monde et que le gouvernement par les riches s’appellerait oligarchie. L’oligarchie est donc la forme d’organisation d’une catégorie particulière de l’élite se caractérisant par l’accaparement d’une telle proportion des ressources matérielles qu’elle acquiert un pouvoir particulier sur les sociétés. Ce groupe peut agir au sein d’une monarchie comme d’une démocratie.

Longtemps, la relation inhérente au pouvoir entre les gouvernants et les gouvernés, a coïncidé avec la possession des richesses. L’avènement de la bourgeoisie a opéré une rupture dans l’histoire politique des hommes en distinguant pouvoir et richesse, ou plutôt en enlevant au pouvoir sa capacité d’accumuler des richesses par l’exercice de la coercition arbitraire. Ce régime autoritaire a été tenu en échec en Angleterre et en France parce qu’une classe sociale a pu entreprendre le développement industriel qui a fourni un surplus économique indépendamment de l’Etat. Cette vision des choses, que présente l’idéologie politique du libéralisme, s’enracine dans la dichotomie société civile-société politique.

Elle présente l’Etat comme source d’autoritarisme auxquelles s’opposent les aspirations démocratiques de l’ensemble des citoyens. Cette contradiction rappelle la confusion qui existait au moyen âge entre le patrimoine privé du prince et le patrimoine public (budget de l’Etat). C’est cette absence de distinction entre domaine public et domaine privé qui est au cœur de la notion du patrimonialisme.

En effet, le Prince, qui est souvent un chef militaire, se comporte en quelque sorte comme le propriétaire de son royaume qu’il gère comme un patrimoine personnel, combinant despotisme et arbitraire personnel avec un certain respect des coutumes traditionnelles donnant au fonctionnement du patrimonialisme une certaine légitimité. De plus la logique d’accession au pouvoir diffère d’une élite à une autre. La logique de classe des nouvelles élites s’oppose à la logique du réseau des élites néo-patrimoniales de l’immédiate postindépendance.

On entre dans une classe ou on en sort en fonction des intérêts qu’on recherche ou qu’on défend ; par contre, on naît dans une famille, un clan, une tribu ou une région. Les procédures d’inclusion ou d’exclusion dans les élites produits d’une rationalité méritocratique piégée par le clanisme, le clientélisme, n’ont plus ni légitimité, ni fonctionnalité socio-économique.

Rompre avec ces positions de facilité nous semble être un préalable à la promotion d’une économie productive et à l’instauration d’une légitimité d’actions. Une oligarchie est une forme de gouvernement où le pouvoir est détenu par un petit groupe de personnes qui forme une classe dominante. On dit que le moins mauvais système politique est celui qui permet aux citoyens de choisir l’oligarchie qui les gouvernera. « Le peuple est-il obligé d’accepter toutes les règles de ces oligarques ? ».

On a vu depuis peu les multiples dégâts en termes sociaux, économiques et environnementaux occasionnés par l’oligarchie enfantée par vingt ans de règne sans partage et sans fins de ce qu’il a été convenu d’appeler par « Issaba ». Les « peu nombreux » qui « commandent » sont jugés responsables des dégradations de la vie du peuple, tant sont nombreux les « conflits d’intérêts avec la sphère privée de l’oligarchie en règle générale ».

Les arguments prennent alors une tournure presque guerrière dans les commentaires des médias, comme si les rapports de force se sont durcis comme si la technocratie était esclave de l’oligarchie dont elle recevait les ordres pour les exécuter sur les champs comme si nous n’étions pas sous une dictature et qu’aujourd’hui nous sommes en démocratie. Les décideurs, détenteurs arbitraires d’un pouvoir qui ne leur est pas délégué par les citoyens. « Il est anormal que les peuples soient ainsi bafoués, humiliés, dessaisis de leur souveraineté.

Depuis le 22 février 2019, l’Algérie est entrée dans une toute nouvelle phase de son histoire. La mobilisation populaire massive, pacifique et déterminée, qui s’exprime depuis plus d’un an à travers des marches hebdomadaires dans les villes de campagne, est l’expression d’un profond clivage au sein de la société entre de larges pans de la population et ses dirigeants. Cet article propose une lecture de la société algérienne à travers la crise du régime algérien, que nous analysons comme un système néo-patrimonial, et le contrat social sur lequel il repose.

Cette nouvelle crise est l’expression d’une nouvelle situation historique. Alors que de nombreux indicateurs étaient dans le rouge, c’est paradoxalement dans les angles morts de la recherche, là où les mutations profondes de la société se dessinaient mais n’étaient pas encore pleinement perceptibles, qu’il faut lire et comprendre les dynamiques en cours.

Une rupture générationnelle s’opère, annonçant une nouvelle temporalité historique, mettant au premier plan des groupes sociaux, exigeant un nouveau contrat social, une « oligarchie nouvelle » a la mainmise sur des centre principaux d’allocation des ressources. L’alliance de la classe-Etat et de l’oligarchie s’est structurée en véritable système ouvrant la voie à une corruption généralisée.

Le système ne se résume plus à la seule existence de la rente pétrolière, ni à celle d’un État rentier vivant principalement de la fiscalité pétrolière. Il va finir par apparaître comme un système de régulation économique et politique liberticide et d’exclusion sociale.

Depuis le 22 février 2019, l’Algérie est entrée dans une toute nouvelle phase de son histoire. La mobilisation populaire massive, pacifique et déterminée, qui s’exprime depuis plus d’un an à travers des marches hebdomadaires dans les villes de campagne, est l’expression d’un profond clivage au sein de la société entre de larges pans de la population et ses dirigeants.

Cet article propose une lecture de la société algérienne à travers la crise du régime algérien, que nous analysons comme un système néo-patrimonial, et le contrat social sur lequel il repose.

Cette nouvelle crise est l’expression d’une nouvelle situation historique. Alors que de nombreux indicateurs étaient dans le rouge, c’est paradoxalement dans les angles morts de la recherche, là où les mutations profondes de la société se dessinaient mais n’étaient pas encore pleinement perceptibles, qu’il faut lire et comprendre les dynamiques en cours. Une rupture générationnelle s’opère, annonçant une nouvelle temporalité historique, mettant au premier plan des groupes sociaux, exigeant un nouveau contrat social. Si le régime néo-patrimonial a atteint ses limites, ses capacités de résilience reposent en grande partie sur l’absence d’une alternative politique. Son mode de fonctionnement est basé sur l’interchangeabilité du personnel dirigeant mais sa base sociale s’est considérablement réduite comme l’atteste la faible participation aux urnes.

Il est par ailleurs symptomatique que l’éventualité de l’exploitation du gaz de schiste dont l’Algérie possède d’importantes réserves, montrant que la gestion de la rente apportées par les ressources énergétiques, est le principe de base du système néo-patrimonial.

La crise économique qui s’annonce en Algérie avec la baisse considérable des rentrées financières liées aux exportations des hydrocarbures et ses conséquences sur le plan social met à l’épreuve un régime politique qui est arrivé à son terme, incapable de mettre en œuvre une stratégie de rupture avec sa logique d’économie rentière. « Le moins mauvais système politique est celui qui permet aux citoyens de choisir l’oligarchie qui les gouvernera. On l’appelle généralement la démocratie » Jacques de Bourbon Busset

Dr A. Boumezrag

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