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Quelle stratégie pour le Hirak ?

ANALYSE

Quelle stratégie pour le Hirak ?

Marche à Alger contre le système. Crédit photo : Zinedine Zebar.

« C’est ainsi que l’Etat n’affronte jamais délibérément l’intelligence et la conscience morale d’un homme et ne s’en prend qu’à son corps et à ses sens. Il ne lui est pas supérieur par l’esprit ni par la probité, mais par la force physique qui est sa seule arme. » La désobéissance civile, Henri d. Thoreau

La particularité de la seconde révolution algérienne réside principalement dans la capacité des militants à maintenir intacte la mobilisation de la population. Contre vents et marées, les manifestants démontrent à chaque occasion, leur volonté de faire pression sur les généraux qui sont les vrais détenteurs du pouvoir en Algérie. Loin s’en faut de croire à un mouvement de contestation éphémère, le Hirak perdure dans le temps et  englobe toutes les régions d’Algérie même si quelques unes limitrophes de l’Algérois drainent plus de monde que les autres.

Le pari du régime de voir la situation tourner à son avantage comme dans les années 90, est un échec cuisant tant que la révolution pacifique continue et persiste dans ses principales modalités revendicatives. Le fait que le peuple algérien ne tombe pas de nouveau dans l’escarcelle des imposteurs est à mettre à l’actif d’une conscience politique enracinée dans la mémoire collective qui a emmagasiné au fil du temps une multitude d’épreuves de la confiscation du pouvoir de l’Etat par l’armée. 

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Parmi ces épreuves, il y en a quelques-unes qui sont ancrées dans la mémoire du peuple algérien. A telle enseigne que le ressourcement révolutionnaire  prôné par acclamation par les manifestants est un attachement indéfectible des Algériens aux  principes du 1er novembre 1954. En ce sens, les effigies des martyrs de la guerre de libération nationale qui accompagnent les affiches des marcheurs du vendredi  symbolisent la réappropriation de la révolution par le peuple. Ces effigies qui incarnent pour le mieux le mythe fondateur de l’Algérie moderne, sont aux yeux de la population la seule légitimité révolutionnaire qui a trop longtemps été détournée au profit d’une catégorie de pseudo- révolutionnaires qui n’ont pour la plupart jamais tiré une balle pendant la guerre.

Plus que l’usurpation du pouvoir de l’Etat par une caste de militaires et de leurs acolytes civils, tous les dirigeants  qui ont dirigé le pays, l’ont mal géré pour ne pas dire ruiné.

De ce constat communément partagé par la population, il est temps pour les détenteurs du pouvoir de l’Etat de s’éclipser pour laisser place à une nouvelle génération de dirigeants. A coup sûr, comme le peuple le demande, la génération montante est compétente et pleine de promesses  pour conduire l’Algérie vers le meilleur.

A contrario de l’arrière-garde des dinosaures, il y a au sein de l’armée algérienne des officiers qui sont capables de répondre favorablement aux revendications de la société algérienne. En aucun cas, ils ne peuvent tant que la révolution est pacifique, trahir l’espoir de tout un peuple. Non plus, ils ne peuvent pas plonger le pays dans une autre guerre civile que redoutent un certain nombre d’observateurs.

Le fait que parmi ces observateurs par crainte d’un glissement vers une nouvelle guerre civile, refusent le mode d’ordre de désobéissance civile est en soi une finesse d’analyse pour éviter le pire au pays.

Certes, il y a eu l’erreur du FIS qui lors de grève insurrectionnelle de 1991 a succombé à la manipulation des services secrets mais tout cela n’empêche pas le Hirak d’éviter la confrontation avec l’armée en inventant de nouvelles formes d’action.

A ce sujet, nous constatons que la rente pétrolière est détenue par les décideurs et il est difficilement admissible de déclencher une grève « économique » parce que précisément l’économie algérienne est faible et qu’elle ne répond pas à tous les besoins vitaux de la population.

Cela étant dit, il reste des pans entiers où la société peut agir en s’adaptant aux circonstances du moment. Nous pensons, par exemple, au secteur de l’éducation, de la justice et aux sports.

Dès lors, le Hirak en adoptant des mesures circonstanciées peut affaiblir davantage le régime en réduisant considérablement le pouvoir de décision de l’Etat. Il n’y a nullement, besoin de faire une grève générale, il suffit par exemple de retarder la date de la rentrée scolaire pour réduire à néant les décisions gouvernementales du secteur de l’éducation. Il y a dans le domaine du droit un ensemble de comportements de désobéissance que peuvent adopter les citoyens sans pour autant provoquer les services de sécurité.

Le boycott des compétitions sportives est une arme  du combat militant non négligeable qu’il ne faut sous-estimer. Et tant que l’intelligence des Algériens est intacte, il est clair que les plus doués apporteront à la contestation tous les moyens appropriés pour que la révolution réussisse. Plus qu’autre chose, le simulacre est une autre façon de répondre à la ruse du pouvoir. Coup sur coup et de tactique en tactique, le système finira par s’écrouler de lui-même.

Auteur
Fatah Hamitouche

 




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