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Quelle transition énergétique pour l’Algérie ?

Grand Angle

Quelle transition énergétique pour l’Algérie ?

La transition énergétique est un simple slogan dans la bouche des autorités. 

Plusieurs questions se posent quant à une énième transition énergétique, cette fois ci organisée par le FCE/Sonatrach/Sonelgaz en date du 17 janvier 2018. Mais a-t-on d’emblée défini les objectifs stratégiques ? A-t-on innové par rapport aux autres rencontres datant des années 2014/2016 quant aux données statistiques et aux orientations datant des années 2014/2016? Ou en est l’application des orientations du conseil des ministres en 2011 et du mini-conseil des ministres en 2015 qui avaient été consacré au développement des énergies renouvelables ? Dans ce cadre je livre aux lecteurs pour l’Algérie ma communication faite au Forum mondial du Développement durable à paris en présence de nombreuses personnalités internationales et de PDG d’importants groupes pétroliers et gaziers qui prolonge d’ailleurs mes conférences données à Bruxelles au parlement européen et au Sénat français courant 2013/2014. J’avais mis en relief les six axes de la transition énergétique de l’Algérie (2017/2025).

1.– Pour le gouvernement algérien, le premier axe consiste à améliorer l’efficacité énergétique afin d’économiser, en s’appuyant sur les nouvelles techniques, la consommation d’énergie tant au niveau des ménages que du secteur économique. Ceci renvoie à la politique des subventions actuellement généralisées, source de gaspillage qui doit être ciblée pour les produits énergétiques. Actuellement, au niveau du Premier ministre, en relation avec le ministre des Finances, s’engage une réflexion pour créer une Chambre nationale de compensation afin de cibler les subventions destinées aux couches les plus défavorisées et aux secteurs qu’on voudrait encourager d’une manière transitoire. Ceci suppose la mise en place (actuellement en cours) d’un système d’information en temps réel performant.

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2.-L’Algérie a décidé d’investir en amont pour de nouvelles découvertes car elle recèle encore d’importantes potentialités. Mais pour la rentabilité de ces gisements tout dépendra du facteur prix au niveau international et du coût d’exploitation. Pour ma part, j’ai précisé, dans plusieurs rapports destinés au gouvernement algérien, que le retour à des cours supérieurs à 100 $ le baril était totalement exclu. Donc la rentabilité devra s’inscrire, pour les grands gisements, entre 40 et 55 $ et pour les gisements marginaux entre 60 et 70 $.

3.-Le troisième axe est le développement des énergies renouvelables. Des simulations réalisées actuellement au niveau du gouvernement illustrent la très forte augmentation de la consommation intérieure, largement liée aux subventions. Si on reste au niveau des prix subventionnés actuels (à peine plus de 10 % du prix international), la consommation intérieure en 2030 sera l’équivalent des exportations actuelles. Il est manifestement impossible de continuer à cette allure. Lors d’un récent Conseil des ministres, le Président de la République a donné des instructions ; il a fait du développement des énergies renouvelables une priorité nationale. Ceci explique l’avis d’appel d’offres annoncé au niveau du Cabinet de la présidence de la République ; il va être financé par le ministère de l’énergie et mérite toute notre attention.

L’Algérie, avec plus de 3000 heures d’ensoleillement par an, a tout ce qu’il faut pour développer l’utilisation de l’énergie solaire dans le cadre d’un partenariat gagnant / gagnant. La ligne qui a été fixée est de développer un partenariat privé national / privé international avec, bien entendu Sonelgaz ; à cet effet, plusieurs décrets ont été publiés au niveau du CREG (l’agence de régulation qui dépend du ministère de l’énergie) pour accompagner la mise en œuvre du programme algérien de développement des énergies renouvelables dans le cadre de la mise en place d’un Fonds national de maîtrise de l’énergie (FNME). L’évolution du prix du marché sera évidemment déterminante pour pouvoir investir et assurer la rentabilité des investissements.

4.– L‘Algérie a décidé de construire sa première centrale nucléaire au-delà de 2025 à des fins pacifiques, pour faire face à une demande d’électricité galopante. Actuellement, des pourparlers sont en cours, mais à relativement long terme compte tenu des problèmes liés à l’exploitation des gisements d’uranium.

5.- Le cinquième axe est l’option du pétrole / gaz de schiste, l’Algérie en étant le 3ème réservoir mondial selon des études internationales. J’ai eu l’honneur de diriger ce dossier en m’appuyant sur l’avis de 27 experts, dont certains amis français que je tiens à remercier ici, et de le remettre au Premier ministre en janvier 2015. Nous avons fortement préconisé d’éviter une position a priori tranchée pour ou contre car il convient de sensibiliser la population et de mener un large débat national. On ne saurait minimiser les risques de pollution des nappes phréatiques dans le sud. Mais l’examen de la situation avec les experts, notamment algériens, laisse espérer que des nouvelles techniques apparaîtront dans un délai d’environ cinq ans, permettant d’économiser l’eau et de réduire considérablement l’injection de produits chimiques à partir de la fracturation hydraulique.

6.– L’Algérie a décidé d’appliquer les résolutions de la COP 21 et de la COP 22 (récemment tenue à Marrakech) concernant le réchauffement climatique ; le ministre de l’énergie nous a donné toutes les garanties à cet égard.

En conclusion, comme je l’ai affirmé à l’occasion de différentes conférences internationales et récemment dans un long interview à l’American Herald Tribune, le co-développement et les co-localisations, qui ne sauraient se limiter à l’économique sans inclure la diversité culturelle, peuvent être le champ de mise en œuvre de toutes les idées innovantes au niveau du bassin méditerranéen, pour en faire un lac de paix et de prospérité partagées. Dans l’intérêt, tant des Européens et que de toutes les populations sud-méditerranéennes, les frontières du marché commun de demain, les frontières de Schengen de demain, les frontières de la protection sociale de demain, les frontières des exigences environnementales de demain, doivent être au sud du Maroc, de la Tunisie et de l’Algérie, et à l’Est du Liban, de la Syrie, de la Jordanie et de la Turquie, pour assurer une paix sociale durable au Moyen Orient où les populations juives et arabes ont une histoire millénaire de cohabitation pacifique.

Enfin pour m’en tenir à l’actuelle rencontre :

– A-t-on défini les objectifs stratégiques ?

– A-t-on apporté une valeur ajoutée nouvelle par rapport aux autres rencontres datant des années 2014/2016 quant aux données statistiques et aux orientations datant des années 2014/2016?

– Ou en est l’application des orientations du conseil des ministres en 2011 et du mini-conseil des ministres en 2015 qui avaient été consacré au développement des énergies renouvelables ?

A. M.

Note

Forum mondial du Développement durable Paris (France) le 13 mars 2017 Intervention du professeur Abderrahmane Mebtoul,  Directeur d’Etudes Ministère Energie Sonatrach 1974/1979-1990/1995-2000/2007

Auteur
Dr Abderrahmane Mebtoul, professeur d’universités

 




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