21 novembre 2024
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Ramadhan 2022 : Souk el rahma ou souk el Pétrole ?  

2020, l’année du Covid-19. Il est dix-neuf heures, Le muezzin appelle ses fidèles à faire la prière chez eux. C’est l’heure du « ftour ». La soupe refroidit, elle est fade, les protéines manquent, les enfants n’en veulent plus, les parents s’indignent.

Les enfants ont poussé, mais les parents ne les ont pas vu grandir, ils  à leurs yeux des enfants, ils ne sont pas encore mûrs.

L’âge autour de la trentaine. Ils vivent chez leurs parents, ils sont au chômage. Ils n’ont pas de revenus. Ils vivent au crochet de leurs parents retraités. Ils n’ont plus d’appétit. Les garçons sortent fumer une cigarette dans les escaliers pour se donner l’illusion d’être des hommes, ils ne doivent pas trop s’éloigner, le couvre-feu est en vigueur. La vie réelle s’éteint, la vie virtuelle s’allume Personne ne regarde le ciel, chacun est rivé sur son écran. A la télé des séries à ne plus en finir. Les gens sont confinés chez eux, dehors l’ange de la mort circule. La mort et la vie font chambre à part. Il est quatre du matin, la voix du muezzin, c’est l’heure de la prière de l’aube, ils sont fatigués. Ils ont sommeil. C’est le moment de dormir.

Nous avons toute la mort pour nous réveiller. La télé reste allumée. Le monde change, l’Algérie stagne, les enfants grandissent, les parents vieillissent. La génération qui a libéré le pays a épuisé son capital de sympathie, elle est devenue par la force des choses l’obstacle principal du développement et de la démocratie. Cette génération est discréditée moralement et professionnellement. En dehors des ressources pétrolières et gazières, elle ne peut point gouverner. Elle tient au pouvoir, qui lui confère les ressources du pétrole comme elle tient à la vie. Elle manque d’ouverture d’esprit et de maturité affective. 

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Au crépuscule de sa vie, elle est dans l’incapacité physique et mentale de céder pacifiquement à la génération de l’indépendance le pouvoir de disposer de leur pays pour la simple raison qu’ils n’ont pas participé à la guerre de libération nationale. Ils n’en sont les bénéficiaires et non les artisans. Il faut lui rendre hommage, elle a rempli ses engagements pris lors de la lutte contre le colonialisme français ; « Aidez-nous à avoir l’indépendance et vous recevrez votre salaire chez vous sans travailler ». 

Le pétrole était dans la tête de l’Etat, de ceux qui pensent être l’Etat. Une fois la souveraineté recouvrée, ils décrétèrent l’immaturité du peuple algérien. Ils font croire à la population que la providence se trouve au sommet de l’Etat et non dans le sous-sol saharien. 

Le peuple algérien s’est prêté au jeu. Il n’est pas victime, il est complice. Il a troqué sa dignité et sa liberté contre des salaires sans contrepartie productive. (Regda out manger » « Dormez, dormez braves gens, le pétrole veille sur votre sommeil ».  Des salaires qui seront indexés au cours du baril de pétrole. En période de vaches grasses, ils augmentent ; en période de vaches maigres, ils diminuent. Comment est-on arrivé là ?

D’une colonisation jadis « au menu » jugée coûteuse à une occupation aujourd’hui « à la carte » car profitable, le passage est vite assuré à la faveur d’une mondialisation débridée sous la houlette des Etats Unis d’Amérique talonnés de près par la Chine. L’Europe étant prise en tenaille entre le gaz américain et le gaz russe est tombée de son piédestal. Il ne lui reste que l’Afrique comme refuge. 

La guerre froide a repris du poil de la bête. La pérennité et l’hégémonie occidentale passent par le contrôle absolu des gisements pétroliers et gaziers partout dans le monde contre une « oxygénation » des régimes politiques arabes essoufflés  et une « irrigation » satellitaire des sociétés sclérosées d’une culture judéo-chrétienne productrice de biens et services destinés à un marché. Une culture qui accroît « l’avoir » et appauvri « l’être ». 

L’homme n’est pas seulement un ventre à remplir, un animal à domestiquer ou un barbare à civiliser mais un être humain qui possède des mains pour travailler, un cerveau pour réfléchir, une langue pour s’exprimer, des pieds pour marcher et une tête pour le guider. 

 Dr A. Boumezrag

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