29 mars 2024
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Raouf Benia : « J’arrête de produire pour les chaînes privées »

DECRYPTAGE

Raouf Benia : « J’arrête de produire pour les chaînes privées »

Le réalisateur Youcef Goucem est décédé jeudi à l’hôpital de Douéra après s’être immolé en signe de protestation à Dzair TV que dirige les Haddad.

La mort du producteur-réalisateur Youcef Goucem a choqué toute la corporation du cinéma et de la télévision en Algérie. Raouf Benia, lui aussi producteur et réalisateur, nous livre ici son expérience.

« Je suis producteur depuis 2011. Produire pour les chaînes de télévision privées est un vrai coup de poker. Comme c’est un secteur tout nouveau chez nous, on a souvent en face des administrateurs qui ne connaissent rien à la production, tout est question de profit. Rien d’autres. J’ai parfois le sentiment qu’on ne cherche pas à faire de bons produits audiovisuels, mais juste à faire du fric. »

Le producteur tempère et précise : « Je ne généralise pas, il faut dire qu’il existe des exceptions, mais elles demeurent rares»

Comment ça marche ?

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« Alors qu’ailleurs c’est le diffuseur, autrement dit la chaîne de télévision qui finance et paye une série, un documentaire ou un film, chez nous le contraire. C’est le producteur qui s’autofinance et paye même un droit de passage à la télévision. Du coup, il est obligé d’avoir un sponsor pour financer sa série ou son documentaire. Pas seulement. Quand le producteur obtient un sponsor, il y a des télévisions qui exigent sa part du budget de sponsoring. Des fois ça n’aboutit pas car le diffuseur veut le pourcentage le plus élevé, donc au lieu une petite commission, il veut prendre la plus grande part au détriment des frais de production», explique Raouf Benia.

En clair, le producteur fournit du contenu à la télévision mais également de la publicité. Cela étant dit il y a de nombreuses chaînes de télévision qui produisent en interne leur contenu et donc n’ont recours que rarement à des prestataires.

Raouf Benia regrette qu’il n’y ait pas un mécanisme clair dans les rapports entre les producteurs et les diffuseurs qui agissent comme bon leur semble. « Comment voulez-vous qu’une chaîne de télévision paye un producteur quand on sait qu’elle ne paye déjà pas ses salariés ?».

La mort de Youcef Goucem l’a définitivement convaincu de l’inanité de travailler dans les conditions actuelles avec ces chaînes de télévision. « J’arrête de travailler avec elle, ce n’est pas possible de produire de bons documentaires et de belles séries dans les conditions actuelles. Tout est biaisé », dénonce-t-il.  

« Je ferme ma boite de production, donc je ne produirai ni pour la télé ni pour le cinéma, ni pour qui que ce soit, je me contenterai désormais de réaliser ou me reconvertir dans une autre activité », ajoute-t-il.

Auteur
Hamid Arab

 




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