25 novembre 2024
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Référendum : l’Algérie dans le 5e mandat

TRIBUNE

Référendum : l’Algérie dans le 5e mandat

Les Algériens doivent leur existence en tant que peuple souverain et pays indépendant au « référendum d’autodétermination » du 1er juillet 1962 qui était le dernier recours pour mettre fin à la guerre d’Algérie opposant le colonialisme français à la volonté de liberté du peuple algérien depuis le 1er novembre 1954.

Le 1er novembre 2020 marque l’enterrement de la souveraineté populaire et installe l’Algérie dans le cinquième mandat avec un référendum dont les résultats donnaient au pouvoir de fait instauré par Gaïd Salah avant de mourir l’occasion d’amorcer le processus de sortie du conflit populaire engagé en février 2019 contre un système politique putschiste, dictatorial, incompétent et corrompu depuis les origines. 

Finalement, l’armée n’a «accompagné » le peuple dans son « Hirak » que pour l’étrangler au moyen de ce référendum à la sauvette. Tebboune et les militaires n’ont en fait laissé le peuple sortir sa tête de l’eau pour respirer un bref instant que pour la lui enfoncer de nouveau. Alors qu’il suffisait pour eux de tirer les conclusions évidentes de résultats spectaculairement éloquents : 23,7% de participation, donc 76,3% d’abstention, et plus de 21 millions de «Non » contre 3,3 millions de « Oui ».

Il leur suffisait d’annoncer la décision de respecter la volonté populaire découlant de l’exercice du droit souverain par voie référendaire pour que le « Hirak » – « béni » en paroles mais « maudit » en actes pour le pouvoir – n’ait plus de raisons d’être et pour que s’ouvre une nouvelle ère pour l’Algérie. Cette occasion manquée assombrit considérablement le chemin conduisant à l’avenir. 

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En la circonstance, le pouvoir n’a pas fait montre d’intelligence mais s’est contenté de jouer sur le sens juridique du mot « référendum » qu’il a fait passer pour un vote comme les autres, alors que le référendum est un instrument de « démocratie directe » distinct et éminemment plus significatif que l’instrument de « démocratie représentative » qu’est le vote. 

Dans un référendum, l’abstention est plus éloquente que la participation, et 3,3 millions de « Oui » ne peuvent pas être plus décisifs que 21 millions au titre du boycott, 1,6 million au titre du « Non » et 0,6 million au titre des voix annulées.

L’esprit sain, le bon sens humain et la simple logique voudraient, lorsqu’il s’agit de questions de haute politique ou de choix stratégiques, que l’on raisonne et se comporte différemment que lorsqu’il est question de fonctions électives, de programme partisan ou de mandat présidentiel.

Faute d’espérer voir Dieu répondre à notre imploration de manifester la Vérité avant que l’escroquerie ne soit bouclée, sollicitons le témoignage encore frais de l’Histoire et imaginons que le taux de participation au « référendum d’autodétermination » du 1er juillet 1962 n’ait été que de 23,7%.

L’ONU aurait-elle conclu à la volonté d’indépendance du peuple algérien ? De Gaulle serait-il resté au pouvoir ? La guerre d’Algérie aurait-elle cessé ?

Force est de constater que nous sommes passés du référendum de la libération du 1er juillet 1962 au référendum du despotisme du 1er novembre 2020.

Même si, personnellement – et pour éviter tout amalgame avec certains partisans du « Non » – je n’ai presque rien à objecter au projet de nouvelle constitution dont j’approuve les dispositions relatives à l’envoi d’unités de l’ANP à l’étranger, à la liberté de culte et à l’officialisation de tamazight. 

Entre septembre 2017 et janvier 2018 j’ai appelé à une « Révolution citoyenne pacifique » dont j’ai essayé de tracer les contours. En février 2019 c’est un « Hirak » qui a éclaté comme un violent orage que d’autres éléments naturels allaient réduire à l’impuissance, parmi lesquels le « twaychisme » de jeunes et de moins jeunes et des slogans irréalistes. Une révolution citoyenne implique une vision claire et un mode opératoire pragmatique, en plus de l’indispensable charge émotionnelle.

Des années avant, j’avais imaginé dans un article intitulé « Un rêve» (« Le soir d’Algérie » du 30 mai 2011) un scenario de ce que pouvait être cette révolution. 

Et très longtemps auparavant, j’avais terminé mon article « Le génie des peuples » (« El-Moudjahid » du 8 octobre 1979) sur cette citation : « Ô heureux le peuple dont l’âme a frémi et qui s’est recréé lui-même avec sa propre argile ! Pour les anges qui portent le trône de Dieu, c’est un matin de fête que le moment où un peuple se réveille ». Tous ces écrits sont disponibles sur ma page Facebook.

Aujourd’hui, j’en suis réduit à compter sur la « malédiction de la constitution » et les martyrs de la révolution du 1er novembre 1954 plutôt que sur les vivants du 1er novembre 2020 qui estiment que les jambes pour marcher sont plus importantes que les idées pour penser et agir. Si les deux sont indispensables à toute révolution, il a manqué au « Hirak » les secondes. 

C’est pourquoi nous sommes dans le cinquième mandat avec un chef d’Etat hospitalisé à l’étranger comme s’il avait été l’unique Algérien à être frappé par la Covid-19, et une constitution conçue hors du peuple et contre l’avis dominant du peuple.

Auteur
Nour-Eddine Boukrouh

 




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