11 décembre 2024
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Réforme des retraites : la France d’en bas en colère

Manif en France

En décidant de recourir à l’article 49.3 de la Constitution pour faire adopter le projet de réforme des retraites à l’Assemblée nationale, jeudi 16 mars, faute de majorité assurée, la Première ministre a provoqué l’ire de l’opposition et de nombreux Français. Des milliers de manifestants ont défilé spontanément dans une ambiance tendue. Et Élisabeth Borne se retrouve sur la sellette.

Le gouvernement comme Emmanuel Macron sont dans l’impasse. La crise politique s’exacerbe et la rue gronde après la décision d’utiliser le 49.3 pour faire passer de force la loi de réforme de la retraite. Elisabeth Borne a bien tenté de négocier le soutien des Républicains, sans succès. Élisabeth Borne n’a pas réussi à obtenir assez de garanties pour que la réforme des retraites soit adoptée à l’Assemblée nationale au vote des députés. Et au dernier moment, la Première ministre a donc décidé d’utiliser l’arme du 49.3 jeudi.

Interrogé quelques heures au journal du soir de TF1, Élisabeth Borne n’a pas voulu remettre en cause sa stratégie, observe Valérie Gas, cheffe du service Politique de RFI. Même si ça n’a pas marché sur la réforme des retraites, même si les concessions faites aux Républicains n’ont pas permis de sécuriser le vote, même si le dialogue avec les syndicats a été rompu, même si les Français sont majoritairement hostiles à la réforme, elle ne reconnaît aucune erreur sur la méthode.

L’usage du 49.3, pourtant symbole de l’échec à rassembler autour du texte, la cheffe du gouvernement le présente même comme une simple étape. « Ça permet aux oppositions de déposer une motion de censure qui fera l’objet d’un vote. Ce vote, finalement, sera celui de ceux qui sont pour et de ceux qui sont contre la réforme », a-t-elle affirmé sur TF1.

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Même si elle se sait fragilisée – en privé, elle a même évoqué le fait d’être un « fusible » –, la Première ministre minimise les conséquences politiques du 49.3. Élisabeth Borne fait comme si un vote sur une motion de censure qui n’aboutirait pas à faire tomber le gouvernement pouvait être assimilé à un vote pour la réforme. Au risque de donner un peu plus une impression de déconnexion.

Motion de censure à l’Assemblée, heurts et amertume dans les rues

Avant de retrouver le palais Bourbon pour une nouvelle journée qui s’annonce houleuse dans l’hémicycle ce vendredi 17 mars, Jean-Luc Mélenchon a annoncé que le groupe La France insoumise (LFI) va soutenir la motion de censure du groupe des indépendants (Liot). « Nous avons décidé de donner les plus grandes chances possibles à la censure, et donc de retirer notre motion de censure au profit de celle de Liot », a déclaré l’ancien candidat à la présidentielle au micro de France Inter.

Assemblée nationale

Jeudi, le fondateur de LFI était, entre autres figures politiques, dans la rue pour protester contre le recours au 49.3. Dans l’après-midi, plusieurs personnes se sont données rendez-vous place de la Concorde à Paris, juste à côté de l’Assemblée nationale. Partout en France des rassemblements se sont tenus dans la soirée de jeudi pour dénoncer ce « coup de force » d’Emmanuel Macron.

« C’est dur à accepter. Je pense qu’il veut vraiment la merde, il n’y a pas d’autres mots, je suis désolée. Là, ça va mettre le feu aux poudres partout », a confié une manifestante, résumant l’état d’esprit qui régnait sur place.

En début de soirée, les forces de l’ordre ont dû intervenir pour disperser la foule : canons à eau, charges, gaz lacrymogène… Mais certains manifestants se sont retranchés dans des ruelles alentours. Les images ont fait le tour des réseaux sociaux : poubelles utilisées comme des barricades en feu, vitrines volant en éclats… Des scènes qui ont aussi eu lieu à Marseille, Nantes ou encore Lyon. Les pompiers de Rennes, en Bretagne, ont annoncé vendredi matin qu’ils avaient dû éteindre une cinquantaine de feux dans le centre-ville. Des tirs de mortiers auraient été constatés également envers les CRS.

Selon le ministre de l’Intérieur, 310 personnes ont été interpellées jeudi, dont 258 à Paris. Redoutant un durcissement du mouvement, Gérald Darmanin a demandé à plusieurs préfets de renforcer la protection des parlementaires, de leur permanence en région, mais aussi de leur domicile. La prochaine manifestation d’ampleur est annoncée pour le jeudi 23 mars.

Emmanuel Macron, lui, est resté loin de la bataille. Mais c’est, bien sûr, sa stratégie qui est en cause, décrypte Julien Chavanne du service Politique de Rfi : trop à droite, sans ligne claire sur l’objectif de la réforme, avec une communication floue, sans boussole…

Les hésitations du président de la République sont apparues au grand jour jeudi 16 mars. Il ne lui a fallu pas moins de trois réunions, la dernière quelques minutes avant le début de la séance à l’Assemblée, pour prendre sa décision, sous pression et en position de faiblesse.

Emmanuel Macron pourrait reprendre la parole prochainement pour tenter de lancer la suite de ce quinquennat, malgré le crash des retraites. Olivier Véran, le porte-parole du gouvernement, a insisté vendredi sur France Inter : le camp présidentiel a « vocation à continuer de gouverner ». Avec RFI

 

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