4 mai 2024
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Remarques critiques sur « Gouvernement berbère. La cité kabyle dans l’Algérie précoloniale » de Roberts Hugh

Gouvernement kabyle

Parmi les toutes dernières sorties de livres, c’est « Gouvernement berbère. La cité kabyle dans l’Algérie précoloniale » de H. Roberts, publié en 2023 par les Editions Barzakh, qui a retenu notre plus grand intérêt, pour deux raisons.

D’abord parce que H. Roberts est spécialiste de l’histoire politique qui n’a pas cessé de travailler sur l’histoire de la Kabylie depuis les années 1970. Ensuite et surtout, parce que l’histoire contemporaine de la Kabylie alimente une controverse incessante, suscitant toujours un très vif et très large intérêt. S’inscrivant au cœur de ce débat sur le particularisme et le mythe kabyles, ce livre, signale l’auteur (ou l’éditeur) en page de couverture, apporte des éclairages nouveaux sur l’histoire contemporaine de la Kabylie, qui devrait clore ce fatidique et houleux débat.

Si nous n’avons aucune difficulté à accepter l’élément central de la thèse de H. Roberts, que la théorie segmentariste comme développée par E. Guellner à partir du contexte d’Ihansalen du Haut Atlas central marocain ne s’applique pas du tout au contexte de la Kabylie et que la société kabyle précoloniale a toujours agi par consensus général en se conformant aux lois ancestrales (canuns) héritées des ancêtres, régissant leurs conseils de délibération qui constituent un archétype de démocratie radicale,  lois auxquelles tout doit se plier, y compris les religieux et les lois religieuses, nous en avons, par contre, beaucoup à accepter ces arguments/affirmations par lesquelles il justifie son apport personnel tentant d’éclairer quelques zones d’ombre de la Kabylie précoloniale  :

  • Du fait que, comme rapporté par A. Hanoteau et a. Letourneux, « dans le cas des Ath Irathen […], au moins jusqu’en 1737, les Ath Irathen recouraient à la procédure de donation par les femmes comme moyen de contourner la Shari’a et d’empêcher les femmes d’hériter » (Roberts, 2023 : 357), alors soutient-il, « une déduction raisonnable » s’impose : « les Igawawen avaient certainement acquis au milieu du XVIIIe siècle une expérience considérable de l’Ouest de l’Algérie et de son droit coutumier, conséquence de leurs entreprises commerciales et aussi de leurs activités militaires au service de la Régence » (Roberts, 2023 : 357), puisque d’autres sources ont signalé le recours dans l’Oranie, à peu près entre le XVIe et le XVIIe siècle, à cette « procédure de donation par les femmes » pour contourner les lois islamiques qui accordent aux femmes le droit à une part de l’héritage. D’abord, ce procédé a prévalu (et prévaut toujours) dans toute la Grande Kabylie, et non pas seulement dans les Ath Irathen, et il est normal qu’A. Hanoteau et A. Letourneux citent l’endroit précis où ils ont observé la procédure se pratiquer. Ensuite, à notre avis, s’il y a eu transfert, c’est la région la plus laïque, ici la Kabylie, qui aurait fourni à la région la moins laïque (ici l’Ouest de l’Algérie) des techniques de contournement de lois islamiques, étant connu que les innovations émergent (ou sont introduites) d’abord dans les territoires les moins serrés par l’idéologie d’une religion monothéiste et que la Kabylie, par la toute petite dimension de la propriété foncière de la quasi-totalité des familles (Bourdieu, 1958), avait plus de raisons objectives de recourir à ce procédé. Pour rendre sa supputation juste, H. Roberts cite A. Mahé pour qui, avant les assemblées d’exhérédation de la femme tenues en 1748 et en 1749, le procédé habituel utilisé en Kabylie pour éviter que la propriété foncière des familles n’évolue en peau de chagrin sous l’effet du droit de la femme à l’héritage, est le hubus (Roberts, 2023 : 357).

Mais tous les historiens et ethnologues, sauf A. Mahé qui n’a écrit sur la Kabylie qu’à partir des années 1990, ont affirmé (et confirmé) que le hubus est un procédé pratiqué en Kabylie surtout au début de la période coloniale, spécialement pour extraire des terres au domaine d’application de la loi française rendant la terre un bien vendable (une marchandise). Juste après la colonisation française, et même avant, il est vrai que le hubus a été pratiqué également en Kabylie par quelques chefs de famille n’ayant pas de descendance mâle pour éviter que leurs filles ne soient totalement délestées des terres du père, une fois décédé, par leurs proches du côté paternel. Mais de toutes les façons, puisque l’arrivée des marabouts en Kabylie date, d’après M. Mammeri, du XVIe siècle (Mammeri et Bourdieu 1978 : 63) et le hubus se pratiquait en Kabylie en affectant un bien immeuble à une zaouïa pour le rendre inaliénable, en consacrant le droit de son exploitation par une (ou plusieurs) personne(s) précisée(s) par le cesseur, la pratique du hubus ne pouvait exister en Kabylie avant l’affirmation en son sein du pouvoir des marabouts, affirmation qui ne peut pas remonter à plus loin que les années 1600. Il nous faut ajouter ici cette précision importante que l’hypothèse d’A. Mahé, qu’avant l’affirmation du pouvoir religieux des marabouts, les Kabyles de la Grande Kabylie pratiqueraient le hubus, soit vraie, il fallait dans cette Kabylie une écriture pour ratifier l’engagement et une autorité pour le faire respecter ; or la Grande Kabylie de la période d’avant l’arrivée des marabouts est incontestablement une société sans écriture et sans Etat.

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  • Pour H. Roberts, le « « mythe kabyle » est né au début de la colonisation française de l’Algérie, soit durant la deuxième moitié des années 1800, créé par des promoteurs de l’ethnologie colonialiste (Roberts, 2023 : 358). Or, contre cette vision, trop idéologique et peu scientifique, S. Chaker a présenté des preuves irréfutables que le « mythe kabyle » a bien existé, plusieurs siècles avant, dans des ouvrages rédigés en arabe(Chaker, 2022), et il est pour le moins étrange que H. Roberts n’en a pas tenu compte.
  • Sur la question de l’origine du maraboutisme en Kabylie, H. Roberts dit que « la réémergence des imrabdenen tant qu’acteurs majeurs en Kabylie à la fin du XVIe siècle et au début du XVIIe siècle […] [a été provoqué par] l’ouverture d’un vide politique dans un contexte de crise sociale grandissante » (Roberts, 2023 : 360). Concernant cette crise, il commence par signaler qu’il y a très «  peu d’informations solides » sur le sujet et que donc il doit se «  contenter d’avancer des hypothèses plutôt que des assertions catégoriques » (Roberts, 2023 : 360). Mais juste après il passe à l’affirmatif : « nous sommes certains, écrit-il, premièrement, que cette crise a bien eu lieu et, deuxièmement, raisonnablement sûrs d’avoir compris ses facteurs principaux » (Roberts, 2023 : 360-361). D’abord, les imrabden formant une institution considérée (et considérable) n’ont pas « réémerger » mais seulement émerger en Kabylie à la fin du XVIe siècle et au début du XVIIe siècle. Ensuite et surtout, transformer en moins d’une demie-page des hypothèses fondées sur « peu d’informations solides » en certitudes – alors que même pour avancer une hypothèse il nous faut des informations solides qui la rendent envisageable –, c’est, pour le moins, manquer de logique.
  • Après avoir présenté le facteur qui, selon lui, est à l’origine de la crise sociale, « la pression sur l’ordre sociopolitique engendrée par l’afflux d’immigrants dans la région dans son ensemble et en Grande Kabylie en particulier […] [:] l’exode de Bejaia à partir  de 1509 (après la prise de cette ville par les Espagnols, […] le retour aux régions montagneuses de nombreux Kabyles attirés par Alger à l’apogée des bons rapports entre Koukou ou Qal’a d’une part et la régence de l’autre, mais qui se sont sentis indésirables et en danger lorsque les relations se sont détériorés à partir de 1590, et l’afflux des Maures d’Andalousie après la dernière expulsion des “Hispano-Musulmans” d’Ibérie en 1609-1614, dont certains au moins sont arrivés en Kabylie » (Roberts, 2023 : 361), il affirme que « nous pouvons être sûr que, dans une large mesure, le développement remarquable de l’artisanat dans le Jurjura et aussi dans certaines régions de la Petite Kabylie, notamment chez les Ath Abbas, doit beaucoup à cet afflux de réfugiés apportant avec eux des éléments de la culture citadine » (Roberts, 2023 : 362). Il est approprié de se demander comment puisse-t-il être sûr, alors que sur ce sujet, il dit ne pas disposer « de comptes-rendus détaillés sur lesquels […] [s]appuyer ni d’aucunes statistiques » (Roberts, 2023 : 362). Mais à supposer que ces déplacements, de cette ampleur, de populations vers la Kabylie ont bien eu lieu à ces dates. Est-ce à dire que ce sont les nouveaux arrivants des villes qui, en apportant leur savoir-faire, ont permis le développement de l’artisanat en Kabylie ? Nullement, car cette assertion est la négation du fait historique, bien établi par des spécialistes (Dobb et Sweezy, 1977), que partout dans le monde, l’artisanat, père de l’industrie, est l’enfant des  campagnes.

De plus, venant d’un historien, cette assertion nous étonne : si l’artisanat de la Kabylie lui est venu des villes et pays lointains, on devrait retrouver ses traces dans ces villes qui l’ont enfanté et les activités et outils artisanaux y seraient désignés par leurs noms d’origine, or l’artisanat de la Kabylie est typique dans le monde et tiflist (l’épée ou le couteau), lfuci (le fusil), tameẓyant (le pistolet), aveṛnus (le burnous), aɛdil (couverture épaisse), ijuqḍar n talaxt (des objets en poterie), tout de l’artisanat kabyle porte un nom kabyle.

  • Selon H. Roberts, c’est « la décision des Igawawen, lors de leurs assemblées historiques, de subordonner la lettre de la Shari‘a à la préservation de la communauté et à la défense de l’intérêt général » (Roberts, 2001 : 141-142) qui a donné aux ethnologues et administrateurs français l’idée, des plus fausse selon lui, que les Kabyles étaient à l’époque « des Auvergnats transméditerranéens qui n’étaient pas musulmans du tout » (Roberts, 2001 : 141-142). Tel n’est pas notre avis. Nous pensons qu’il y a plusieurs preuves qui indiquent que ces administrateurs d’hier ont été plus perspicace que l’historien d’aujourd’hui en remarquant et en signalant très utilement cette ressemblance frappante, aux plan économique, sociologique et surtout culturelle, autant dire anthropologique, entre la société Kabyle et la société auvergnate, ressemblance qui d’ailleurs persiste jusqu’à aujourd’hui. P. Bourdieu, père de la sociologie critique et grand connaisseur de la Kabylie, a considéré la famille comme étant la structure sociale fondamentale dans la société kabyle (1958/2016) ; R. Bucaille et L. Mayer, deux fins connaisseurs de l’Auvergne, ont, pour leur part, signalé « le goût auvergnat pour la relation sociale à forme familiale » (Bucaille et Mayer, 2001 : 80). Comme en Kabylie où « l’étranger est en principe celui qui n’habite pas le village » (Gahlouz, 2010), en Auvergne « on entend souvent nommer estranger ou “étranger” quelqu’un extérieur non pas à la famille étroite ou à la France, mais à la région » (Bucaille et Mayer, 2001 : 81) et « le pas-d’ici [y est un] substantif  imagé désignant le non-natif de la région, et surtout n’y ayant nul parent biologique ou allié » (Bucaille et Mayer, 2001 : 81). Il est un fait établi que « les auvergnats n’acceptent l’“étranger” dans la société familiale qu’après en avoir fait un parent adoptif » (Bucaille et Mayer, 2001 : 81), et, identiquement, avec les Kabyles l’acceptation d’un étranger dans la famille, quand celui-ci vient s’établir dans un village, passe par l’établissement de liens parentaux (échange de femmes par mariage), car dans les villages kabyles « les liens lignagers définissent toujours quelque chose de plus que les liens d’alliance, c’est-à-dire des droits d’accès à la propriété et à la citoyenneté » (Gahlouz, 2010).

Salem Chaker : la Kabylie, cible principale de la répression

En Kabylie, une parcelle de terrain, un arbre, un animal (chien, âne, etc.) et un outil de travail sont désignés, non pas par leur appartenance à une personne, mais par leur appartenance à telle maison, plus exactement à la maison de telle personne (c’est l’ancêtre fondateur qui est cité), et c’est également le cas en Auvergne où « [l’]espace [est] organisé par “l’esprit maison” » (Bucaille et Mayer, 2001 : 86). Avec les Auvergnats, « en de grandes unités de production ou d’administration comprenant des centaines ou milliers d’employés, tel se sait cousin – par un réseau de parenté dûment descriptible – de telle à l’autre bout de l’entreprise, avec laquelle il entretient des relations soigneuses » (Bucaille et Mayer, 2001 : 81), et, de même, « telle responsable de service sait fort bien qu’elle a pour agent une sœur de son oncle par alliance – en même temps qu’un frère de cet oncle est proche collaborateur du directeur, etc. » (Bucaille et Mayer, 2001 : 81).

C’est le cas également avec les Kabyles qui développent expertement la stratégie de  regroupement dans des entreprises et administrations selon la proximité familiale et géographique, au point qu’avec les grandes entreprises ou administrations, il est courant d’entendre dire que telle entreprise (administration) est contrôlée par les gens de telle région, et dans telle autre c’est les gens de telle autre région qui dominent. Dans toutes les régions de la Kabylie, les femmes tout comme les hommes sont exactement comme ces auvergnats qui voient « partout de la famille dans la société […] ; […] cette parenté un peu réelle et surtout simulée – cette simuliparenté – […] [permet de]  percevoir la société locale comme une grande famille, ou cette famille comme toute la société […] » (Bucaille et Mayer, 2001 : 80).

En dehors de la Kabylie, notamment à Alger, les Kabyles ont pendant longtemps subi l’ostracisme de la part des citadins arabophones les traitant de Djebaïlis (montagnards frustes) (Chachoua, 2001), et, par cela, leur fierté d’appartenir à leur montagne et à leur culture n’a jamais été entamée. Et, identiquement, « les Auvergnat de Paris […] sont confrontés à l’ostracisme parisien, auquel ils font pièce en assumant et revendiquant leur provincialisme » (Virieux, 2001 : 13). Le Kabyle est exactement comme l’Auvergnat qui « quitte son pays uniquement pour travailler dur, s’enrichir pour mieux revenir, acheter de nouveau terrains, payer des dettes et, même si la fatigue devient lourde à supporter, il garde en mémoire cette terre qui l’a vu naître et vers laquelle convergent tous ses espoirs » (Boiron, 2001 : 18). Les Kabyles établis à l’étranger ont toujours construit des réseaux de relation et d’entraide basés sur l’appartenance, à une même famille, à un même patelin, à une même région (Sayad, 1999). Et « cet esprit de famille, inhérent à leur région, s’affirme [également] au sein des auvergnats de Paris  » (Boiron, 2001 : 19). Au niveau des pratiques musicales, comme en Kabylie, « le chant domine largement en Auvergne » (Mayer, 2001 : 35), chant qui, dans les deux cas, « permet d’accompagner les travaux quotidiens » (Mayer, 2001 : 35).

En Auvergne tout comme en Kabylie, le tissage est une activité principale de la femme, par laquelle elle donne « à l’homme son enveloppe culturelle et sociale » (Maillot, 2001 : 44). Enfin, présentement, en Kabylie (Zoreli, 2018) comme en Auvergne ((Maillot, 2001 : 99-102), une pléthore de fêtes et festivals se défilent chaque année, notamment en été, visant à célébrer et/ou à « revaloriser certains savoir-faire et savoirs tout court, réduits au silence par une forme de culture “officielle” qui n’a pas su les entendre, précisément parce qu’ils ne s’expriment pas dans le même “langage” culturel » (Maillot, 2001 : 95), suscitant chez des chercheurs des deux régions des interrogations sur les risques de voir les activités et représentations culturelles dominées par le folklorique qui est un autre nom du « pittoresque dénué d’importance voire de signification » (Bucaille et Mayer, 2001 : 78), de voir également des scientifiques « apporter une simple caution de scientificité à des démarches peu respectueuses de la réalité et du sens des pratiques culturelles qu’on veut faire connaitre et sauvegarder » (Maillot, 2001 : 92).

  • Pour H. Roberts, le pacte historique d’exhérédation de la femme, situant la loi islamique au-dessous de la tradition et l’avis des marabouts (religieux) au-dessous de l’avis des assemblées représentative « ne signifie pas que les Kabyles n’étaient pas de bons musulmans » (Roberts, 2023 : 442). Bien au contraire, écrit-il, « les Kabyles qui ont agi de cette façon étaient  indubitablement aussi pieux et aussi dévots que toute autre population des campagnes et des montagnes d’Algérie et leur cité était une cité musulmane » (Roberts, 2023 : 442). Si, par conséquent, des sociologues et ethnologues, comme A. Hanoteau, A. Letourneux, P. Bourdieu, ou des hommes de lettres de la stature d’A. Camus et M. Feraoun, avaient tort, comment donc expliquer le fait que malgré tous les efforts consentis et les moyens mobilisés par les Ulémas durant toute la période coloniale (Salhi, 2001 ; McDougall,2014 ; Courreye, 2016) et par l’Etat algérien soutenu par tous les courants nationalistes et islamistes depuis l’indépendance pour diffuser l’islam en Kabylie à l’instar de tout le reste du pays, avec l’écrasante majorité des habitants et jusqu’aux années 1980, la pratique de l’islam se limitait dans la Grande Kabylie à la pratique du carême ?

Ne pouvons présenter ici toute notre opinion sur son ouvrage, nous nous contentons de ces remarques, limités et abrégées mais largement suffisantes pour montrer que l’histoire ne s’accommode pas de la méthode hypothético-déductive, surtout lorsqu’il s’agit d’éclairer des points obscurs : l’absence d’informations corroborant l’hypothèse pousse (ou aide) l’auteur à tronquer les faits pour les faire correspondre de force à celle-ci et au modèle théorique qu’elle soutient.

Reste sa thèse principale sur la cité kabyle ancienne, son mode de fonctionnement et son évolution durant la période précoloniale, bien que nous sommes d’accord avec lui qu’il y avait une « forme de gouvernement […][combinant] une répartition stable de l’autorité fondée sur le consentement, un mode de légitimation basé sur un principe de représentation politique, une procédure de délibération et de prise de décision publique qui était respectueuse de l’opinion publique, un corpus de lois créées par l’homme qui faisait autorité, et des partis politiques rudimentaires » (Roberts, 2023 : 443) il a tort, à notre avis, de considérer que « cette cité [kabyle] a atteint sa forme finale pendant la deuxième moitié du VIIIe siècle, avec la cristallisation des quatre systèmes de ṣfuf au lendemain des réunions extraordinaires de 1748-1753 »  (Roberts, 2023 : 443). Nous sommes plutôt d’accord avec E. Renan, le « géant du XIXe siècle », qui dit que « le çof paraît avoir eu autrefois une importance encore plus grande que de nos jours, et avoir produit de grandes lignes d’un bout à l’autre de la Barbarie » (Renan, 1873 : 144), que, caractérisant toutes les sociétés sans Etat (ou à Etat faible), il constitue « un fait analogue aux factions des blancs et des noirs dans les républiques italiennes » (Renan, 1873 : 144) et qu’il « est possible que ces rôles puissants des Massinissa, des Syphax, des Jugurtha, se soient rattachés pour une part à des causes analogues, et qu’il faille envisager ces hommes célèbres comme des chefs de çof » (Renan, 1873 : 144). Il a également tort de considérer que ce sont les assemblées d’exhérédation de la femme tenues en 1748 et en 1749 qui ont fait qu’en Kabylie on a « substitué le principe démocratique de la représentation de l’opinion publique au principe aristocratique et dynastique – incarné par les Ath l-Qadi et ensuite par les Iboukhtouchen – qui avait prévalu à ce niveau jusqu’à ce moment-là » (Roberts, 2023 : 441).

Pour nous, le système quasi-aristocratique/dynastique instauré par les Mokrani, Ait Lqadhi et Boukhtouche est une petite parenthèse dans l’histoire de la Kabylie entre un avant et un après similaires : toutes les sociétés sans Etat, d’essence égalitariste donc démocratique, ont connu dans leur histoire des moments où le pouvoir en principe émanant de (et revenant en dernière instance à) la communauté, soit détourné puis approprié par une ou quelques personne(s) ayant exploité un contexte particulier (état de guerre opposant la communauté à une autre communauté) (Clastre, 1974).

D’ailleurs, sans l’appui, matériel, financier et politique, considérable dont ils ont bénéficié de la part du pouvoir d’Alger, les Ait-Lqadhi et Boukhetouche n’auraient pas tenu aussi longtemps face à une société qui a toujours refusé (et combattu) en son sein l’accumulation privée de biens au-delà du seuil tolérable et qui a toujours fait que ses chefs n’aient pas plus que le pouvoir de la parole, pouvoir exclusivement réconciliateur et fédérateur et point oppresseur.

Il a enfin tort de considérer que par le pacte d’exhérédation de la femme de 1748, par lequel elle a (ré)affirmé la primauté en son sein des lois ancestrales (traditions) et de l’avis des assemblées représentatives de l’opinion générale sur les lois islamiques, « la cité kabyle imitait en quelque sorte la Régence [d’Alger] elle-même […] [où] la religion était secondaire par rapport à la raison d’Etat et un instrument de celle-ci » (Roberts, 2023 : 441). En effet, parce que dans ce pacte est clairement mentionné qu’il s’agit de faire valoir à nouveau dans la cité kabyle la sagesse et la perspicacité des ancêtres en consultant sur le sujet l’avis de leurs qanun-s [lois] efficaces, pour nous la cité kabyle d’avant l’arrivée des marabouts fonctionnait donc totalement à base de son propre common law.

Mohamed-Amokrane Zoreli

Bibliographie

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Bourdieu, P. (1958/2016), Sociologie de l’Algérie. Chemini : Tafat Editions.

Bucaille, R., et Mayer. (2001). L. L’auvergne, une histoire de famille ; une nouvelle friche ethnologique : la parenté européenne. Carnets patrimoniaux du Puy-de-Dôme, (7), 78-89.

Chachoua, K. (2001). L’islam kabyle. Religion, Etat et société en Algérie. Suivi de L’Epitre (Rissala) d’Ibnou Zakaria (Alger, 1903), Mufti de la Grande mosquée d’Alger. Paris : Maisonneuve et Larousse.

Chaker, S. (2022). Imaziɣen ass-a d uzekka. Berbères aujourd’hui et demain. Alger : Koukou.

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Courreye, C. (2016). L’Association des Oulémas Musulmans Algériens et la construction de l’État algérien indépendant : fondation, héritages, appropriations et antagonismes (1931-1991). Thèse de Doctorat, pour l’obtention du grade de Docteur de l’INALCO, Discipline : Littératures et Civilisations. Université Sorbonne Paris Cité. Français. NNT : 2016USPCF022.

Dobb, M., & Sweezy, P. (1977). Du féodalisme au capitalisme : problèmes de la transition. Paris : Librairie François Maspero.

Gahlouz, M. (2010). Droit coutumier et régulation dans la société kabyle de la fin du XIXe siècle. Droit et cultures [En ligne], 60(2).

Hanoteau, A., & Letourneux, A. H. (1893/1998). La Kabylie est les coutumes kabyles (Seconde Edition, Tome deuxième), © Ed. Augustin CHALLAMEL, Editeur, Librairie Algérienne et Coloniale. Réédité par l’Association Atout Kabylie-Europe. Paris, IMP.HIRECH.

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McDougall, J. (2014). Abdelhamid Ben Badis et l’Association des oulémas. Dans A., Bouchène (éd.), Histoire de l’Algérie à la période coloniale: 1830-1962. Paris: La Découverte, p. 387-392.

Renan E, (1873). Exploration scientifique de l’Algérie: la société berbère. Revue des Deux Mondes (1829-1971), seconde période, 107(1), 138-157.

Robert, H. (2023). Gouvernement berbère, La Cité kabyle dans l’Algérie précoloniale (C. Perrin, Trad.). Alger : Editions Barzakh.

Salhi, M-.B. (1999). Modernisation et retraditionalisation à travers les champs associatif et politique : le cas de la Kabylie. Insaniyat, (8), 21-42.

Sayad, A. (1999). La double absence. Des illusions de l’émigré aux souffrances de l’immigré. Paris : Editions du Seuil.

Virieux, J. (2001). Préambule. Carnets patrimoniaux du Puy-de-Dôme, (7), 12-13.

Zoreli, M-.A. (2018). Impact sur l’attractivité et la vitalité territoriales des fêtes et festivals de Kabylie. ATPS, 14, 15-32.

30 Commentaires

  1. Le mot « lfuci » (elfouchi) désignant un fusil vient de Lefaucheux, la fameuse fabrique d’armes du père et fils Casimir et Eugème Lefaucheux.

    L’autre mot kabyle désignant un fusil, « aveckiḍ » (aveshkidh) vient de Bousquet, un autre fabricant d’armes renommé du passé.

    • dont la poudres venait de chine. Le chi ne serait-il pas une reference au geni Chinoix? Vous dites n’importe quoi. De l’approximation sonore(de sons) pour valider la meilleure idee qui vous vienne en tete – exactement ce qui est reproche’ a ce Roberts, qui n’est autre qu’un ramasseur d’infos, pour les services de SA majeste’, ou je ne sais qui. Il doit etre decu de ne pas trouver en Kabylie, le meme phenomene qu’a subit son ile natale (la grande bretagne) Jaunisse’e par les Vikings. Tous les males meme enfants decapite’s et toutes les femelles aux plus jeunes viole’es. Je l’ai interpelle’ dans le passe’ deja, debut des annees 2000. L’Antropologie meme si en elle pas une science exacte, elle repose lourdement sur les sciences exaxtes et experimentales. On date les choses, on analyse les matieres, on revient a la linguistique pour faire des rapprochement et de psychologie pour evaluer des comportements.

      Mais quand on ne comprend pas qu’on se construit une idee comme l’on a lu quelque part et qu’on se mette a chercher des indices approximatifs pour construire un ensemble de « probablement » « possible que » et reunir de quoi construire un paragraphe en guise d’argument, cela a un nom: Charlatanisme.

            • ngingabaza ngizombheka u-HoeMoe wakho uma ngihlangana naye, ingasaphathwa eyokuthi bF her… Kungenzeka ukuthi usuyitholile i-MF Roberts namuhla, kodwa kwadingeka ukuba umelane nembongolo yakhe kudala… Ungomunye walabo abathola izingxabano «  yebo, bayabulala kodwa… ukuvikela les khawteks eminyakeni engu-30+ edlule.

              Sorry, wasn’t who screwed your mother. You should keep your mama’s business private though !

              Desole’, pas moi qui me tape ta mere pour m’appeler « baiseur de mere! » – Y a que les BTRDs qui ne savent pas quel lait ils ont bu, c.a.d. qui a raconte’ des histoires a ta mere !

      • Salut, Urfane. Le t à la fin de Bousquet devait être prononcé à l’époque, et c’est pour ça que les kabyles en ont fait un « dh. »
        Je suppose que tu connais les autres mots mots empruntés au français comme « badar », comme dans l’expression ifkayas badar, qui vient de bataille, livrer bataille. J’ai appris ça de Dda L’Mouloud en personne quand je suivais ses cours à Alger.
        Il y a aussi Bichouh, qui vient de Bugeaud. On disait aux petits enfants que s’ils ne se tenaient pas bien on allait les donner à Bichouh pour qu’il les bouffe. Il était synonyme de monstre.

  2. Les Kabyles sont un peuple exactement comme les autres, et ça veut dire 100% comme les autres, pas 99,999% mais bien exactement 100% comme les arabes, les allemands, les indiens les pygmées ou les suédois. C’est leur environnement et les moyens qu’ils ont mis au point pour maîtriser la nature afin d’assurer leur vie/survie qui les mène naturellement à adoper telle ou telle forme de gouvernement local et coutumes sociales.
    Ce qu’on appelle vote à « l’unanimité » dont j’atteste l’existence pour l’avoir personnellement vécu, existe bien en effet, mais il y a des dessous que le sens de la fierté amazigh peut nous cacher. Cette unanimité est souvent le résultat de l’influence des quelques individus les plus importants du village. On n’ose pas s’opposer à leur avis, surtout (mais pas seulement) s’ils appartiennent au même clan familial (adhroum ou thakherrouvth.)
    Et puis surtout, il ne faut pas oublier que 50% de la population est exclue d’office, les femmes.

    • Il me semble que les femmes étaient exclues même de l’agora grecque, patrie de la démocratie telle que pratiquée et vécue dans le monde occidental.

      • Comme partout ailleurs dans le monde entier à l’époque.
        (Saint) Paul dans la Bible dit que c’est une honte pour une femme de parler devant des hommes qui ne sont pas de sa famille.
        Ça ne change rien au fait qu’elles etaient exclues en Kabylie.

    • «… résultat de l’influence des quelques individus les plus importants du village», n’est-ce pas la même chose dans les démocraties contemporaines les plus avancées du monde ? N’est-ce pas que ce sont les milliardaires qui financent les campagnes et déterminent qui sera le président des USA par exemple ?
      Pour les femmes, c’est pareil en Europe et en Amérique il y a 60, 70 ans (les 60. 70 ans que l’Algerie nous a volé et qui coutent aujourd’hui à nos femmes kabyles de ne pas exister dans la sphères publiques). C’est la même chose également à Athènes du siècle de Péricles.

      • @Bon pour moi : Je dis bien que nous sommes 100% comme toute autre population. Tout groupe humain du même nombre, vivant d’un système d’agriculture de subsistence en milieu environemental similaire aurait formé ce même système de gouvernement avec les mêmes idées, ou en tout très similaires.

        • 100%, dans l’absolu, un regard étranger, global et objectif sur les peuples du monde; dira comme vous. On est d’accord.
          Mais en tant que Kabyles, comme le ferait quelqu’un d’autre qui parle de son peuple, il le fait de l’intérieur. C’est plus pertinent mais plus exposé au risque de subjectivité. Oui, il y a risque de subjectivité mais c’est pour ça qu’on discute pour se remettre les uns les autres sur terre. Sauf qu’on ne peut pas en parler comme si nous étions les autres qui regardent de loin, … car on est dedans.

        • D’accord avec toi @ kichi sur le socle commun de l’humanité. Je compléterai, néanmoins, cela avec une différence de taille : la culture (ne pas sortir lfuchi!) qui à façonné les peuples aux travers des âges.

          • Bien sur, Urfane. Je dis que la culture est façonnée par la façon dont le groupe s’organise autour de la production de ses besoins. Dans le cas des kabyles, l’environnement aride de la montagne ne laissait pas beaucoup de choix. Les siciliens, les sardiniens, les corses, les auvergnats, et même des américains dans les montagnes isolées de l’Ozark, ont connu des systèmes et des idéologies similaires.
            Si tu reconnais le museau du Matérialisme Historique, tu ne te trompes pas, c’est bien ce dont je parle. L’idéologie est le résultat de l’infrastructure matérielle, pas l’inverse.

    • Exclues est une mot un peu approximatif, je dirais. Disons qu’elles sont EFFICACES. Elles reflechissent, discutent et decident, puis DISENT A LEUR MARI quoi dire ou faire. En attendant, elles seront occupe’es a faire plus qu’a dire…
      Moi je les appele Thirgazines !

    • Bonjour Kichi.
      Puis-je ne pas être d’accord avec TON 100%.
      En fait de quoi parles tu ? du génome, de l’aptitude physique, des capacités cognitives, du tempérament, du caractère impulsif et parfois destructeur,
      Je pense avoir suffisamment visité TAKERKA pour pouvoir émettre un avis. Comme l’expérience est la mère des sciences ma constatation vaut une seitta d’orge. Les habitants de TAFERKA sont différents ; et les Kabyles ne sont pas à 100% comme les autres (comme il a dit lui). Les américains non plus et les congolais encore moins sans parler des Afrikaners….
      J’ai conforté mon idée avec la lecture SAPIENS Une brève histoire de l’humanité de Yuval Noah Harari.
      Au passage un grand fou rire sur le cas des HOMOHERECTUS.
      En plus terre à terre en 1857 les kabyles étaient différents des autres habitants de ce que la France à décrété : Algérie ; en 1954 non plus en 1963 non plus en 1980 encore moins en 2001 je ne te fais pas un dessein. le 10 décembre 2019 est pour moi le point de non retour.
      Cela en ne considérant que « L Algérie » je pourrais entreprendre la meme démarche au Maroc, en Tunisie en Libye (Pays que j’ai visité pas en tant que touriste)
      En fin dernièrement en France les téléspectateurs ont vu et entendu lors d’une emission que la KABYLIE n’est pas 100% comme partout en Algérie AILLEURS QU’EN KABYLIE C’EST : Géhénama.

      TRES AMICALEMENT

      • Salut, El Hassi.
        Si tu voyages et vis parmi d’autres peuples du monde, tu ne manqueras bien évidemment pas de remarquer qu’un kabyle ressent les choses et voit l’univers de façon différente d’un chinois, d’un pygmée ou d’un gros-lard américain. Ce n’est pas de cet aspect extérieur premier que je parle.

        Ce que je dis c’est que nous avons tous la même cervelle, et si nous sommes mis dans les mêmes conditions de vie, nous réagirons tous de la même façon. Les kabyles ont développé leur système politique parce qu’ils vivaient dans des montagnes avec très peu de potentiel économique autre que la simple survie dans des conditions misérables.

        Qui sont les gens considérés comme les plus civilisés du monde aujourd’hui? Parmi eux il y a les scandinaves. Or, il n’y a pas tellement longtemps les ancêtres des scandinaves étaient synonymes de bêtes sauvages humaines, les Vikings. Même chose avec les allemands: Il y a des gens encore en vie qui attesteront de leur absence totale d’humanité il n’y a pas longtemps.
        Les mêmes gens mis dans des circonstances différentes agissent de manière similaires, quelle que soit leur origine ethnique. Tu mets nos ancêtres en Scandinavie il y a 1000 ans, et ils auraient été aussi sauvages que les vikings. Tous la même racaille, français, juifs, arabes, allemands, japonais, tous.

  3. La point commun de tous ceux qui ont traité de la société kabyle, de son mode de gouvernement est qu’ils occultent tous sans exception l’héritage antique et la religion des ancêtres dans la constitution de cette cité. Or ces deux éléments sont fondamentaux. Certes, peut-être qu’ils ne traitent pas des origines, mais quand on évoque l’islam ou les marabouts comme sources de certains éléments, nous sommes bien entrain de parler des origines ! C’est comme si la Kabylie n’a jamais fait partie des royaumes numides et mauritanien, ni de l’empire romain. Comme si le vocabulaire agraire, de la terre et domestique
    n’est pas chargé de mots latins et puniques.
    La cité état telle qu’elle est en Kabylie n’a d’équivalent que dans l’antiquité grecque, phénicienne et italienne antique. Or ces civilisation ont toute un lien directe avec l’Afrique du Nord. Et la Kabylie de par sa géographie est l’endroit où l’héritage antique s’est, mieux qu’ailleurs en Méditerranée, s’est conservé.
    La religion est l’autre aspect qui s’est bien conservé en Kabylie. Ce que les faussaires de l’état algérien appellent «El 3adat » pour ne pas désigner la religion kabyle détermine pourtant le mode de représentativité dans le conseil de la cité kabyle. La ou l’écrit a conservé la mémoire de l’antiquité montre que le conseil de la cité grecque est composé des pères, les patres à Rome, les anciens qui sont aussi les prêtres du culte domestique. Exactement la même composition du conseil de la cité kabyle : les chefs de familles qui ne portent, certes, plus l’habit de prêtre – mais le culte domestique existe encore, le culte de l’a3essas.

    • « …La point commun de tous ceux qui ont traité de la société kabyle, de son mode de gouvernement est qu’ils occultent tous sans exception l’héritage antique et la religion des ancêtres dans la constitution de cette cité. Or ces deux éléments sont fondamentaux. Certes, peut-être qu’ils ne traitent pas des origines, mais quand on évoque l’islam ou les marabouts comme sources de certains éléments, nous sommes bien entrain de parler des origines ! C’est comme si la Kabylie n’a jamais fait partie des royaumes numides et mauritanien, ni de l’empire romain. Comme si le vocabulaire agraire, de la terre et domestique n’est pas chargé de mots latins et puniques. »

      Voila quelque chose de si subtile et si vrai !!!

      Il faut bien leur poser la question a ces singes: Qu’est le meilleur qu’a produit la culture Greco-Romaine/Latine? – Il iront automatiquement s’approvisionner dans dans les concepts spirituo-philosophiques occidentaux. Et faut bien pousser, c.a.d. sur quelle planete? A 1ere vue, ils sortent Italie ou grece et pour etre surs, ils s’aventurent chez 3aami Google – qui leur dit de se mettre en culotte et de devoir nager, pour aller voir de l’autre rive de la Mediterannee. Et non, il ne prechait ni ecrivait en Tunisie, mais en la Kabylie qu’elle fut alors, Annaba. Lire l’histoire plus lointaine, vous trouverez que la ville Milan est une ville Numide. Et que veut dire Rome comme structure politique exactement? Pourquoi Rome et non Carthage? Le Salluste dit tout ca. La ville de Rome n’est tout simplement pas aussi expose’e a la mer que l’est Carthage. Quand a structure et fonctionnement, c’est la 1ere forme de gouvernance Federale, dans le sens d’Etats Federe’s, qui n’existait alors que chez-nous. Les plus rigolos de ceux-la sont les Frenchies – qui preferent et font tout meme pour eliminer les Amazighiphones et Kabyles en premier, qui n’ont jamais avale’ leur royaume franco-islamiste, contrairement aux Arabophones qui ont bien digere’ la pillule. Il faut bien se la poser la question: Pourquoi ont-ils reussi ailleurs mais pas en Kabylie? La Francophonie Africaine etant partie, vivement que le couple Germano-Turque les atteignent.

  4. Ce qu’il faut retenir de la Kabylie c’est qu’elle a tjrs su se gouverner même sans état et ça est dû principalement à une organisation et gestion horizontales où tous les citoyens peuvent participés et exprimer les problèmes du villages où les plus âgés jouent souvent le rôle de sages, consultés en dernier recours pour trancher lorsque l’assemblée ne trouve pas de concensus. Cette pratique ancestrale a des choses à revoir comme celui de la place de la femme, ce qui est important c’est le socle qui s’inscrit dans les moeurs du citoyen qui doit la moderniser . Remplacer certaines mosquées par exemple en maison du citoyen dans un bâtiment moderne qui s’intègre au site et qui regrouperait une bibliothèque, un conservatoire de musique, une salle de rénuion, des cours du soir etc…et surtout faire trois types d’assemblée ouvertes à tous, une pour les hommes ( hebdomadaire ) , une pour les femmes ( hebdomadaire ) et une mixte ( mensuelle ), les membres de l’assemblée élus chaque année, c’est un devoir citoyen, aucun n’est payé sauf pour des missions ou pour compenser son salaire dans le cas où il consacre son temps à l’assemblée. N’oublions pas que dans les traditions Kabyles il existe plusieurs types de solidarité comme par exemple Tiwiza pour le bien de tous le village. La mise en place de cette pratique de gouvernance n’est possible qu’avec l’indépendance de la Kabylie pour fonder un état laïque et de démocratie citoyenne déjà dans l’état d’esprit des Kabyles. L’Algérie arabo islamique avec sa doctrine militaire paralyse la Kabylie depuis 62, pire que ça il la tue doucement pour mieux la dévastée, la détruire, un régime en somme maléfique, diabolique qui te prive de tout mm de respirer de l’oxygène comme c’était le cas pdt le covid.

    • J’ai oublié de préciser que l’état dans les nations est fondé principalement sur la sécurité du citoyen en échange d’un peu moins de liberté, en Kabylie le problème ne se posait mm pas puisque il n ‘y avait pas besoin de police ni de prison, les malfaiteurs en fonction de leur délit peuvent subir diverses contraintes allant des excuses en public au banissement du village.
      Ayant vécu longtemps en Kabylie je sais que la philosophie familliales Kabyle tire la société vers le haut car autant elle admire et respecte les gens doués surtout par le biais des études, les Kabyles rejettent catégiriquement la délinquance qui est très mal vue et autant ils respectent bcp les hommes de la science, bien sûr les parents transmettent leur expérience mais restent très ouverts à évoluer avec leurs enfants, l’apprentissage est dans les deux sens et ça c’est une question d’état d’esprit, à titre d’exemple les parents Kabyles n’hésitent pas à encourager leurs enfants sans distinction de sexe que ça soit dans la musique, le sport, les études etc…

  5. « 
    Mahé, qu’avant l’affirmation du pouvoir religieux des marabouts, les Kabyles de la Grande Kabylie pratiqueraient le hubus, soit vraie, il fallait dans cette Kabylie une écriture pour ratifier l’engagement et une autorité pour le faire respecter ; or la Grande Kabylie de la période d’avant l’arrivée des marabouts est incontestablement une société sans écriture et sans Etat.
     »

    Mais, il faut clarifier cette NOTION D’ETAT, a la fin
    Voici ce que dit Larousse:
    « État. 1. Société politique résultant de la fixation, sur un territoire délimité par des frontières, d’un groupe humain présentant des caractères plus ou moins marqués d’homogénéité culturelle et régi par un pouvoir institutionnalisé.

    Parler d’une cite’, c.a.d. un territoire Habite’ et organise’, c’est parler d’un Etat. Des lors qu’il y a Peuple et territoire, il y a etat. Dans le terme Peuple, je vous invite a aller consulter les defintions des Nations Unies ou autres Institutions… pour voir ce que c’est… Un Peuple en 2 mots est groupe Humain qui possede des caracteristiques qui lui sont specifiques. Bref, La Kabylie n’est pas un territoire seulement, mais une Patrie d’un Peuple. Mieux encore, un peuple AUTOCHTONE, qui a ses formes et moyens d’auto-gouvernance.
    De quoi a-t-il, lui le Roberts, vous tous et tant d’autres avant, avez vous ecrit discute’ bagare’s et je ne sais quoi ???
    Des autorite’s Kabyles, biensur qu’il y en a eut et en y en a encore. Des regles/lois, pareil !!!
    Ce qui manque de l’image de reference que tout ce monde s’est servi, c’est une arme’e, c.a.d. des gens dont la seule occupation est de renforcer les Lois.
    Ce dont il y a lieu de parler est QUELLE CULTURE ET PEUPLE peut exister des Millenaires avec toutes ces infrastructure et sans besoin ni d’une arme’e ni d’une police ???
    La reponse est evidente: Une societe’ SPIRITUELLE, sans etre religieuse.
    Tandis qu’ailleurs la religion est une jurisprudence, en Kabylie c’est UN SENTIMENT SINCERE.
    Voila ce qui echappe a ces gueux et a tant d’autrement savants gens…

    Moi je dis que tandis que partout ailleurs en ces temps lointain, regnaient des Tyrans jamais elus par personne, il n’y avait pas d’Etat du tout ! Chez-nous en Kabylie QUE SI QUE Si… Disons qu’il n’y avait pas de dominance. Et a mon avis, cela est du a l’impermeabilite’ de nos personnalite’s et l’isolement geographique. Un ami Chinoix m’a une fois fait ecouter une chanson ancienne… Les gens des mantagnes – qui decrit cette personnalite’-la.

    Tout cela dit, il y a l’histoire faite par d’autres et il y a celle que nous avons a faire !

    • Si du passe’, nous recevions des visiteurs curieux qui necessitait le rassemblement d’une arme’e que temporairement, de nos jours et comme ce fut en 1954, et 1963, Une arme’e est devenue UNE NECESSITE’ EXISTENTIELLE !
      1. Un Objectif clairement etabli.
      2. Des Hommes totalement enguage’s.
      4. Une Structure et Organisation bien definies.

      Tout cela existe deja, il ne manque plus qu’un peu d’Homme-lette, c.a.d. courage… Des supporters et sympatisants, nous en avons, mais ce n’est certainnement pas eux qui vont faire le travail a notre place.

      Le reste n’est que BLA BLA . . . . . . Ou comme disait l’ancien, de la literature dans une langue etrangere.

  6. Bonjour.

    J’ai juste une petite remarque, à propos du sous-titre de l’ouvrage. Dans la version originale, en langue anglaise, le titre complet est : Berber Government. The Kabyle Polity in Pre-Colonial Algeria.
    « The Kabyle Polity in Pre-Colonial Algeria » est le sous-titre que j’ai évoqué.
    Comme on peut le remarquer, la traduction de « The Kabyle Polity in Pre-Colonial Algeria » est « La politique kabyle en Algérie précoloniale ». Donc on parle de « politique kabyle » et non pas de « cité kabyle ». La question est alors – au risque d’être accusé de complotisme – : Pourquoi « cité » au lieu de « politique » ? Le(s) traducteur(s) voulai(ent)-il(s) signifier, ce faisant, qu’on peut accepter l’idée de « cité », au sens « gestion des affaires de la ville, du quotidien…. Bref! des tâches purement administratives limitées à une collectivité, comme pourraient l’être, de nos jours, les affaires d’une commune, par exemple, le tout dans le but d’éviter de sous-entendre l’idée de politique, laquelle, adossée au mot « gouvernement », du titre, signifierait alors, en filigrane, « État », « Nation » ?

    Y a-t-il d’autres passages ainsi « falsifiés », ou au moins « atténués », tout au long de l’ouvrage, à moins qu’ils ne soient tout simplement gommés, voire remplacés ?

    Tout ceci m’amène à conseiller aux éventuelles lectrices et lecteurs de cette traduction, de faire preuve de vigilance et de se référer, à l’original. Personnellement, je n’accorde aucune confiance aux éditions Barzakh et au gouvernement Tebboune.

    A bon entendeur…

    • Le mot “cité” choisi par la traductrice pour “polity” est bien correct. Cité, ou entité politique. Il ne s’agit pas de “policy” (un réglement) ou “politics” (la politique.)

    • ´Cité’, dans son acception classique signifie état. Athènes, Rome, Carthage, comme plus tard Gènes, Venise, Milan, Florence, … étaient des cités et des états. C’était la norme en Occident classique.
      Pour abonder sur le sujet, La Phénicie et la Grèce, (celle féconde d’avant Alexandre) n’existaient pas en tant qu’états. Ce sont des constellations d’états cités parfois confédérées parfois non. Ça rappelle drôlement la Kabylie.

    • Question pertinente. Une autre esquive, c.a.d. couverture de son approche approximative. Il limite la specificite’ Kabyle aussi bien culturelle[commentaire precedant de Kichi] et l’evite-meme… pour ne pas « gener » le regime Algerien et par ce cause un prejudice de taille et ces questionnements justement. Cependent ayant parcouru ses rapports et ecrits, il s’est aussi laisse’ une porte de sortie, en melant ca a l’ecart qui existait entre les regions et Peuples du territoire « Algerie » et le Kalifat/regence d’Alger.
      Pour quelqu’un qui reconnait la legitimite’ de l’Irelande du Nord de se retirer de l’Irelande, c’est bien la que ca coince – et n’y a de sortie de l’auberge que la conception de la notion de Religion d’Etat, qui est l’os que les autres Irelandais n’arrivent pas a avaler. La langue dans l’univers de ce monsieur est secondaire par rapport a la religion – Centre du conflit Irelandais. A se demander, si ce n’est pas la, la veritable raison qui l’interesse a notre region, car les portes sont toutes ferme’es en Israel/Palestine. La theorie Jesus Roi, fils de dieu, etc. labas, fait rire. La seule theorie qui valide tout ca n’a d’autre domicile qu’Annaba-Souk Ahras. Meme pas Rome ou Vatican City. Passons la commande(argent) de rapports que son organisation vend aux differentes instances internationales, dans la pseudo-mission de resolution des conflits post-coloniaux. Un bon commerce de papier(rapports et publications) et d’armes qu’il ne faut surtout pas fermer.
      S’est-il indigne’, a-t-il condamne’ l’arret de Mme Nat Saed? Si vous vouliez voir une action dans ce sens-la, il faudrait postez quelque chose sur le site de chanteuse Madona.
      Tout cela n’a d’interet

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