21 novembre 2024
spot_img
AccueilCultureRencontre-débat avec Christian Phéline au Centre culturel algérien

Rencontre-débat avec Christian Phéline au Centre culturel algérien

Le Centre culturel algérien (171, rue de la Croix-Nivert, métro Boucicaut), accueillera mercredi 5 octobre, à 19 h, la présentation du livre La Terre, l’Etoile, le Couteau. Le 2 août 1936 à Alger.

L’auteur, Christian Phéline, sera présent pour échanger avec le public et signer son livre.
Le débat sera animé par l’enseignant et journaliste Faris Lounis.

La Terre, l’Étoile, le Couteau

Le 2 août 1936 à Alger

Un beau dimanche de l’été algérois… Bien avant le 1er Novembre 1954, la rencontre inattendue de trois événements va en faire une journée fondatrice.

Ce matin-là, quelque quinze mille participants se rassemblent au Stade municipal, à Belcourt, où le Congrès musulman algérien, créé deux mois plus tôt entre réformistes religieux de l’Association des Oulémas, élus musulmans et militants communistes ou socialistes algériens, rend compte de ses entretiens avec le gouvernement de Front populaire.

Débarqué à l’aube, Messali Hadj, dirigeant en métropole de l’Étoile nord-africaine, impose par surprise sa présence au meeting, dénonce la visée de « rattachement à la France » prônée par le Congrès, reçoit un triomphe lorsqu’il proclame : « Cette terre n’est pas à vendre ! ».

Au même moment, dans la Basse Casbah, le grand muphti d’Alger est poignardé en pleine rue. En imputant l’origine du crime au cheikh TaIeb El-Okbi, principale figure algéroise des Oulémas à laquelle elle associe le négociant Abbas Turqui, l’administration coloniale réussira à mettre à mal l’unité du Congrès musulman et les promesses du Front populaire.

Le meeting. Le discours. Le meurtre… Nourri de nombreuses archives ou témoignages inédits, cette enquête restitue minute par minute, le déroulement, d’une extrémité à l’autre de la ville, de cette matinée décisive. Elle analyse les forces sociales qui s’y mettent en mouvement et comment l’apprentissage des formes modernes de l’action collective et du combat démocratique s’y mêle à la symbolique de l’islam traditionnel. Démontant les relectures biaisées qu’en a faites l’histoire officielle, elle en observe les suites pour les diverses forces politiques et l’essor en Algérie même du courant indépendantiste.  

Reprenant les pièces du procès de 1939 dont le jeune Albert Camus avait rendu compte dans Alger républicain, elle remet aussi au jour les pratiques de la manipulation et de la torture dont la police coloniale était déjà coutumière et réunit des éléments neufs qui pourraient lever le mystère du dossier criminel.

On peut le mesurer alors : le 2 août 1936, croisée des chemins où fut ouverte la perspective de l’indépendance, portait déjà en lui les enjeux qu’ont réactualisés les mobilisations démocratiques unies de 2019-2020. Comment libérer le débat public de tous contrôles occultes ? Concilier unité et droit aux différences entre citoyens d’une même nation ? Garantir dans un État de droit, la distinction entre vie civique et exercice de la foi ?

Plus que jamais, devant de telles attentes, le formidable coup d’envoi qui, sous les mots de « Constituante élue au suffrage universel sans distinction de race et de religion ! », fut donné le 2 août 1936, manifeste sa force agissante. Une même exigence de souveraineté y liait pour l’avenir l’expression d’un nouveau vouloir national et le plein épanouissement de la liberté démocratique. Mais n’est-ce pas de cette « seconde indépendance » d’où naîtrait une société fraternelle, pluraliste et ouverte sur le monde que la société algérienne, après avoir, il y a soixante ans rompu le joug colonial au prix d’une guerre sans pitié, reste toujours en attente ?

Christian Phéline a publié récemment Un Guadeloupéen à Alger. Me Maurice L’Admiral (1864-1955) et Des avocats « indigènes » dans l’Alger coloniale (Riveneuve, 2014 et 2016) ainsi que Aurès 1935. Photographies de Thérèse Rivière et Germaine Tillion (Hazan, 2018), codirigé le recueil Défis démocratiques et Affirmation nationale. Algérie 1900-1962 (Chihab, 2016) et coécrit avec Agnès Spiquel Camus communiste. Alger 1935-1937 (Gallimard, 2017) et Alger sur les pas de Camus et ses amis (Arak, 2019).

LAISSEZ UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

ARTICLES SIMILAIRES

Les plus lus

Les derniers articles

Commentaires récents