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Rendons-là possible, cette révolution

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Rendons-là possible, cette révolution

« Prosodos est un mot remarquable. Il signifie, en un premier sens, l’abord, le point où le chemin touche son but ». Jacques Rancière.

Le mot révolution est tellement galvaudé qu’il faut remonter aux actions de tous ces premiers hommes et femmes qui se sont révoltés contre l’ordre qu’ils considéraient injuste. Nul besoin d’évoquer Spartacus ou nos héros nationaux pour exprimer l’enthousiasme des soulèvements populaires rendu par une expressivité légendaire excessive. 

La traduction en changement de régime politique semble être insuffisant pour refléter l’état du délabrement de l’état social. Des réfractaires à un ordre établi, il y en a toujours eu non seulement au sein des systèmes impériaux mais aussi au sein des systèmes monarchiques ou républicains.

Autant dire, qu’il y a toujours eu des actions contre un ordre établi fut il le plus égalitaire possible lorsque le consensus social s’effrite. En Afrique du Nord et au Sahara, les régimes de l’Etat ne tiennent qu’à un fil lorsqu’ils perdent leurs liens de coercition envers les imbrications segmentaires (les clans) qui maintiennent en l’état le système politique.

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Paradoxalement, la constance segmentaire au lieu comme le pense l’ethnologie politique de diluer les organes de l’Etat les renforce par le biais de l’élargissement du clientélisme qui culmine en Algérie avec le populisme intégral des présidents Ben Bella et Boumediene.

L’acte avorté de la présidence de Bouteflika s’inscrit dans l’insuffisance de cet élargissement qui s’est fait uniquement en termes de marché et non pas en terme adhésion effective. Sur le plan symbolique, le recours pur et simple aux zaouias n’a pas changé la donne parce qu’elles ne représentent pas un poids suffisamment important pour contrer l’eschatologie politique de l’islam radical.

En termes sociologiques, ces organisations en complète désuétude se sont avérées inopérantes pour maintenir l’ordre social et politique. Un tel fiasco politique s’est traduit par dégradation exponentielle de la situation aux yeux des Algériens. Et eu égard au statu quo actuel, il s’avère que les marches hebdomadaires des manifestants sont devenues inefficaces pour mener à bien la révolution du Hirak. Dès lors se pose la question de savoir en quoi le Hirak est insuffisamment armé pour détruire le système qu’il aspire changer radicalement pour une vie meilleure des Algériens et surtout que ces derniers se sentent libres de toute tutelle.

En effet, le slogan « Yetnahaw Ga’a » n’est pas une simple gageure pour ne pas croire à la possible révolution du Hirak.

Tout au contraire, il est consubstantiel à la volonté populaire de prendre son destin en main par la désignation de ses propres dirigeants au lieu d’une légitimité détournée par les opportunistes de la dernière heure.

Autrement dit, la persistance des marches hebdomadaires en est le signe de la vivacité de l’élan populaire mais à condition que des actions plus risquées que le pacifisme de la Salmiya soient menées pour élargir le champ de la contestation populaire.

Impérativement, les leaders du Hirak doivent penser à mener un combat beaucoup plus dur que l’occupation occasionnelle de l’espace public. Ils doivent inventer des moyens plus astucieux pour contrer les velléités d’un régime moribond et plus que jamais finissant.

 

Auteur
Fateh Hamitouche

 




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