29 janvier 2025
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Retour émouvant de Salim Bensdira : « Ma Folie » illumine la scène de Sétif

La Coopérative Théâtrale « Les Compagnons de Nedjma » a frappé fort à Sétif avec une pièce magistrale et déchirante, Ma Folie (هبالي), portée par l’immense talent de Salim Bensdira.

Ce dernier, figure emblématique du théâtre algérien, revient sur scène après une absence marquée, et c’est tout le poids de son expérience et de sa sensibilité qui transparaît dans cette œuvre bouleversante.

Mise en scène et interprétée par Bensdira, avec un texte poignant signé Ismaël Aït Djafar, cette adaptation du poème « La complainte des mendiants arabes de la Casbah et de la petite Yasmina tuée par son père » nous plonge dans l’univers sombre et tragique d’Alger en 1949.

À travers des décors épurés et des ambiances sonores saisissantes, magnifiées par le violon de Hiba Benzid et les compositions sonores de Nabil Mousli, Ma Folie transcende le simple récit théâtral pour devenir un cri de mémoire, une ode à la résistance face à l’oppression.

Un récit tragique, une puissance universelle

Dans la Casbah défigurée par la misère et l’oppression coloniale, Ma Folie raconte l’histoire déchirante d’un père, acculé par une violence systémique et inhumaine, qui en vient à commettre l’irréparable : ôter la vie de sa propre fille, la petite Yasmina. Ce geste d’une cruauté inouïe, qui symbolise à la fois la perte d’espoir et le poids insupportable de l’injustice, trouve une résonance universelle dans son exploration des limites de l’humain face à l’absurde.

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En arabe algérien et en français, le texte d’Aït Djafar nous renvoie l’image glaçante d’un système colonial qui déshumanise, broie et étouffe. Mais au-delà de son contexte historique, cette pièce interpelle les sociétés d’aujourd’hui. Elle nous pousse à réfléchir sur les inégalités, l’exclusion et la violence qui continuent de ronger nos mondes contemporains.

Salim Bensdira : un retour vibrant et essentiel

Salim Bensdira, véritable pilier du théâtre algérien, transcende le texte par son interprétation. Chaque geste, chaque intonation, chaque silence semble habité par les fantômes de la Casbah, faisant de Ma Folie bien plus qu’une pièce : un véritable témoignage. Ce retour sur scène, tant attendu, est un hommage au théâtre comme vecteur de mémoire et de réflexion collective.

Un théâtre qui résonne profondément

Dans Ma Folie, tout est pensé pour toucher le spectateur en plein cœur. La mise en scène, dépouillée mais vibrante d’intensité, s’appuie sur une musique et des bruitages qui amplifient l’émotion brute. Le violon de Hiba Benzid semble pleurer les souffrances d’une époque, tandis que les sons de Nabil Mousli plongent dans une atmosphère oppressante et viscérale.

Cette fresque théâtrale est bien plus qu’un hommage à une époque révolue. Elle interpelle, questionne, et met en lumière les mécanismes insidieux des systèmes oppressifs, qu’ils soient d’hier ou d’aujourd’hui. Ma Folie rappelle avec force que l’art, lorsqu’il s’engage pleinement, peut être une arme puissante contre l’oubli et l’injustice.

À ne pas manquer

Avec cette pièce, les « Compagnons de Nedjma » offrent une expérience théâtrale rare, portée par un acteur d’exception et une équipe artistique talentueuse. Ma Folie est une œuvre à la fois intime et universelle, une claque émotionnelle qui marque durablement. Pour les amateurs de théâtre, mais aussi pour tous ceux qui cherchent à comprendre les luttes et les douleurs des sociétés passées et présentes, ce rendez-vous à Sétif est incontournable. Salim Bensdira signe ici un retour sur scène vibrant, un acte de résistance artistique qu’il serait dommage de manquer.

Toufik Hedna

2 Commentaires

  1. « …magnifiées par le violon de Hiba Benzid et les compositions sonores de Nabil Mousli, Ma Folie transcende le simple récit théâtral pour devenir un cri de mémoire, une ode à la résistance face à l’oppression… » QUIi est toujours présente CETTE OPPRESSANTE PERSÉCUTION d’un peuple muselé dans son expression spolier dans ses biens matériels et immatériels…Tel est notre destin CRUEL…ORCHESTRÉ par une délinquance en costumes et treillis qui selon la direction des vents DOMINANTS fait ALLEGEANCE pour pérenniser la destruction des fondements même de ce qui fait notre SINGULARITÉ parmi les nations…!

  2. (« « La complainte des mendiants arabes de la Casbah et de la petite Yasmina tuée par son père » nous plonge dans l’univers sombre et tragique d’Alger en 1949. »)

    « Ma Folie »
    Il en faut de la folie, pour plonger si prond dans les entrailles ténébreuses du passé pour aller dénicher une histoire poignante et déchirante de yasmina et d’un papa « acculé par une violence systémique et inhumaine à commettre l’irréparable » . Chose totalement inimaginable de nos jours, à l’ére des lumières, de l’amour paternel, fraternel, conjugal,…et de l’amour tout court dans nos sociétés de bigots.
    De nos jours, les yasmina vivent comme des reines toutes voiles dehors sans risques ni entraves. Les yasmina d’aujourd’hui ne risquent absolument rien, ni du papa; ni du grand, encore moins du petit, frère; ni d’un mari violent et encore moins d’un soupirant éconduit poliment;…
    Mais dans le future, surtout dans le future lointain, ce sera très dure de faire du théâtre de qualité, car il faudra être encore plus fou pour plonger encore plus profondément pour aller chercher et surtout trouver des histoires intéressantes.

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