Lundi 3 août 2020
Révélation d’une étude sur la consommation d’alcool
«L’alcoolique est un être errant qui recherche dans les vignes du Seigneur son paradis perdu. » André Pronovost
Dans de nombreux pays, le débat alimente la polémique, entre les partisans et les détracteurs de la consommation de l’alcool. Pour les premiers, souvent inféodés au lobby des alcooliers, seul l’abus d’alcool peut provoquer des maladies liées à la consommation des spiritueux. Pour les spirituels abstinents, au contraire, toute consommation d’alcool génère des maladies. Chiffres à l’appui, chaque camp campe sur son intransigeante position. Aucune des parties ne veut mettre respectivement de l’eau dans son vin et du vin dans son eau pour dégriser le débat trop enivré par les multiples titubantes études vacillantes en matière de véracité scientifique.
Pour les défenseurs d’alcool, ou alcooliques « défoncés », devrait-on les nommer tant leurs soûlants arguments déversés sans modération ne tiennent pas debout, l’alcool n’est nullement responsable des différentes maladies associées pourtant ordinairement à la consommation des divers et variés spiritueux vendus par les tenanciers de bars et autres marchands de liqueurs.
Pour les médecins et addictologues, au contraire, les études sont indiscutables : l’alcool constitue un problème de santé publique majeur. A l’appui de leur affirmation, ces scientifiques précisent que « l’alcool est la première cause d’hospitalisation », comme le démontre une étude française. Pour ces détracteurs de l’alcool, toute consommation d’alcool comporte un risque grave de santé, un risque sanitaire.
Lucidement, ces partisans de l’abstinence de l’eau-de-vie, démontrent sobrement que la consommation d’un verre d’alcool par jour augmente le risque de pathologies et également le risque de surmortalité. De surcroît, ils soulignent aussi les méfaits de l’alcoolisme passif (sur l’entourage et les enfants). Ils insistent sur les dramatiques effets collatéraux de l’alcoolisme : violences conjugales, viols, accidents de la route. Sans oublier les syndromes d’alcoolisation fœtale, consommation d’alcool en période de grossesse, première cause de retard mental évitable. Ces partisans de l’abstinence alcoolique se défendent de se placer sur un terrain moral. Ils s’expriment en qualité de scientifiques et non pas de moralistes.
Seule compte la santé de la population. Pour ces adeptes de l’abstinence, la dangerosité et la nocivité de l’alcool sont évidentes. Pour preuve : près de 3 millions de personnes décèdent chaque année dans le monde pour cause d’alcoolisme (ainsi l’alcoolisme provoque cinq fois plus de morts qu’une grippe saisonnière ou le nouveau coronavirus ; et pourtant, ironie de l’histoire, aucune mesure de fermeture des lieux de consommation et de vente d’alcool n’a été décrétée pour enrayer cette hécatombe éthylique, ni également aucune mesure de confinement généralisé flanquée de la cessation de l’activité économique commerciale et industrielle n’a été instaurée pour empêcher le virus de l’alcoolisme de se propager).
Ainsi, l’alcoolisme provoque cinq fois plus de décès que la grippe saisonnière et le coronavirus. Pourtant, aucune mesure de confinement pour cause de mise en danger de la santé n’a jamais été décrétée pour dégriser la société de l’alcoolisme délétère.
Quoi qu’il en soit, une dernière publication vient conforter les recommandations de ces médecins imbibés de modération scientifique. En effet, une récente étude démontre qu’un seul verre de vin quotidien a des effets nocifs sur la santé. Pour ces scientifiques, seul le « zéro alcool » prémunit totalement des risques de décès prématuré, des multiples pathologies, notamment les maladies cardiovasculaires et le cancer.
Selon cette étude la consommation d’un seul verre par jour durant une année augmente de 0,5 % le risque de développer des problèmes de santé lié à l’alcool (cancer, maladie cardiovasculaire, AVC, cirrhose, violences…), par rapport aux abstinents.
Cette étude sur les niveaux de consommation d’alcool, très rigoureuse, a été menée dans 195 pays entre 1990 et 2016. « Les risques pour la santé associés à l’alcool sont énormes », précise l’étude. Elle note que l’alcool se place au 7e rang du classement des facteurs de risque de décès prématuré et d’invalidité dans le monde. À cet égard, l’étude tord le cou au mythe des vertus médicinales liées à la consommation d’alcool, mythe répandu par les lobbies des alcooliers. Seul le « zéro alcool » prémunit contre le risque de maladies, avance l’étude.
Au reste, il ressort de l’étude que la consommation d’alcool varie selon les pays. Pour la population masculine, placés en haut du classement des grands consommateurs d’alcool, viennent en tête les Roumains (8,2 verres par jour), talonnés par les Portugais et les Luxembourgeois (7,3 verres par jour). En ce qui concerne la population féminine, en tête du peloton des alcooliques figurent les Ukrainiennes (4,2 verres par jour), suivies des Luxembourgeoises (3,4 verres par jour). En France, la consommation est de l’ordre en moyenne de 4,9 verres par jour chez les hommes et de 2,9 chez les femmes.
Pour l’Algérie, la publication ne mentionne pas les chiffres de la consommation d’alcool. Pourtant, il serait intéressant de connaître la consommation « officielle » d’alcool des Algériens pour mesurer l’impact sur leur santé. Néanmoins, à sillonner certaines régions de l’Algérie, on peut se faire une idée sur la consommation immodérée de l’alcool par la surabondance de canettes et bouteilles de bière jonchant les bordures de routes.
Cette invasion de canettes et bouteilles d’alcool nous renseigne sur l’alcoolisme manifeste de nombreux Algériens, mais surtout sur leur absence de civisme illustré par l’abandon de leurs fioles d’alcool sur les routes, dénaturant ainsi les paysages féeriques de ces régions algériennes, polluant les espaces naturels de ces contrées jusqu’à présent immaculées.
Enfin, l’étude révèle que le monde compte 2,4 milliards de buveurs d’alcool, dont 63% sont des hommes. Ainsi, 3 millions de personnes meurent par noyade alcoolique. Que pourrait-on leur conseiller, sinon d’apprendre à nager dans l’abstinence pour éviter de boire la tasse, de plonger dans le tourbillon de l’alcoolisme.
Qu’a défaut de se désaltérer, pour apaiser leurs tourments, à coups de spiritueux, ils feraient mieux d’étancher leur affres en s’abreuvant de vie spirituelle. Spiritualité qu’il convient de dissocier de la religiosité. Car la religion, absorbée à forte dose, est une forme d’enivrement théologique où l’esprit sombre dans le coma de la rationalité, autrement dit dans une forme sévère d’altération des facultés intellectuelles.
La religion n’est pas synonyme de spiritualité, loin s’en faut, ni de modération comportementale, ni de sobriété éducationnelle, ni d’exemplarité morale. Dans sa forme radicale, consommée sans modération et imposée sans pondération comme dans certains pays, la religion peut nuire gravement à la santé mentale, voire physique.
« To be, or not to be » : être ou ne pas être favorable à la consommation de l’alcool ? Telle est la question. Eau-de-vie ou ode à la vie : cahotant dilemme de l’existence chaotique. Qu’importe la façon de mener sa destinée, pourvu qu’on ait l’ivresse de la vie !
« L’alcool ne prolonge pas le rêve, il s’empresse de le chasser dès qu’il va l’atteindre.» Alain Grandbois