Lundi 27 janvier 2020
Révolution pacifique : que faire ?
La révolution pacifique, euphorique et spontanée, communément, appelée Hirak, avait impressionné le monde entier, par son caractère exigeant, revendicatif et sans violence. On n’aurait jamais cru, un jour, le peuple algérien capable d’une telle prouesse.
Une révolution, sans casse et sans fracas, se mettre, tranquillement, face à un système autoritaire, brutal, prédateur et opaque. L’un des systèmes les plus pervers du monde. Invisible dans l’espace politique, rapace par ses méthodes et vorace par sa dilapidation des richesses. Un système malfaisant qui évoluait, depuis plusieurs décennies, dans un contexte sociétal fétide, sciemment développé en instiguant les carcans pour entraver la société dans une atmosphère de corruption généralisée.
Devons-nous nous détacher des sirènes de l’opprobre et de l’anathème d’une culture « cachériste » ? qui souille, encore, nos esprits secoués par les démons d’un pouvoir perfide et sans vision, de long-terme, pour la construction du pays.
Devons-nous nous unir encore plus pour renforcer le mouvement pacifique citoyen ? devons-nous mutualiser nos exigences d’une politique démocratique fondée sur la souveraineté et la volonté populaire ? En un mot comme en mille, nous disons ; Oui ! Assurément oui.
Aucune révolution, à travers l’histoire de l’humanité, jusqu’ici n’avait concrétisé, dans l’immédiat, la totalité des espoirs des peuples.
Même, si nous sommes conscients d’arrêter de trop se regarder le nombril ; nous pouvons légitimement espérer, sans trop céder à une attitude béate, que notre mouvement pacifique citoyen arrivera, sans ambages, à changer véritablement et radicalement, l’esprit et les rouages de la politique algérienne de demain. Nous restons, cependant, vigilants, car rien n’est gagné d’avance.
Le système à mille tours et astuces, dans ses sacs, pour faire semblant d’obtempérer, et au prochain virage il se défile pour se régénérer.
L’histoire des hommes a toujours connu des situations ballantes. C’est-à-dire se trouver à la croisée des chemins, en train de jouer à pile ou face, pour décider quelle route faut-il prendre. La peur de tomber du mauvais côté, faisait dire à Lénine, pour résoudre la contrainte du vide : Que faire ? En somme, toute la question est là. Les impératifs de la logique révolutionnaire, avec sa plus stricte froideur, impose de ne pas dévier, en cours de route des revendications initiales ; en occurrence faire disparaitre, littéralement, le système avec ses pratiques pernicieuses.
Après avoir dit tout ça, en s’exerçant à la bonne éloquence pour formuler nos exigences avec des belles paroles. On se trouve toujours devant la même question de départ : Que faire ?
Devons-nous continuer, avec un entêtement béat, exiger les revendications pures et dures d’un Hirak, sans concessions avec le système, pour mettre en place la transition démocratique par le mouvement citoyen lui-même ?
Ou bien, négocier avec le système ; oui, il faut bien se mettre un jour, face à face, avec son ennemi pour parler de la paix. Seul moyen pour trouver le compromis inéluctable de son départ. Les structures de l’état doivent-elles accompagner la déchéance du système vaincu ? Ou, doivent-elles être épargnées pour aider à mettre en œuvre le programme de l’Alternative démocratique du Hirak ? Parfois, Il faut laisser la place à la raison, dans cette phase de bravoure, et gonfler un peu moins son torse, pour préserver les structures de l’état en place, afin de mener à bien le développement des fondements de la nouvelle république.
Ou devons-nous, tout simplement, radicaliser le mouvement pour venir à bout du système et détruire, tout ce qui rappelle son existence ? C’est-à-dire finir avec le mouvement pacifique et tomber dans le piège de la violence qui donnera des arguments sécuritaires au système pour se redéployer afin d’assurer son maintien définitif.
De notre point de vue, en dehors de la violence, peu importe, l’une ou l’autre des solutions envisagées ; elles doivent aboutir, sans conteste, au même résultat. C’est-à-dire ; à la victoire de la souveraineté populaire.
Quelles sont les exigences du Hirak ? Nous allons citer quelques-unes des demandes, faisant les impératifs du mouvement, sans cesse revendiquées, chaque mardi, vendredi et dimanche, pendant une année.
Le Hirak demande avec détermination et avec une revendication constante la mise en œuvre de la transition démocratique. Cette transition sera vouée à la mise en place d’un processus qui a pour but de changer les fondements politiques actuelle du système. Et, refonder une constitution d’une nouvelle république démocratique et sociale.
Pour comprendre les bases de la transition démocratique il suffit de consulter les exigences de son programme :
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Un Etat démocratique et social,
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La séparation et l’équilibre des pouvoirs,
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L’indépendance de la justice,
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Liberté de conscience et de culte avec interdiction effective de toute utilisation de religion à des fin politiques.
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L’égalité en droit, dans toutes les formes, entre homme et femme,
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La consécration de toutes les libertés individuelles et politiques,
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Les libertés sous toutes leurs formes,
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Le retrait de l’armée de l’exercice du pouvoir politique.
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La liste est longue, il serait utile de prendre connaissance de toutes les revendications du peuple. Et, crier fort, en portant haut les slogans : La solution démocratique est en dehors du système autoritaire masqué, derrière lequel se trouvent les militaires.
Si en effet, le Hirak s’était inscrit dans la continuité en respectant toutes les revendications du peuple algérien depuis les années 1945. Il reste une exigence fondamentale passée sous silence : la laïcité. Nous sommes navrés et même désolés de cet oubli partisan ou politique, laissé comme une concession à la majorité des religieux arabo-islamistes. La nouvelle constitution ne doit se revendiquer moderne que si la laïcité fait partie de son ossature.
La constitution doit d’être laïque ouverte à tous les algériens et algériennes de toutes les cultures, de toutes les consciences et toutes les religions. Il faut libérer l’espace public pour tous les algériens et toutes les algériennes quelques soit leurs origines et leurs croyances.
Passer à côté de cette modernité fondamentale, c’est entraver encore plus les générations futures par des concepts obsolètes, archaïques et abrutissants. Sans la prise en compte de la laïcité, le tintamarre du Hirak n’aurait fait que le bruit d’un pétard mouillé