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Route migratoire algérienne vers l’Espagne : une traversée plus mortelle en 2025

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 Malgré le recul relatif du nombre de tentatives de traversée vers l’Espagne, l’année 2025 s’impose comme l’une des plus meurtrières sur le plan humain. Le dernier rapport de l’ONG Caminando Fronteras, Monitoreo Derecho a la Vida 2025, met en lumière une réalité implacable : la baisse des flux ne s’est pas traduite par une réduction des décès. Bien au contraire, la dangerosité des routes migratoires s’est intensifiée, en particulier sur l’axe maritime reliant l’Algérie aux côtes espagnoles.

Au 15 décembre 2025, 3 090 personnes ont été déclarées mortes ou disparues sur les routes d’accès à l’Espagne. Derrière ce chiffre global se cache une mutation inquiétante des drames migratoires : moins de grandes embarcations interceptées, mais davantage de traversées fragmentées, menées sur des barques de fortune, souvent invisibles aux radars institutionnels.

La route algérienne, épicentre de la mortalité

Parmi l’ensemble des itinéraires recensés, la route algérienne apparaît comme la plus létale. Selon le rapport, elle concentre à elle seule 70 % des naufrages enregistrés en 2025. Sur les 70 embarcations portées disparues, 47 ont sombré sur cet axe, faisant de cette traversée l’une des plus dangereuses de l’espace euro-méditerranéen.

Cette surmortalité s’explique par une combinaison de facteurs : recours accru à des embarcations petites et instables, départs nocturnes ou hivernaux, conditions météorologiques défavorables, mais surtout faible probabilité d’intervention des secours. La proximité géographique avec l’Espagne, souvent perçue comme un avantage, devient paradoxalement un piège mortel, incitant à des traversées rapides et sous-équipées.

Des victimes de plus en plus vulnérables

Le profil des victimes souligne une précarisation croissante des candidats à l’exil. En 2025, 192 femmes et 79 enfants et adolescents ont perdu la vie ou disparu en mer. Les mois de janvier et février se sont révélés particulièrement meurtriers, totalisant à eux seuls plus de 1 400 victimes, une période correspondant à des conditions de navigation particulièrement périlleuses.

Ces chiffres traduisent non seulement la persistance du phénomène migratoire, mais aussi son enracinement dans des trajectoires de détresse sociale, économique et politique, où la mer devient l’ultime horizon.

Malgré le recul relatif du nombre de tentatives de traversée vers l’Espagne, l’année 2025 s’impose comme l’une des plus meurtrières sur le plan humain. Le dernier rapport ee l’ONG Caminando Fronteras, Monitoreo Derecho a la Vida 2025, met en lumière une réalité implacable : la baisse des flux ne s’est pas traduite par une réduction des décès. Bien au contraire, la dangerosité des routes migratoires s’est intensifiée, en particulier sur l’axe maritime reliant l’Algérie aux côtes espagnoles.

Au-delà des statistiques, le rapport pointe des manquements structurels dans les dispositifs de recherche et de sauvetage. Dans 41 % des cas documentés, aucun moyen de secours n’a été activé. Dans 31 %, l’intervention a été retardée, réduisant considérablement les chances de survie. Plus grave encore, 10 % des décès sont survenus alors que la position exacte des embarcations était connue des autorités.

Pour Caminando Fronteras, ces données illustrent une logique de gestion des frontières où la protection de la vie humaine devient secondaire. La route algérienne, peu médiatisée et largement externalisée, s’inscrit pleinement dans ce schéma.

Une frontière transformée en espace de mort

L’ONG inscrit cette situation dans un cadre plus large : celui de l’externalisation des politiques migratoires européennes. Les accords sécuritaires conclus avec des pays tiers, combinés à la militarisation des frontières, déplacent les routes sans jamais en réduire la létalité. Ils contribuent à créer des zones grises, où les responsabilités se diluent et où les naufrages restent souvent sans enquête.

En 2025, la frontière maritime entre l’Algérie et l’Espagne ne se résume plus à une ligne de séparation géographique. Elle est devenue, selon les termes du rapport, un espace de production de morts invisibles, où des centaines de vies s’éteignent loin des regards et sans reconnaissance officielle.

Une tragédie appelée à durer

À l’heure où les chiffres s’accumulent, le constat demeure inchangé : tant que les politiques migratoires privilégieront la dissuasion à la protection, la route algérienne continuera d’être l’une des plus meurtrières de la Méditerranée occidentale. En 2025, elle s’impose comme le symbole d’un échec collectif, où la mer sépare non seulement des territoires, mais aussi des principes fondamentaux de respect du droit à la vie.

Samia Naït Iqbal

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