Jeudi 13 février 2020
Royaume Saoudite/Russie : une chamaillerie de trop !
Tout porte à croire que l’OPEP en tant qu’organisation puissante qui a fait vibrer les taxieurs des années 70 a perdu tout contrôle sur les prix du baril de pétrole qui est passé ces dernières années soit entre les mains des Américains et maintenant la Russie qui s’impose comme acteur incontournable. Notamment depuis l’accord noué en 2016 a Vienne entre le cartel pétrolier et les dix autres pays sous le leadership, maintenant visible à l’œil nu de la Russie.
En effet, pendant que les prix du baril ont atteint leur plus bas niveau depuis au moins une année, la discussion d’intervenir pour redresser les prix se limite entre la Russie qui trouve cette situation conjoncturelle et prône la prudence voire même le statut quo et l’Arabie Saoudite pressée par les autres membres de l’OPEP pousse quant à elle vers une baisse de la production.
Pendant que se déroule cette chicanerie entre ces deux grands producteurs, les prix du baril continuent de baisser en dépit des assurances chinoises de l’évolution de coronavirus qu’elle dit maitriser maintenant. Depuis cet événement chinois, le Brent, proche du Sahara Blend Algérien est resté en moyenne de 55, 54 dollars le baril avec un point haut de 56,64 et celui bas 53,11 dollars le baril, un niveau qui a alerté largement les pays dont leurs économies est fortement dépendantes des recettes pétrolières comme à juste titre l’Algérie et le Venezuela.
Le WTI référence newyorkaise est passé au dessous des 50 dollars pour s’établir le 10 févier 2020 à 49,94 dollars le baril. Les grands producteurs pétroliers lit-on (01) sur le site de Challenge.fr, se sont réunis en fin de semaine dernière dans la capitale autrichienne pour tenter d’enrayer la baisse provoquée par l’épidémie de coronavirus qui frappe la Chine pratiquement en vain. Pourquoi ? Pour la première fois depuis 2016, les deux pays forts de l’accord ont semblé jouer des partitions différentes.
Si Riyad, de même que les autres membres de l’OPEP, s’est positionnée en faveur d’une baisse de production de 600.000 barils supplémentaires par jour, Moscou s’y est montrée nettement moins favorable, même si le gouvernement russe a fini par se déclarer ouvert à cette nouvelle restriction.
Cette «bisbille » russo-saoudienne semble d’abord surprendre les autres membres de constater la Russie s’ériger en leur tutelle influente et puis s’interrogent sur la fidélité de Poutine à l’accord historique de 2016 qui avait débouché rappelons-le sur une baisse de la production de 1,2 million de barils par jour et qui a donné un souffle au prix du baril à l’époque. Nombreux sont les observateurs qui pensaient que la Russie n’allait pas respecter les engagements pris à Vienne par ce qu’elle est habituée à manquer à sa parole par le passé.
Les divergences apparues ces derniers jours s’expliquent surtout par le fait que la Russie a besoin d’un baril moins élevé pour équilibrer son budget que d’autres pays dont l’Arabie saoudite qui commence à montrer son impuissance face à l’influence russe. De l’autre côté, les stocks américains, ne semblent pas non plus favorables à une reprise.
Rappelons que le dernier le jour de la publication par l’Agence américaine d’Information sur l’Energie (EIA) des stocks de pétrole brut aux États-Unis qui ont bondi de près de 7,5 millions de barils lors de la semaine achevée le 7 février, soit plus de deux fois plus qu’attendu par les analystes. Tout cela montre qu’un prix d’équilibre producteurs /consommateurs, ne peut se concrétiser que loin des influences géostratégiques pour revenir à ses fondamentaux dont l’offre et la demande, or les pays de l’OPEP ont une influence sur cette offre, alors qu’attendent ils ?
Rabah Reghis
Renvoi
01 https://www.challenges.fr/entreprise/energie/chute-des-prix-du-petrole-ce-que-revelent-les-bisbilles-entre-l-arabie-saoudite-et-la-russie_698390