Le président russe a salué jeudi soir, après 24 heures de silence, la mémoire d’Evgueni Prigojine, parlant d’un homme « talentueux » qui a toutefois commis de « graves erreurs dans sa vie ».
En Russie, le message du Kremlin est clair et direct : hors de question de dire ou même de sous-entendre que le pouvoir serait impliqué dans le crash. L’homme fort de la Biélorussie est venu s’exprimer en soutien.
Le porte-parole du Kremlin, de retour de vacances, a évidemment été interrogé sur ce qui se dit en Occident sur le crash de l’avion qui transportait Evgueni Prigojine et certains de ses proches, et notamment sur les propos qui laissent entendre que le pouvoir serait directement impliqué.
Dmitri Peskov s’est montré singulièrement ferme. « Autour de cette catastrophe, autour de la mort tragique des passagers de l’avion, y compris Evgueni Prigojine, il y a beaucoup de spéculations, a-t-il dit. Bien sûr, en Occident, toutes ces spéculations sont présentées sous un certain angle. Tout cela est un mensonge absolu. Ici, bien sûr, lorsque vous couvrez ce sujet, vous devez vous baser sur des faits. Et il n’y a pas encore beaucoup de faits, ils doivent encore être clarifiés au cours des actions de l’enquête en cours. Hier, en s’exprimant sur ce sujet, le président a dit lui-même qu’il attendait les résultats de l’enquête, qui sera achevée dans un avenir proche. Nous donnerons les détails de ce qu’il s’est passé. »
Officiellement, les expertises génétiques pour identifier formellement les corps des victimes sont encore en cours. Accident ou bombe, les enquêteurs n’ont pour leur part absolument rien dit des pistes examinées. Mais s’il est une hypothèse que l’homme fort de Biélorussie se refuse à imaginer lui aussi, c’est bien une responsabilité du président russe. À la sortie d’une conférence de presse vendredi en fin d’après-midi à Minsk, il a déclaré : « Je ne serai même pas l’avocat de mon grand frère. Mais je connais Poutine. C’est une personne prudente, très calme. Par conséquent, je ne peux pas imaginer que Poutine ait fait cela, que Poutine soit à blâmer. C’est par ailleurs un travail trop brutal et amateur. Ça ne lui ressemble pas. »
Alexandre Loukachenko ajoute avoir eu connaissance, lors d’un déplacement aux Émirats arabes unis, en janvier 2023, d’un projet pour attenter à la vie d’Evgueni Prigojine et en avoir averti le Kremlin. Il dévoile aussi un des échanges fleuris qu’il aurait eu avec le patron de Wagner lors de sa tentative de mutinerie. « Je lui ai dit : « Tu comprends que tu vas tuer des gens et que tu vas mourir toi-même ?« » Ce à quoi Prigojine aurait répondu : « Merde, j’irai mourir ! » Loukachenko affirme lui avoir rétorqué : « Je vais t’envoyer une corde et un morceau de savon maintenant. » Comme une invitation à se suicider.
Alexandre Loukachenko a aussi mis en garde contre ceux qui parlent déjà du départ des Wagner de Biélorussie et il l’affirme : il compte bien garder jusqu’à 10 000 mercenaires dans son pays. Un schéma, a-t-il dit, bâti avec Evgueni Prigojine lui-même : « Wagner a vécu, Wagner est vivant et Wagner vivra au Bélarus », a-t-il encore martelé, sans préciser pour quelle mission et pour combien de temps.
Rfi