29 mars 2024
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Sadek Hadjerès : défendre la souveraineté nationale, édifier un front intérieur

APPEL

Sadek Hadjerès : défendre la souveraineté nationale, édifier un front intérieur

A l’approche de l’anniversaire du grand Novembre, un double signal d’alarme alerte les Algériens. Il émane des actes et des intentions (affichées ou masquées) de cercles locaux et internationaux, tous deux foncièrement hostiles aux intérêts vitaux et aux espoirs que nourrit notre Nation.

Cette alerte éclaire d’un jour cru l’aggravation sans précédent de la répression et des conditions  économiques et sociales qui risquent de mettre en péril jusqu’à l’existence même de nos compatriotes.

Les « 3issabate » de la corruption et de la répression antidémocratique, de concert avec les dirigeants des complexes militaro-financiers de plusieurs pays renforcent leur collusion déjà ancienne. Dans une fébrile course contre la montre, ils tentent de remettre en cause les traditions et acquis algériens de souveraineté et de non-assujettissement aux ennemis de cette souveraineté. Ils voudraient ensemble, une fois pour toutes, resserrer les deux mâchoires du même piège. Celui d’une domination commune à la fois néocoloniale et antidémocratique.

Ainsi pensent-ils pouvoir briser pour longtemps  le renouveau de libération populaire et pacifique. Renouveau qui est déterminé, comme y appelle le Hirak, à donner à l’Indépendance de la Nation, le contenu politique, social et économique ardemment  souhaité et jusqu’ici étouffé.

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Une conspiration, externe et interne, est ainsi ourdie afin de travestir grossièrement le premier Novembre officiel. Ce travestissement prend l’aspect d’une mascarade « constitutionnelle » au profit de la coalition des mafias algériennes et des prédateurs internationaux.

La visite de « travail » à Alger du commandement  en chef américain de l’AFRICOM suivie de celle du Secrétaire d’Etat (Ministre) américain de la défense ( la première depuis 2006) et le forcing intensif des autorités françaises, n’ont pas d’autre sens que celui d’impliquer directement l’armée algérienne dans les problèmes politiques et militaires des peuples et Etats voisins du Nord de l’Afrique et du Sahel.

Cet empressement impérialiste conjoint est d’autant plus grand que ces puissances sont frappées de crises profondes multidimensionnelles dont elles souhaitent faire payer le prix aux peuples, y compris aux leurs.

Nous voilà revenus, dans une version actualisée mais aussi sordide, aux tractations préparatoires de la Conférence de Berlin de 1885 et aux conséquences de celle-ci : La planification  des pires rapines, violences sans discontinuité et dépeçage systématique de notre continent par les puissances impérialistes. Celles-ci misaient, comme  encore aujourd’hui, sur la collaboration des  chefaillons  locaux et la soumission des peuples devenus des proies faciles parce que divisés politiquement, économiquement et donc militairement affaiblis.

Le même risque vital plane aujourd’hui sur l’immense majorité du peuple algérien(les compradores et les vendus  quant à eux pourront toujours trouver asile chez leurs maîtres). Il se doit d’aiguiser  sa vigilance patriotique et anti-impérialiste, lui qui a déjà connu durant 132 ans les affres coloniales directes. 

C’est à la lumière des leçons de l’Histoire et des épreuves subies, anciennes et contemporaines, qu’il faut  analyser la tentative pour survivre d’un pouvoir moribond massivement rejeté par le peuple, de renouveler son marché de dupes avec le super néocolonialisme du 21e siècle.  Néocolonialisme dont les promoteurs  sont l’Otan, l’Union européenne, en particulier l’ancienne puissance coloniale française, le tout sous la férule US redoublant d’agressivité.

Quels Algérienne et Algérien acceptera de sacrifier la Souveraineté Nationale et  l’Indépendance de l’ANP, sur l’autel de la sauvegarde d’une caste compradore militaire et civile encore au pouvoir dans notre pays ?

Qui acceptera de sacrifier la vie de nos  djounoud, de leurs officiers, patriotes et intègres pour complaire aux puissances impérialistes ? De les voir transformés en supplétifs des états-majors occidentaux ou moyen-orientaux (voir le rôle joué par les FAR au Yémen !) ? 

L’intervention des forces armées sous tutelle étrangères est exécrée par les peuples du Sahel, de l’Afrique de l’Ouest et du Moyen Orient . C’est le moment choisi par nos dirigeants  pour opérer un revirement constitutionnel  qui  conduirait l’armée algérienne à tomber dans ce traquenard !

A ce risque de trahison des intérêts vitaux nationaux et populaires, l’Algérie patriotique profonde affirme son opposition. Elle vient de le confirmer en célébrant le 5 Octobre ; l’époque des béni-oui- oui est depuis longtemps révolue. Hier le peuple et son ALN n’avaient pas combattu en vain. Aujourd’hui, le peuple et son Armée Nationale et Populaire n’accepteront jamais d’être transformés en « mourtaziqa », en mercenaires, soumis aux diktats conjoints de nouveaux bachagas-barons maffieux et de leurs maîtres. En ces temps de pandémie sanitaire, nous devons  absolument accroître nos capacités de défenses immunitaires : politique, stratégique, économique et patriotique. Les prédateurs internationaux et leurs relais locaux, plus voraces et plus fourbes, ont forgé des outils de prédation et de domination violente ou insidieuse encore plus sophistiqués que ceux de leurs prédécesseurs coloniaux.

L’Algérie, fière de sa victoire en 1962 sur le colonialisme français, n’acceptera pas d’être précipitée dans des engrenages et des bourbiers géopolitiques dont le résultat ne sera qu’un plus grand bradage de nos richesses nationales et un plus grand abandon de nos libertés les plus chères. Nous n’accepterons pas d’être mutilés, humiliés, privés de souveraineté  et de dignité nationale, à l’image de l’Irak, l’Afghanistan, la Syrie, la Libye, le Yémen et d’autres pays africains plus proches géographiquement.

Nous n’accepterons pas  le processus que le New York Times appelle  « l’Afghanisation du Sahara » !

L’Algérie de 2020 n’est plus celle qui a payé très cher ses tragiques épreuves et pièges dans lesquels elle est tombée depuis 1962. Son peuple, toutes générations confondues, a été politiquement et moralement régénéré par les luttes et prises de conscience qui ont trouvé leur premier couronnement avec l’exaltant  soulèvement  d’après Février 2019. Les leçons qui en sont tirées créent, et doivent favoriser pour l’immédiat et dans la durée, les conditions de nouvelles avancées vers les solutions de paix, de liberté,  de droits humains, d’édification, de conquêtes sociales et culturelles.

Le peuple algérien, souvent meurtri, veut enfin vivre les retrouvailles de la Nation avec elle-même. Il rejettera en masse la tragicomédie du pseudo « référendum constitutionnel » qui de fait, est une trahison des valeurs de la Nation et des Citoyens.

Il doit continuer à se consacrer à l’édification et au renforcement du Front Intérieur. Il a forgé une  arme pacifique « silmiya » décisive : la promotion et la pratique de l’Unité d’Action entre forces et courants politiques et idéologiques différents. Dès lors que ces courants partagent authentiquement l’aspiration à un Etat de Droit véritable, le respect des droits humains en particulier de conscience et de convictions religieuses, culturelles ou philosophiques , d’égalité femmes hommes, d’équité sociale, et de défense des intérêts supérieurs de la Patrie avec la condamnation claire de toute violence politique.

Nous devons faire fructifier les enseignements positifs des succès remportés depuis février 2019. Comme durant la guerre d’Indépendance, avec le  rejet de la « Troisième voie » laquelle si elle avait abouti aurait instauré une « françalgérie » à l’image de la « françafrique ». Nous devons par l’action commune, rejeter les manœuvres visant à restaurer un ordre néocolonial du même type.

Souvenons-nous que si la Paix et la Liberté avaient fini par s’imposer, ce fut à partir du Dien Bien Phu politique algérien des manifestations populaires et pacifiques de Décembre 1960, soutenues par le basculement de l’opinion mondiale et française en faveur d’une véritable solution de Paix.

Algériennes Algériens, mes compatriotes,

Mieux vaut conjurer les dangers lorsqu’il est encore temps ! Renforcer le Front Intérieur pour leur faire échec n’est ni simple ni facile, mais il s’agit ni plus ni moins  d’un enjeu existentiel.

L’Unité d’action mise en place entre 1954 et 1962, malgré des failles et des insuffisances parfois tragiques, a débouché sur une immense victoire. Sa prolongation et sa consolidation sous de nouvelles formes démocratiques, bien qu’ardemment souhaitées par le peuple n’ont pas eu lieu. Sa dislocation a été la plus grande faute stratégique des nouveaux dirigeants autoproclamés, incités à la division par des pressions et des manœuvres  régionales et internationales diverses qui se disputaient leurs mainmises. 

Malheureusement, à cause de l’usure due à une longue et sanglante guerre, à la présence d’agents infiltrés dans certains appareils et à une maturité politique encore insuffisante de la société et de ses élites militantes, les forces patriotiques dans leur diversité n’ont pas su et pu remettre en place ce nouveau Front Intérieur faute d’une mobilisation populaire unie et consciente des enjeux. La fraction des cercles autocratiques prédateurs qui était en germe au début des années 60 n’a pu être isolée, combattue politiquement et évincée pour ses agissements contraires aux intérêts nationaux. C’est elle qui triomphera à partir des années 80.

Les dégâts causés par la domination sans partage de ces prédateurs, en particulier depuis l’avènement du système Bouteflika, ont fait mûrir les conditions du réveil de la nouvelle conscience nationale. La résurgence de l’aspiration à un Front  Intérieur Patriotique, large, fort, uni et conscient a éclaté au grand jour depuis Février 2019.

Malgré le bouclage  d’Alger et de nombreuses villes du pays, malgré les agissements inqualifiables de certains appareils répressifs et un appareil judiciaire aux ordres, les manifestants unis et pacifiques du 5 octobre dernier  l’ont encore prouvé en clamant leur hostilité aux manœuvres antinationales.

La répression brutale  systématique, policière et judiciaire des libertés d’opinion, d’expression et d’organisation par les tenants des intérêts parasitaires illégitimes, de même que les campagnes renouvelées d’intoxication et de division du peuple s’acharnent  à faire barrage au fleuve des aspirations unitaires.

 A cela, s’ajoutent des freins subjectifs et des réticences d’importance inégale qui s’expriment çà et là de la part de milieux qui ont pourtant vocation et intérêt objectif à la constitution d’un large front d’action unie. Ces incompréhensions sont  souvent alimentées par des conflits partisans surannés. Survivant dans des invectives et préjugés stériles, elles ont pour effet de cautionner les diviseurs et les hégémonistes. Elles gagneraient à être débattues sereinement à des fins de clarifications critiques et autocritiques, pour préserver et renforcer le capital de maturation politique accumulé par notre peuple. Les diviseurs ne sont pas les sauveurs. 

Toutes générations confondues, ce sont les arabophones et berbérophones ensemble, les religieux et les non religieux, le monde des travailleurs et les sans emplois, les déshérités et les couches moyennes, les civils et les militaires intègres. Toutes et tous ont la charge de forger un Avenir Algérien dans une République cimentée par les valeurs d’un Etat de Droit, des droits humains sans exception et d’une démocratie réellement participative.

Une République de citoyens libres, non théocratique et non antireligieuse, qui garantit sans ambiguïtés les libertés  de conscience  et de culte, qui respecte la pluralité, la diversité culturelle et idéologique. Une République  au sein de laquelle la démocratie n’est pas « Kofr » et où la Justice n’est pas une  lubie « droit de l’hommiste ». Une République où l’évaluation des personnes  et des groupes sociaux et politiques n’est pas fondée sur les appartenances mais sur la conformité ou non de leurs actes avec l’Etat de Droit restauré, l’Intérêt général et le bien commun.

 Une République condamnant les chauvinismes et les alignements dogmatiques et se prononçant pour des coopérations internationales pacifiques, équitables et mutuellement avantageuses.

Novembre est l’occasion de faire progresser toutes ces valeurs dont le peuple est assoiffé.

Cela passe par la non-participation sans équivoque à la mascarade du 1erer novembre officiel. Une mystification encore plus grossière et néfaste que celle du 12 décembre 2019.

Sans surprise, ce qui est à l’œuvre, aux yeux des Algériens et du monde entier, c’est la répression politique aggravée, la misère économique et sociale sans espoir, la crédibilité nulle.

Face au fiasco, à la stérilité et à la duplicité de la coalition 3issabate/haute finance militarisée  néocolonialiste et impérialiste,

Une seule voie :

  • Action unie de l’ensemble du peuple 

  • Mobilisation démocratique dans le Hirak pacifique, populaire, unitaire et patriotique 

  • Renforcement et généralisation de collectifs de réflexion et de lutte dans tous les secteurs. 

  • Solidarité avec les peuples en lutte ayant les mêmes objectifs dans le monde.  

15 octobre 2020

Sadek Hadjerès

 

Auteur
Sadek Hadjerès

 




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