21 mai 2024
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Saïd Bouteflika : grâce et disgrâce du zazou d’El-Mouradia

TRIBUNE

Saïd Bouteflika : grâce et disgrâce du zazou d’El-Mouradia

Un jour ou l’autre, il faudra que vérité éclate et que les uns et les autres rendent quelques comptes en toute justice et impartialité. Une justice désenchaînée d’un Gaïd Salah, lui-même ligoté au système qui l’a enfanté. 

Il y en a qui te vilipendent, d’autres qui te mettent sur le dos tous les problèmes de l’Algérie, pendant que les chouakers qui t’ont porté aux firmaments t’enferment dans un cachot comme un chiffon usé et fané qu’on s’empresse de jeter ! Le Hirak étant passé par là pour mettre un holà qui ne s’épuise pas depuis 10 mois !

Ainsi va la vie, Saïd « l’accessible » ! Une vie soumise aux interactions avec les hommes et les femmes que l’on choisit de fréquenter et des aléas dressés sur nos chemins, en proportions de nos ambitions ! La politique amplifiant l’ensemble par des facteurs exponentiels, et des incertitudes accrochées à des girouettes intellectuelles qui s’orientent suivant la direction que prennent baïonnettes et fusils chargés.  

Je n’ai pas eu le privilège ni l’embarras de t’avoir connu ou fréquenté Saïd. Mais il me revient en mémoire une image qui remonte au milieu des années 1980. Toi déambulant le long des allées de l’USTHB avec cette allure amusante de jambes écartées, à la Charlie Chaplin, en compagnie d’un professeur d’électronique que je ne nommerai pas. 

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Le 4×4 flambant neuf que tu venais de ramener de France, après ton doctorat, en guise de trophée et d’une réussite supérieure, garé à proximité de l’Institut de Physique. De mon petit coin, ce jour-là, je t’observais de loin et me demandait, moi qui suis rentré des USA sans voiture ni quelconque Omra, sinon une petite chaîne HI-Fi que la douane voulait me confisquer : faut-il donc, en plus d’avoir fait des études pour construire l’Algérie, s’appeler Bouteflika pour réussir un déménagement de l’étranger ? Pour me réconforter, je me convainquis que ce 4×4 faisait partie du butin détourné par ton frère Abdelaziz, nos bourses suffisant à peine à nous sustenter. Mes réflexions te concernant s’arrêtèrent là, ce jour-là. « Nos rencontres » à sens unique aussi. 

Après tout, pourquoi faire une fixation sur la « réussite » des autres ? Nous étions encore jeunes, nous avions des années devant nous pour bosser dur et amasser quelques miettes à la sueur de nos fronts. Cela nous suffisait comme ambitions personnelles, car dans nos caboches saturées de patriotisme : avant tout l’Algérie ! Nous étions convaincus, en toute naïveté, malgré Boumediene et ses délires mecquois, que nous étions nés pour jouer le rôle de courroie de transmission pour un meilleur futur. Et que quelques petits sacrifices de confort personnel n’étaient en rien comparables à la grandeur de ce pays radieux que nous voulions tous construire et léguer aux générations futures afin qu’elles ne tournent jamais le dos à la mer.

Les années passent, sur fond de joie et d’allégresse, soleil, ciel, montagne et mer, en guise de panoramas quotidiens grisant la déclinaison de nos 20-30 ans. L’espoir pour un meilleur futur n’asséchant pas nos bandoulières remplies de projets et d’avenirs. Des visées de jeunes utopistes stoppées net en ce jour maudit où pour « état d’ivresse au volant », il nous est offert un « charmant » mandat de dépôt « égayé » par un séjour d’une semaine à El Harrach.

Quelques heures de plus que ces 7 journées et 7 nuits aux allures d’éternité, je crois bien que la folie aurait fini par prendre le dessus ! Après tout, tout le monde n’est pas nanti du même facteur de résistance qu’un Général de 80 ans, un char dans la caboche en guise de matière grise, de sensibilité et d’émotions.  

Et crois-moi Saïd, mis à part la période de flottement qui s’en était naturellement suivi, ce séjour n’a, en rien, atténué nos ambitions pour le pays. On s’en est plutôt bien tiré. Et puis, nous l’avions cherché et mérité. Ce fût une leçon de vie. Une leçon bien apprise et retenue !

D’autres années passent, d’autres moments inoubliables d’une vie que nous ne voulions faire rimer avec rien d’autre « qu’Algérie mon beau pays » …jusqu’en ces mois de folie où le FIS est passé par là, avec pour unique projet celui de faire engloutir nos enfants par les ténèbres de la Mecque. Au bout d’un tel dessein puisé de la djahilia n’est-ce pas la mort assurée ?

Entre partir et mourir un peu ou rester et mourir beaucoup, hypothéquant l’avenir de ses enfants, le choix est vite fait !

Nous sommes partis ! 

«Quand le navire coule, les rats quittent le navire » avait tonné Ali Belhadj du fond de sa grotte Hira de Kouba. Des rats encore en vie, 30 années après…

Pendant plus de 7 ans, nous n’avons pas revu l’Algérie, occupés à batailler sur le terrain d’une profession féroce et sans merci, pour reconstruire ailleurs ce qu’on nous a refusé de parachever au pays.

Quand nous sommes rentrés, en 1999, après l’élection de ton frère, nous étions encore assez dupes pour croire à l’avenir de cette Algérie dirigée par des clochards physiques et intellectuels. À l’époque, qui d’autre, à part Mohamed Benchicou, pouvait percevoir en ces ardeurs loquaces et souriantes que hef et imposture ?

Le hasard a voulu que lors de ce voyage, aux allures de pèlerinage, nous rencontrions un bon copain à toi, un voisin de Bab Ezzouar auquel tu venais juste de faire, du haut d’un donjon que tu occupais désormais, une proposition en ces termes « Viens donc nous aider Nacer !». Mais le Nacer en question n’avait plus le cœur à rentrer dans quelconque jeu malsain, car lui aussi venait de traverser un passage à vide qui vaccine à jamais. Un vaccin sous forme de petit séjour en Suède (c’est ainsi qu’il désignait la prison d’El-Harrach), pour un oui pour un non prononcé aux fakhamats du moment…Il est, depuis, avec sa petite famille, bien installé au Canada.

Ainsi se déroulait la chasse aux compétences pour en écarter la substance des chemins tortueux qui ont mené un octogénaire étoilé, analphabète et inculte, à faire main basse sur le pays, s’obstinant à aller jusqu’au bout de troubles monarchiques qui lui octroient tous les droits pour séquestrer les rêves de millions de Hirakis !

Ce juge qui te considère comme une simple m…, par simple effet boomerang, c’est ton frère qui l’a nommé Saïd !

Ce Gaïd Salah qui lui a donné l’ordre de t’interroger et t’encager comme un animal pris dans un piège qu’il s’est lui-même tendu, c’est ton frère et toi qui l’avez installé sur son piédestal Saïd !

Ne pas répondre à leurs questions te fait pénétrer dans l’Univers du Hiraki que l’on emprisonne au gré des humeurs d’un Général aigri par des décennies de garde-à-vous face aux nantis, Franciss ou 3arabi ! Quoique tu serais certainement rentré dans l’Histoire si tu avais su profiter de ces instants de parole pour clamer haut et fort, à l’endroit de ceux que ton simple nom faisait trembler, il n’y a pas si longtemps : Qui êtes-vous donc pour me juger ? C’est de l’ignominie que vous me faites là !  En plus de grandir ton aura, cela aurait quelque peu réhabilité tes dérapages de petit zazou d’El-Mouradia !

Te dire notre admiration ? Non ! Nous ne l’avons pas fait hier, comment le faire aujourd’hui ?

Mais t’encourager à suivre la piste d’une posture de défi à Gaïd Salah pourrait un jour te disculper de tes folies ! Dire cela nous vaudrait bien une condamnation pour atteinte au moral de la troupe d’octogénaires qui s’acharne encore à vouloir Vivre et convoler avec moult butins sur Terre, quitte à enterrer tous les enfants du pays, y compris ceux qui ne sont pas encore nés. 

Dans ces colonnes du premier combattant à avoir démasqué les entourloupes Bouteflika, nous ne tirons jamais sur les ambulances. Car nous savons le désarroi d’un homme embarqué dans ces tourbillons de malheurs que seuls des êtres dépourvus d’humanité savent souffler. Dût-il s’appeler Saïd Bouteflika, nous ne porterons sur lui que regards apitoyés car nous savons ce que représentent les murs et le plafond d’une geôle ! 

Malgré tes moult ignominies assumées, on a un peu (pas beaucoup, je l’avoue) de peine pour toi Saïd ! De quoi es-tu coupable, toi le petit suffisant embarqué dans la galère de son grand frère, le tout aussi petit capitaine des frontières agrippé aux chars de Boumediene pour recoloniser le pays ?

Les coupables sont ceux qui ont ramené Fakhamat Abdelaziz sous l’unique prétexte qu’il était le moins mauvais canasson capable de sauver un système d’andouilles qui s’est juré d’éteindre chaque rayon de lumière qui illumine le pays.

Les coupables sont ceux qui t’ont laissé faire au moment où ton frère avouait face caméras tab-j’nani, et qui, bien avant, l’ont laissé violer la constitution dans le but de garantir leur propre postérité ! 

Les coupables sont ceux qui ont trouvé d’autres pantins pour te remplacer après 10 mois de grandioses marches et de slogans hirakis éclatants de vérité, à leurs faciès lancés comme autant de témoignages d’opprobre et de déshonneur d’une caste qui s’acharne à tout casser, pour déjouer les dangers qui guettent leurs vies dorées. 

L’ignominie portée au pouvoir depuis 1962, ça suffit ! De ta cellule, ait le courage de le revendiquer aussi ! Tu en sortirais grandi, et tes amis d’hier, eux qui ne veulent pas d’une meilleure Algérie, en seraient avilis ! 

Malheureusement, ce n’est pas donné n’importe qui d’avoir l’étoffe politique et la grandeur humaine ferme et nécessaire pour ce faire ! L’Algérie n’a jamais été votre souci premier ! Seuls comptent vos richesses, vos propres destins de majestés autoproclamées sur ce grain de poussière navigant dans un univers infini…

Ah si l’Univers vous était conté ! Saïd, Gaïd, Tebboune ou Reb-ezaïd, vous suicideriez tous pour le mal que vous faites à ce jeune pays débordant d’énergie et foisonnant de Vie !

Des millions de Hirakis le démontrent chaque mardi et chaque vendredi, pendant qu’en désespoir de cause vous manigancez les méthodes et les solutions pour en freiner les ardeurs et contraindre tout le monde à la pause. 

 

Auteur
Kacem Madani

 




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