Lundi 11 février 2019
Sauvons l’Algérie !
Bouteflika s’est offert non seulement un cinquième mandat, mais un statut de monarque qui lui sera consacré à l’occasion « d’une conférence nationale inclusive», qui se tiendra au lendemain de l’élection présidentielle.
Un statut qui lui permettra de désigner son « héritier » pour terminer son mandat au cas de son décès. C’est le subterfuge trouvé par le régime pour échapper au cours de l’année à une élection présidentielle anticipée.
Il veut vaille que vaille des funérailles présidentielles, c’est tout l’enjeu de cette élection pour le clan mafieux au pouvoir qui a pris l’Algérie en otage. Rien ne résiste aux caprices du Président grabataire, même au prix d’assister au lendemain du 18 avril à l’enterrement de l’Algérie.
« Pour mourir sur le trône, Bouteflika est capable de faire courir le risque de la disparition du pays au lendemain même de sa mort », déclarait, en 2014, à une chaîne de télévision, Noureddine Boukrouh qui était son ministre du Commerce lors du premier mandat.
Depuis qu’il avait lu l’oraison funèbre aux obsèques de Boumediene, l’idée obsède Bouteflika de bénéficier des funérailles à la hauteur des « grands » chefs d’État. Il serait tenté, selon feu Cherif Belkacem, qui l’avait connu à Oujda et son intime jusqu’en 1975 lors des soirées algéroises, d’écrire lui-même à titre prémonitoire sa propre oraison funèbre.
Pour caricaturer la mégalomanie de Bouteflika, Cherif Belkacem dit Si Djamel, me disait en 2001 Cherif Belkacem : «Il n’hésitera pas un instant dans sa tombe à demander à Azraël de lui ramener la vidéo de ses obsèques pour voir s’ils étaient à son hauteur ».
C’est cette seule préoccupation moribonde qui occupait tous les pans du régime pendant l’été dernier, alors que des dizaines de jeunes se jetaient dans la mer dans une tentative vaine de trouver une terre clémente, ou pendant qu’Ayache agonisant au fond de son puits attendait une main fraternelle pour le secourir, ou bien que des millions de jeunes universitaires quémandaient des débouchées afin de pouvoir se sentir chez eux, dans leur pays ; que l’Algérie souffrante espérait respirer un air de liberté et retrouver un peu d’espoir pour sentir bon y vivre.
Il fallait user de tous les stratagèmes pour s’assurer des funérailles présidentielles pour Bouteflika. La dernière volonté du parrain est un deal sacré qui lie le clan. Le seul différend qui opposait ses membres était autour de la personne qui lui succédera le lendemain de sa mort, mais pas autour du 5ème mandat comme beaucoup de médias l’ont laissé entendre.
Aucun clan ne lui conteste la présidence à vie. Pis, par le biais de la parodie « conférence nationale incluse », dite de réconciliation, l’on érige en monarque qui tracera les contours institutionnels permettant sa succession sans passer par une élection anticipée, à savoir une transmission du pouvoir. Et c’est une promesse électorale de Bouteflika V.
Tel est l’agenda du régime où l’élection du 18 avril prochain n’est qu’une formalité pour consacrer le 5ème mandat. Faudra-t-il s’inscrire dans son agenda ou lui imposer un autre ? L’existence de l’Algérie en dépend.
Pour barrer la route au cinquième mandat, il est plus que nécessaire de rejeter tout le processus biaisé qui l’a engendré. Tout leur processus moribond est fondé sur la mort, alors que le pays a besoin de vie. N’allons pas donc le 18 avril prochain à l’enterrement de l’Algérie !