19 avril 2024
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Statu quo et fuite en avant

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Statu quo et fuite en avant

Nous voici donc à deux mois de l’élection du président de la république. Un événement majeur dans la vie d’une nation. Peut-on ne pas en parler ? Difficile !

Que la chronique résiste au poids écrasant d’une actualité, la nôtre, en berne ne veut aucunement dire qu’elle puisse ignorer son existence, surtout quand elle devient, comme c’est le cas ces dernières semaines, extrêmement frénétique.

En Algérie, un pays à la dérive dont on ne voit pas que l’avenir puisse être radieux —sauf si elle invente, bien sûr, une politique nouvelle qui la soustraira à son inertie et à son insignifiance, et en fera une référence pour le Maghreb et l’Afrique—, l’affect négatif de la peur du chaos est particulièrement violent, voire inhibiteur sur les consciences. Ce qui élargit l’horizon de la déprime sociale, déjà palpable sur les visages des nôtres, dans les foyers, les cafés, les rues, etc.

Puis, le grand parti algérien, je veux dire le boycott fera le reste. On est en présence du syndrome de l’Algérien « fatalo-phobie-boycottiste », lequel projette en avant une sorte de citoyenneté qui bat en retraite face au phénomène de «la dépravation rentière» d’un système aussi clanique que prébendier avec des poches concentriques.

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Un système qui va si mal à l’heure actuelle et dont les ondes négatives asphyxient par ricochet par leur trop-plein d’oxyde de carbone, les petites bulles d’oxygène encore résistantes dans le corps social.

Les exemples de cette débandade fleurissent ça et là, battant en brèche cette idée de la politique comme «action collective organisée pour le bien-être de tous», lui substituant le sens qu’un certain célèbre penseur berbère, Saint Augustin (354-430 ap. J.-C.) en l’occurrence, lui conférait il y a déjà plus de quinze siècles, à savoir «le brigandage individuel des biens de tous au profit d’un cercle fermé».

Ce contraste dans l’approche engendre des craintes et des faiblesses, aussi bien dans la société qu’au sein de ce régime politique gérontocratique lui servant de tutelle. L’indice subjectif de cette négativité étant le rejet massif mais non encadré de la rue de tout ce qui vient d’en haut, bon ou mauvais soit-il.

Le face-à-face «pouvoir-société», en s’effaçant sur le terrain des urnes, devient un duel acharné dans le stade social.

Ô mon dieu, la métaphore est très forte : l’Algérie s’étant transformée en un stade de foot, ou pire, en un ring de catcheurs, stimulés par les dividendes du pétrole-roi! Et c’est l’émeute, l’un des aspects typiques de la culture du Maghreb central (l’Algérie), selon le grand sociologue de tous les temps Ibn Khaldoun (1332-1406), qui devient le baromètre par le biais duquel on mesure la stabilité. Symptôme tiers-mondiste diraient d’aucuns sans doute.

Ce n’est pas faux en effet. D’autant plus que ce qui vient à défaillir dans tout ce processus, c’est la volonté politique de nos élites d’entrer en communication avec ceux qu’elles dirigent et de leur être utiles. Cette coupure maintenue, sinon gérée par la force cristallise la stagnation et le statu quo.

 

Auteur
Kamal Guerroua

 




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