Les résultats d’une large étude américaine qui a duré plusieurs années ont été publié cette semaine dans la prestigieuse revue «Science». Selon les auteurs, cette étude démontre le rôle causal du virus Epstein Barr Virus (EBV) dans le développement de la sclérose en plaque (SEP).
La sclérose en plaque est une maladie auto-immune neurologique qui a comme conséquence la destruction de la myéline, une couche protectrice des fibres nerveuses du système nerveux central (cerveau et moelle épinière).
La dégradation de la myéline appelée démyélinisation conduit à une perte de la transmission des informations entre le système nerveux central et l’organisme. Elle touche une population jeune et se caractérise par une symptomatologie variée. bien que plusieurs facteurs soient incriminés, la cause principale reste inconnue. La recherche de l’origine de cette maladie fait l’objet de travaux intenses de plusieurs équipes de scientifiques depuis plusieurs années.
Justement, une équipe de chercheurs américains a étudié l’hypothèse selon laquelle l’EBV et d’autres virus sont la cause de la SEP. Selon Alberto Ascherio, professeur d’épidémiologie et de nutrition à la Harvard Chan School et auteur principal de l’étude : «Il s’agit de la première étude fournissant des preuves convaincantes de causalité » a t-il déclaré dans le communiqué publié sur le site internet de cette école de santé public.
Cette étude a permis une analyse des échantillons de sang de 10 millions de jeunes soldats américains collectés tous les deux ans sur une période de 20 ans. 955 militaires ont été diagnostiqués d’une sclérose en plaque durant leur service. 99 % de ces malades étaient infectés par L’EBV.
Cette étude montre que l’infection par ce virus augmente de 34 % le risque d’attraper cette maladie, mais ce risque reste inchangé pour les autres infections virales. De plus, ils ont rapporté que l’analyse sérique d’un marqueur typique de la SEP qui est la chaîne légère des neurofilaments, était plus élevé qu’après l’infection par l’EBV. Les résultats ne peuvent être expliqués par aucun facteur de risque connu de SEP et les auteurs suggèrent que l’EBV est la principale cause de SEP.
L’EBV est un virus appartenant à la famille des herpès, il touche prés de 95% de la population et se transmet par la salive. Ce virus persiste dans l’organisme toute la vie. Ce virus est responsable d’une maladie infectieuse bénigne la mononucléose infectieuse. De même, Il a été démontré que c’est un virus oncogène responsable du cancer du système lymphatique comme le lymphome de Burkit et d’un cancer nasopharyngé qui est particulièrement fréquent en Asie et au moindre degré au Maghreb.
La Fédération internationale de la sclérose en plaque en collaboration avec l’OMS ont publié le troisième Atlas de la SEP en septembre 2020. Selon les chiffres communiquées, il y a près de 2,8 millions de malades dans le monde.
Ce chiffre est en augmentation constante puisque en 2013 environ 2.3 millions de porteurs de la sclérose en plaque étaient recensés. C’est une maladie très invalidante, elle représente la première maladie neurologique non traumatique. Aucun traitement curatif n’est disponible à ce jour.
D’après le Pr Alberto Ascherio : « Il s’agit d’un grand pas en avant, car cela suggère que la plupart des cas de SEP pourraient être évités en arrêtant l’infection à EBV, et que le ciblage de l’EBV pourrait conduire à la découverte d’un remède contre la SEP ».
Dans la foulée de cette déclaration, le laboratoire américain Moderna, deuxième laboratoire à avoir mis sur le marché un vaccin ARNm anti-Covid, a annoncé le début d’une phase de test sur les humains de son nouveau vaccin ARNm anti-EBV.
En absence à ce jour de traitement efficace contre cette maladie, la vaccination apparait comme une solution possible permettant la prévention à grande échelle pour les générations à venir.
Dr Tarik Yadaden
