Vendredi 26 mars 2021
Selon Zemmour, l’héroïsme serait chrétien, la couardise musulmane
Dans sa récente livraison, le site « Valeurs actuelles« , journal ultraréactionnaire, rapporte la dernière saillie de l’Algérien Juif naturalisé français, Éric Zemmour.
Selon ce journal conservateur, l’éditorialiste et chroniqueur Éric Zemmour aurait déclaré sur CNews le 23 mars, à l’occasion de l’anniversaire de la mort d’Arnaud Beltrame, assassiné le 23 mars 2018 à Trèbes par un Franco-marocain Radouane Lakdim lors d’une prise d’otages : « le héros chrétien sacrifie sa vie pour sauver les autres, le musulman pour tuer les infidèles ». Autrement dit, le chroniqueur Zemmour décèle une expression d’un « héroïsme chrétien » en totale opposition à celui de son meurtrier de confession musulmane, mu par la « couardise assassine », « poltronnerie terroriste ». Le musulman, par lâcheté, décapite fanatiquement la vie, tue pour tuer. Selon Zemmour, le chrétien se sacrifie par altruisme, par amour de son prochain, même au prix de sa vie, tendant non seulement la joue mais tout son corps en sacrifice, tandis que le musulman, mu par une propension atavique assassine, tue par barbarie, par haine de la mécréance, par plaisir sadique d’ôter la vie.
Éric Zemmour décrit cet acte de meurtre sacrificiel comme un « choc de civilisation ».
Pour Zemmour, cet olivier déraciné devenu porte-parole de la France rance oxydée par la décadence, l’acte d’Arnaud Beltrame constitue un véritable témoignage d’héroïsme français. « Un héros français à la Péguy » explique-t-il, « qui met son destin individuel en sacrifice au destin collectif de la grandeur de la nation ».
Au-delà des inexactitudes historiques sur les ressorts psychologiques et moraux de l’héroïsme, amalgamé avec la « martyrologie », cet énième déportement xénophobe de Zemmour dévoile sa tenace haine des musulmans, en particulier Algériens, pourtant ses frères de sang. À croire que sa conversion tardive à la francité n’est mue que par son aversion de son algérianité, gage de son acceptabilité par sa nation d’adoption, la France. Ce renégat ne fait point preuve d’héroïsme en sombrant dans le négationnisme de ses origines algériennes piétinées avec indécence, ni de dignité en s’affiliant au sionisme de ses lointains coreligionnaires ashkénazes, promoteurs de la colonisation de la Palestine.
Éric Zemmour confond héroïsme et « martyrologie » (au sens de sacrifice de soi). L’héroïsme est un combat pour la vie, celle du héros et de ses congénères. La « martyrologie » est un renoncement à la vie (terrestre), sacrifiée pour le salut de son âme dans l’Au-delà. Arnaud Beltrame a fait œuvre de « martyrologie », non d’héroïsme. Il a agi en effet en chrétien martyrologue, non en soldat héroïque.
Quant aux motivations profondes des chrétiens et musulmans en combat, tous deux se battent pour tuer leurs ennemis infidèles déclarés, pour sauver leur salut dans l’Au-delà, non sacrifier leur vie pour sauver l’humanité. « La lâcheté commence là où cesse la puissance ». Le religieux (martyrologue) s’offre béatement à la mort, par haine de la vie terrestre et du genre humain « mécréant ». Il livre le combat en kamikaze, par témérité suicidaire. Le religieux est un éternel agneau qui se prend pour un lion. Le terroriste islamiste symbolise cette lâcheté par son action à la fois destructrice et autodestructrice, quand il se transforme en bombe humaine pour se faire exploser dans l’espace public.
A contrario, le soldat de la vie, autrement dit le héros, se bat contre sa mort, par la mise à mort de l’adversité, par intrépidité salvatrice. Il livre le combat pour des motivations terrestres (politiques, sociales, économiques), non célestes. Il n’est pas mu par l’esprit sacrificateur, autodestructeur.
Je vous livre mon texte écrit au mois de mars 2018, au lendemain de l’assassinat d’Arnaud Beltrame, qui décrypte le concept de l’héroïsme.
Le sacrifice de l’héroïsme
La France a été encore une fois le théâtre de scènes d’horreur. Le même scénario s’est encore répété. On prend les mêmes acteurs pour reproduire la même tragique pièce au dénouement toujours aussi sanglant. Un terroriste islamiste radicalisé marocain. Un Etat français engagé dans de multiples conflits meurtriers aux quatre coins du monde. Et une population civile française, prise en otage, assistant passivement à l’explosion de sa vie sociale, économique et existentielle perpétrée par son État décadent, propulsé en gendarme du monde au grand bénéfice de son industrie de l’armement, pour soutenir une économie récessive.
Ainsi, en dépit de mesures sécuritaires tentaculaires et totalitaires censées protéger la population française des attaques terroristes, la France subit de plein fouet régulièrement les assauts des guerriers djihadistes enfouis en son sein. Cette cinquième colonne du djihadisme tapi dans le giron de la république laïque française.
De toute évidence, les gouvernements successifs français se sont révélés impuissants à protéger leur population du terrorisme. De manière récurrente, au lendemain de chaque attentat, l’Etat français, au lieu de réviser sa politique interventionniste impérialiste, au contraire s’enhardit. Et annonce l’intensification de ses interventions militaires sur les champs de guerre déjà largement anéantis et détruits par ses bombardements répétitifs. Tout se passe comme si les attentats terroristes lui servent de prétextes bénis pour justifier ses opérations impérialistes tous azimuts.
Tout comme il a besoin de ces massacres perpétrés en France pour blinder son État défaillant économiquement et discrédité politiquement. En effet, par cette énième mobilisation effrénée d’union nationale, le gouvernement tente de détourner l’attention des masses populaires confrontées à des attaques antisociales sans précédent. Au moment des grandes manifestations amorcées ces derniers jours pour résister à la remise en cause des acquis sociaux, cet attentat semble tomber à point nommé pour délégitimer le mouvement social par une désaffection des travailleurs susceptibles d’entrer en lutte, par l’érosion de l’adhésion de la population laborieuse sensible au combat mené par les grévistes contre les mesures d’austérité.
À la faveur de ce nouvel attentat, la population française est appelée à communier en faveur de la nation outragée, brisée, martyrisée, mais libérée de toute entrave à poursuivre ses interventions impérialistes et sa guerre antisociale !
Somme toute, en quête de légitimité internationale et de soutien national, l’Etat français recourt à toutes les instrumentalisations pour justifier sa politique impérialiste. Même au prix du sacrifice d’un de ses officiers de la gendarmerie. Ainsi, il n’hésite pas à se saisir de cette opportunité pour ériger la mort de ce colonel en épopée héroïque. De transfigurer cet acte en héroïsme.
Or, malheureusement, le meurtre de ce gendarme n’a rien d’héroïque.
Pour un militaire, il n’a pas été la hauteur de sa mission. Il a même failli à son devoir de sa vocation de combattant. En effet, ce pauvre gendarme n’est pas mort en héros comme le proclament tous les officiels français, falsificateurs intéressés de la vérité.
Si l’on se réfère à la définition du terme héros, cette mort s’apparente à un martyre. Et nullement à un acte héroïque.
Selon la définition de multiples dictionnaires, le héros est « celui qui se distingue par une valeur extraordinaire ou des succès éclatants à la guerre. »
Le héros (en grec « Hèrôs » : demi-dieu) est celui qui semble avoir dépassé les limites de la condition humaine par son courage et ses actions. C’est la conception de l’héroïsme. Le héros va devenir par ses prouesses l’incarnation des valeurs morales supérieures, le parangon du combat héroïque.
L’héroïsme est à la fois ce qui fait le héros et ce que fait le héros. Ceci selon que l’on place l’héroïsme avant ou après le héros. Soit un acte héroïque transforme un homme en héros, l’héroïsme fait le héros. Soit le héros agit de manière héroïque, l’héroïsme est ce que fait le héros, autrement dit il est déjà héros et n’a plus qu’à réaliser son être comme dans les morales antiques. Dans les deux cas, l’héroïsme consiste en attitudes, choix et actes de nature supérieure, exceptionnelle. Il s’agit de hauts faits, de coups d’éclats qui prouvent ou révèlent la grandeur d’âme du héros. Ces hauts faits peuvent être guerriers : le héros accepte un combat surhumain. Il affronte l’ennemi avec courage, intelligence, loyauté, et emporte une victoire exceptionnelle. Et non emporté par une mort certaine, signe d’un esprit défaitiste, mentalité étrangère au véritable héros. Enfin, l’héroïsme se dévoue à de nobles valeurs, et non de viles et criminelles entreprises impérialistes quoique maquillées en interventions humanitaires ou justifiées au nom de la lutte contre le terrorisme, à l’instar de l’État français.
En l’espèce, le gendarme a brillé par son irresponsabilité de s’être livré pieds et poings liés à son bourreau. Aussi a-t-il fini par être occis sous le couteau sacrificateur et purificateur du soldat de Daesh, le franco-marocain Radouane Lakdim.
Paradoxalement, le religieux, en l’espèce l’islamiste marocain, élevé dans l’adoration de l’islam censé contenir et dispenser un enseignement spirituel empli d’amour, s’est mué en meurtrier terroriste. Tandis que le militaire, en l’espèce le colonel français, formé par une institution spécialisée dans la préparation de la guerre aux moyens d’un apprentissage de techniques de combat hautement développées, s’est métamorphosé en adepte de la sagesse amoureux de la non-violence, réduit à se livrer en victime expiatoire à ce jeune délinquant shooté à l’opium du peuple.
Son acte ne relève pas de l’héroïsme. Mais assurément du martyre.
Il a élevé la « martyrologie » en principe de combat, la mort en ultime justice de la vie.
A contrario, le héros combat au nom de la vie. De la mort des injustices, non de sa propre mort.
C’eût été un héros s’il avait neutralisé le terroriste tout en sauvegardant sa vie et celle des otages, malheureusement assassinés par cet islamiste fanatisé et hypnotisé par sa marocaine nourriture cocaïnisée.
Mais la France décadente, engagée dans de multiples conflits militaires qui n’ont rien d’héroïques, a besoin de se forger des héros à son image, celle d’une France affaiblie, falsifiée, disqualifiée.
En vérité, ce brave gendarme est mort davantage en Chrétien qu’en soldat. Au reste, il devait se marier prochainement à l’église.
Son amour des autres, son respect de la vie et de l’opinion d’autrui, son refus de l’affrontement, l’ont précipité dans l’arène des suppliciés, dépecé par une vulgaire bête immonde islamiste, déguisé en humain. Par sa naïveté toute française, il s’est offert comme un agneau au poignard de l’islamiste marocain avide de sang mécréant.
Pour reprendre le titre d’un film célèbre : « les héros sont fatigués », blasés, désabusés, et même abusés par les rusés installés à la tête d’un système économique usé.
Demain, la France impérialiste va encore une fois rendre un hommage national à ce brave homme tombé sur le champ de ruines de ce pays décadent, dans le dessein de mobiliser la population dans une Union nationale sacrée destinée à l’enrégimenter dans la politique meurtrière d’interventions militaires françaises. Interventions militaires suscitant une réaction en chaîne des islamistes sur le territoire français par des attentats terroristes. Et le cycle infernal des jeux et enjeux de massacres va se poursuivre ainsi de manière interminable au mépris de la vie des populations civiles « étrangères » et françaises sacrifiées sur l’autel des intérêts économiques de la France.
L’authentique héroïsme serait celui du soulèvement en masse des masses populaires françaises contre la politique impérialiste de leur pays, pour exiger l’arrêt des interventions militaires pourvoyeuses d’exodes massifs qui finissent par échouer en Europe. Ces mouvements migratoires sont utiles pour assurer la survie du capitalisme car ils permettent de tirer les salaires vers le bas, et la perpétuation du cirque électoral par leur fonction de diversion politique et de divertissement populiste.
La gravité de la dramatique situation actuelle exige l’engagement d’un héroïque combat collectif et international contre le capitalisme vecteur de misère, de guerres et de terrorismes. Et non pas d’un humanisme pleurnichard et désarmant, présenté comme le nec plus ultra de l’héroïsme.