27 juillet 2024
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Semaine des Lyrides, faites un vœu !

REGARD

Semaine des Lyrides, faites un vœu !

Entre le 16 et le 25 avril, on observe une pluie de météorites dans le ciel avec un point culminant le 22 avril. La comète au nom barbare de Thatcher C/181 G1 rend visite au système solaire par une incursion peu discrète puisque suivie d’un feu d’artifice bien connu de l’humanité pour de nombreux autres phénomènes similaires. 

C’est ce qu’on appelle les « Lyrides » car la comète provient de la constellation de La Lyre. Les spécialistes disent qu’il faut regarder vers Vega, l’étoile la plus brillante de la constellation.

La nuit du 22 au 23 avril est la plus propice à l’observation de traînées de lueurs car notre satellite sera à la veille de la nouvelle lune et n’occultera pas de sa lumière la bonne observation. En temps habituels, pour toute observation céleste, il est recommandé de s’éloigner des villes à cause de leurs lumières qui rendent la vision du ciel à œil nu très improbable.      

Elle nous rend visite tous les 415 ans avec une régularité astronomique. Nous aurons donc à peine le temps de l’apercevoir qu’il s’agira déjà d’un adieu puisque notre génération ne la reverra plus. Filer comme une comète est bien une expression qui veut tout dire sauf que la fuite est définitive.

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Le phénomène est bien connu depuis longtemps, l’échauffement à l’approche du soleil crée une fonte des éléments contenus à la surface de la comète, ce qui provoque une traînée (la longue chevelure de la célébrissime comète Halley en est la représentation la plus commune). D’où leur nom usuel, les « étoiles filantes ».

Cette déperdition provoque souvent des retombées sur terre avec des fragments noircis par l’incandescence du frottement dans l’atmosphère lorsque le petit astre est proche de la terre.

Nous voilà devant une magnifique pluie d’étoiles pendant laquelle il est coutume de faire un vœu. Pourquoi ?

Tout le monde sait que ces phénomènes étaient considérés comme la manifestation des dieux, croyance très banale pour les peuples anciens. Alors il fallait les satisfaire par des prières et des demandes de pardon. Cela est devenu au fil du temps un vœu exprimé pour une réalisation d’un souhait, d’un rêve.

Et c’est ce qui sous-entend que l’appréhension de la signification des comètes fluctue au cours des siècles pour enfin arriver à une explication moderne par la science. C’est la vérité du moment car nous disposons d’appareils d’optique et de mesure qui rendent le phénomène objectivement observable et mesurable dans ses particularités physiques et de déplacement.

Nous n’allons certainement pas énoncer l’histoire complète du rapport de l’humanité aux comètes. L’érudition en ce domaine n’est ni de la compétence de l’auteur ni possible dans un article pédagogique publié dans un quotidien. Voici quelques balises, il y a certainement des oublis importants mais elles nous donnent un aperçu de ce long chemin des croyances humaines confrontées aux comètes.

 Au XXème siècle, on trouva dans la tombe de Toutankhamon un poignard forgé à partir de fer d’origine météoritique. Les Égyptiens vouaient un culte au fer, métal qu’ils considéraient comme puissant et source de pouvoir. On posa ainsi l’hypothèse que ce serait le symbole de la future  rencontre avec les dieux. 

Un philosophe et astronome grec, Anaxagore, évoque la chute d’une météorite en Crète, au 5ème siècle av. J-C. Selon lui ce sont des masses incandescentes détachées du soleil. Nous voyons qu’il y déjà dans cette remarque une petite vérité qui se rapproche de l’affirmation de notre époque.

Mais les conclusions de l’astronome sont en contradiction avec le regard théologique du moment et il fut condamné à mort. Il échappa de justesse à la sentence suite à l’intervention de Periclès.

Dans la conception aristotélicienne on retrouve encore une explication qui s’égare du dogme religieux mais qui reste néanmoins encore éloignée de la vérité scientifique même si on en retrouve une certaine idée. Pour Aristote c’est le passage du vent qui était parfois si puissant qu’il projetait des pierres d’origine terrestre.

Si nous poursuivons notre bout de chemin nous arrivons aux Romains avec la pierre de Cybèle exposée sur la colline du Mont Palatin à Rome. Elle fut apportée dans la capitale de l’Empire pour satisfaire un oracle qui liait ce transfert à la victoire sur les troupes d’Hannibal. Cette pierre représente le culte de la sécurité et de la prospérité de la puissante Rome.

Dans le bassin méditerranéen les météorites étaient considérées comme des pierres tombées du ciel, ce qui semble enfin l’évidence, d’où leur nom grec provenant du sémite, Beth’El (Maison de Dieu). Nous revenons ainsi à l’explication plus classique de la provenance divine.

Au Moyen Âge le raidissement est encore plus sensible puisque toutes les interprétations divines furent écartées et considérées comme païennes puisque s’opposant à la conception unitaire du divin.

C’est ainsi que pendant longtemps les érudits ont expliqué le phénomène comme provenant soit d’une illusion optique soit de manifestations atmosphériques. 

Il faut dire que pendant toutes ces périodes évoquées les comètes étaient considérées comme annonciatrices de grands malheurs comme les guerres, les famines et les épidémies. En ce sens elles arrangeaient bien le discours théologique car le mal qui foudroie l’humanité est souvent expliqué par le mauvais comportement des humains qui entraîne le courroux du ciel.

Nous avons aujourd’hui notre vérité scientifique mais si nous écartons définitivement les forces occultes, il n’est pas exclu que nous aurons à l’avenir d’autres explications sur la nature de ces comètes et de leurs propriétés.

En attendant, faisons un vœu et disons-lui adieu, pas au-revoir. 

Auteur
Boumediene Sid Lakhdar, enseignant

 




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