Vendredi 1 novembre 2019
Sétif : marche pacifique pour le 37e hirak
Des dizaines de milliers de personnes ont défilé entre les avenues du 1er novembre 1954 et du 8 mai 1945 pour converger vers le siège de la wilaya.
Elles ont exigé le départ immédiat et sans condition des caciques du régime et donc une transformation totale du paysage politique algérien, à commencer par le limogeage du général Gaïd-Salah qui s’est octroyé le droit de diriger le pays sans avoir été investi par le peuple.
Au tout début de l’après-midi, des milliers de manifestants ont envahi les rues du centre-ville avec banderoles, drapeaux et instruments de musique en scandant des slogans comme «Pas d’élections sous la mafia », « On veut une indépendance pas trafiquée » ou « Vous avez bouffé le pays, clans de voleurs ». Jamais la capitale des Hauts-plateaux algériens n’a autant été assiégée par les Sétifiens et les habitants des villes environnantes.
L’occasion était unique : la 37e marche du hirak s’harmonisait avec le 65e anniversaire du soulèvement du 1er novembre 1954. Une foule immense convergeait vers le centre de la ville en suivant les rails du tramway, un cortège soutenu et bruyant. Près du lycée Mohamed Kérouani, les véhicules de police, en nombre, restreignaient le corridor. C’est à ce niveau, face aux forces de l’ordre, que les manifestants ont lancé des cris de ralliement inédits : «la police aime la misère » (el boulicya t’hab el mizirya) ou « Etat civil et pas militaire. »
Sur les banderoles, le peuple de Sétif a redoublé d’ingéniosité. C’est ainsi que nous avons pu lire : « Elections, pièges à cons », « Le système doit sauter » ou « Le hirak jugera les criminels, n’ayez crainte. »
Seul point négatif à souligner, une recrudescence de la présence des barbus en gandouras, avec des slogans qui rappellent de très mauvais souvenirs, présence largement contrebalancée par celle de centaines de femmes et de jeunes filles, les cheveux au vent.
A l’évidence, le mouvement populaire est loin de s’essouffler, bien au contraire, malgré la très grande crise que traverse le pays. Avec cet anniversaire du 1er novembre 1954, Sétif et ses habitants entendent reconquérir ce symbole capital dans la longue marche du pays vers une indépendance non troquée, une démocratie véritable tout en sachant que la lutte sera ardue