Vendredi 2 avril 2021
Si j’étais Mouloud Feraoun
Dans ma patrie martyrisée, tenaillée et poignardée, le temps des instituteurs-écrivains et révolu à jamais. À présent, c’est l’ère de la médiocrité et de la trivialité qui l’emporte triomphalement.
Même que je suis un modeste instituteur du bled, comme disait modestement de lui-même, Mouloud Feraoun et en dépit de ce titre que je partage avec lui, je suis dans l’incapacité de rédiger de belles lettres à mes amis comme, il le faisait, ni de tenir un journal proche du sien, car si j’avais son talon et son niveau, j’aurais parlé longuement du fils du pauvre que j’étais et des jours de Kabylie qui m’ont énormément appris et des chemins qui montent que j’empruntais tout petit tout en rêvant de la cité des roses que j’ai crue deviendrait ma patrie une fois grandi.
Mais hélas, après plus d’un demi-siècle de son indépendance, je ne vois encore qu’une aride terre et le sang qui coule des entrailles de ses enfants qui observent impuissants régner l’arnaque et la matraque.
Comme je ne peux guère m’exprimer ni en vers ni en prose, à chaque anniversaire de sa glorieuse révolution, je relis les poèmes de si Mohand, tout en chantant à haute voix le poème suivant :
J’ai juré que de Tizi Ouzou
Jusqu’à Akfadou
Nul ne me fera subir sa loi
Nous, nous briserons, mais sans plier
Plutôt être maudit
Quand les chefs sont des maquereaux
L’exil est inscrit au front
Je préfère quitter le pays
Que d’être humilié parmi ces pourceaux
Merci Fouroulou !