2 mai 2024
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Silvio Berlusconi a passé l’arme à gauche

Berlusconi et Poutine

L’ancien chef de gouvernement italien Silvio Berlusconi, sulfureux milliardaire dont les démêlés judiciaires et frasques sexuelles ont défrayé la chronique, est mort à l’âge de 86 ans. 

Berlusconi était aussi le « premier tifoso » de l’AC Milan, club qu’il a dirigé pendant trois décennies et dont il avait fait l’une des plus grandes équipes au monde grâce à des stars recrutées à prix d’or.

Soigné à l’hôpital San Raffaele de Milan pour une leucémie, il y était entré vendredi après y avoir déjà effectué de multiples séjours. Selon les médias italiens, il ne répondait plus ces derniers temps au traitement anti-cancéreux.

Le parcours de cet éternel revenant, dont la mort politique fut maintes fois annoncée à tort et encore élu sénateur en 2022, se confond avec l’histoire italienne des 30 dernières années.

C’était l’un des hommes les plus riches de la péninsule, avec une fortune évaluée début avril par Forbes à 6,4 milliards d’euros.

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Adoré ou détesté

Adoré ou détesté, l’amateur assumé de femmes beaucoup plus jeunes que lui, y compris des call-girls, s’était retrouvé empêtré dans une myriade de procès liés à ses tristement célèbres et sulfureuses soirées « Bunga Bunga ».

A l’étranger, Berlusconi, habitué à promettre tout et son contraire, est surtout connu pour la ribambelle de scandales dans lesquels il a été impliqué, ses gaffes devenues légendaires, ses procès à répétition et ses coups d’éclat diplomatiques.

Allié encombrant de la cheffe du gouvernement d’extrême droite Giorgia Meloni, il l’a plusieurs fois mise dans l’embarras avec ses déclarations russophiles après l’invasion de l’Ukraine. Ami personnel de Vladimir Poutine, qu’il a reçu dans sa méga-villa en Sardaigne, il a rejeté plusieurs fois sur Kiev la responsabilité du conflit.

Si lui restait populaire chez une partie des Italiens, son parti Forza Italia, une machine à gagner les élections qu’il avait fondée en 1994, a suivi son lent déclin, passant de presque 30% des voix aux législatives de 2001 à 8% en 2022.

Pour l’ex-Premier ministre italien, propriétaire depuis 2018 d’un autre club de Serie A (Monza), l’AC Milan fut une passion jamais démentie, mais aussi un redoutable outil de communication au service de ses affaires économiques et de sa carrière politique. Pendant les 31 ans de règne du « Cavaliere » (entre 1986 et 2017, avec quelques pauses quand il fut chef du gouvernement), le club au célèbre maillot rayé rouge et noir a raflé 29 trophées, dont cinq Ligues des champions et huit titres de champions d’Italie.

Le Milan est alors une place forte du football mondial, sous les ordres des entraîneurs Arrigo Sacchi, apôtre du beau jeu, ou Fabio Capello, vainqueur de la Ligue des champions en 1994 en surclassant le Barça en finale (4-0). Les stars s’y succèdent quand elles ne s’y côtoient pas : les Italiens Franco Baresi, Paolo Maldini et Andrea Pirlo, les Néerlandais Marco Van Basten, Ruud Gullit et Frank Rijkaard, mais aussi Jean-Pierre Papin, George Weah, Andreï Shevchenko, Clarence Seedorf, Ronaldinho ou Zlatan Ibrahimovic. Gullit, Van Basten, Weah, Shevchenko et Kaka ont tous gagné le Ballon d’Or lors de leur passage au club.

 Rivalité avec Tapie

Ce succès avait un prix. À une époque où les joueurs n’avaient pas encore pris l’habitude de changer de tunique tous les trois ans ni de traverser les frontières, Silvio Berlusconi fut un pionnier revendiqué du « foot business », multipliant les transferts rutilants, comme le fera à la même époque Bernard Tapie à Marseille. La rivalité entre l’OM et Milan rythme d’ailleurs le foot européen du début des années 1990, avec en point d’orgue la finale de Ligue des champions 1993 remportée par les Phocéens (1-0).

Dans les années 2000, Milan gagne encore deux fois la Ligue des champions, et en laisse filer une troisième alors qu’il menait 3-0 à la mi-temps contre Liverpool, en 2005. Mais la richesse de Berlusconi ne suffit plus à attirer les meilleures stars alors que débarquent en Europe des actionnaires toujours plus puissants, venus des Etats-Unis, d’Asie ou du Golfe. « Son » Milan recule peu à peu et ne gagne plus rien après 2011, dernier titre de champion d’Italie de Berlusconi.

La belle histoire, née en 1986 avec le rachat d’un club au bord de la faillite, prend fin en 2017 avec sa vente à un homme d’affaires chinois pour plus de 700 millions d’euros. Plombé par des dettes considérables, le club est passé l’année suivante dans les mains d’un fonds d’investissement américain, Elliott, qui l’a lui-même revendu l’été dernier à un autre fonds, RedBird Capital, pour 1,2 milliard d’euros, après l’avoir ramené au sommet (champion 2022).

Sulfureux

Après avoir débuté son ascension à Milan (nord) dans le BTP, l’entrepreneur doté d’un bagout à toute épreuve s’était lancé avec succès dans la télévision, inventant la TV paillettes des années 1980 qui fera sa fortune, lui permettant entre autres d’investir dans des clubs de foot, d’abord l’AC Milan puis l’AC Monza.

Côté scandales, M. Berlusconi devait encore répondre d’accusations dans le procès dit du « Rubygate », du nom d’une mineure invitée aux soirées « Bunga Bunga » et d’abord présentée faussement comme une nièce du président égyptien Hosni Moubarak. Berlusconi, acquitté pour prostitution de mineure, était encore en procès pour subornation de témoin dans un volet de cette affaire.

L’octogénaire, dont la dernière compagne Marta Fascina était de 53 ans sa cadette, avait encore fait scandale en décembre 2022 quand il avait promis à ses joueurs du Monza d’amener « dans le vestiaire » un « car de putes » en cas de victoire.

Au fil des ans, le sourire carnassier du « caïman », l’un de ses nombreux surnoms, s’était toutefois figé sur son visage lifté au maquillage « épais comme le parquet », expression cruelle ciselée par un éditorialiste.

Né le 29 septembre 1936, Berlusconi, fils d’un employé de banque milanais, commence à travailler comme animateur sur des bateaux de croisière, où il chantait et racontait des histoires drôles.

Armé d’une licence de droit, il se lance dans les affaires, entamant une irrésistible ascension qui soulève des interrogations quant à l’origine de sa fortune, sur laquelle il est toujours resté flou.

Avec Rfi/AFP

 

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