Sion Assidon, figure majeure de la lutte pour la cause palestinienne au Maroc et au-delà, se trouve depuis plusieurs jours dans un état critique qui a suscité une onde d’émotion et de solidarité.
Âgé de 77 ans, l’infatigable militant a été retrouvé inconscient le 11 août à son domicile de Mohammedia, grièvement blessé à la tête, au visage et à l’épaule. Après une intervention chirurgicale d’urgence, il a été transféré à l’hôpital Cheikh Khalifa de Casablanca, où il demeure sous assistance respiratoire, dans le coma. Ses proches parlent d’un état « stable mais grave ».
Des circonstances troubles
Les zones d’ombre entourant cet incident ne font qu’accroître l’inquiétude. À proximité de sa maison, des outils de jardinage ont été retrouvés, laissant penser à une chute accidentelle. Mais l’absence de traces d’effraction et la nature des blessures nourrissent aussi l’hypothèse d’une agression ciblée. Le parquet général a ouvert une enquête afin de déterminer les causes précises de ce drame.
Une vague de solidarité
L’annonce de son hospitalisation a immédiatement déclenché un élan de soutien. Le Front marocain de soutien à la Palestine a organisé une veillée silencieuse devant l’hôpital, tandis que le Parti Socialiste Unifié (PSU) a exigé que toute la lumière soit faite sur cet épisode qualifié de « mystérieux ». Des messages de solidarité affluent du Maroc et de l’étranger, saluant le parcours d’un homme resté fidèle à ses engagements.
Un parcours marqué par l’engagement
Né à Agadir en 1948 dans une famille juive marocaine, Sion Assidon a très tôt embrassé le combat politique. Cofondateur du Mouvement du 23 mars dans les années 1970, il a été emprisonné durant plusieurs années sous Hassan II en raison de ses positions critiques. Libéré au début des années 1980, il n’a cessé depuis de lier sa vie à celle des combats pour la démocratie au Maroc et pour la justice en Palestine.
Infatigable défenseur des droits humains, Assidon a été l’un des premiers à dénoncer la normalisation des relations entre le Maroc et Israël. En tant que coordinateur national de la campagne BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions), il a porté la voix des militants qui refusent toute compromission avec un régime d’occupation. Sa notoriété a largement dépassé les frontières du royaume, en faisant l’un des visages emblématiques de la solidarité internationale avec le peuple palestinien.
Une figure respectée et redoutée
Admiré par ses soutiens pour son intégrité et sa constance, redouté par ses adversaires pour la radicalité de ses positions, Sion Assidon a toujours incarné une parole libre, refusant les concessions. Son engagement a souvent fait de lui une cible des critiques, mais il a gagné le respect même de ses détracteurs par sa fidélité à ses convictions.
Une incertitude lourde de sens
Aujourd’hui, alors qu’il lutte entre la vie et la mort, le Maroc et la cause palestinienne se retrouvent orphelins d’une voix. L’avenir dira si l’incident qui l’a frappé relève de l’accident ou d’une agression préméditée. Mais déjà, l’épreuve rappelle la fragilité des grandes figures militantes, et l’importance de préserver leur héritage.
Quoi qu’il advienne, l’histoire retiendra de Sion Assidon l’image d’un homme qui, toute sa vie durant, a mis sa liberté et sa voix au service de la justice et des peuples opprimés.
Mourad Benyahia