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Sofia Benlemmane, un Homo sapiens en crise !

Sofia Benlemmane
Sofia Benlemmane

L’Algérie se situerait donc entre l’Espagne et le Portugal, d’après une youtubeuse algérienne gracieusement payée par les deniers publics pour aller en Côte d’Ivoire insulter l’Afrique et l’Africain, à l’occasion de la tenue de la coupe d’Afrique des nations 2024. Par quoi commencer ?

Par le plus abject, le plus ignominieux racisme anti-noir, anti-africain, celui qui nous rappelle le racisme anti-Kabyle, miroir d’une crise identitaire qui trouve son prolongement dans une crise de nation et une crise d’Etat.

Après le zéro Kabyle en Algérie, c’est zéro lAfricain en Algérie. Quand on sait comment sont considérés les Africains sur le sol algérien : insultés, singés, maltraités, ostracisés, traqués comme des fugitifs, on comprend pourquoi nous n’avons jamais été capables d’assumer et d’affirmer ce que nous sommes. Et ce que nous sommes n’est rien d’autre que ce que le pouvoir politico-militaire nous a refusé d’être.

Si le racisme anti-Kabyle a été institué, dès l’indépendance comme un mode systémique de gouvernance, le racisme anti-noir, anti-Africain est une ignominie qui nous vient de ces marchands d’esclaves qui ont, de tout temps, mené des guerres d’apostasie contre tout ce qui n’était pas arabo musulman. D’ailleurs cette filiation idéologique au Grand Maghreb, un glissement géographique fait par négation à l’Afrique de l’Homo sapiens, a été l’œuvre sordide grâce à laquelle toute autre identité, aussi séculaire soit-elle, a été fossilisée.

Par cet orgueil algéro-centriste, symptôme clinique d’une névrose qui nous ronge de l’intérieur, le pouvoir a métabolisé l’Algérien à l’idée qu’il est au centre du monde et au-dessus de tout le monde, perdant ainsi des décennies d’humilité pendant lesquelles on aurait pu construire une communauté de destin ouverte sur le monde et avec tout le monde.

Des propos racistes d’une « influenceuse » algérienne en Côte d’Ivoire

Sofia Benlemmane n’est qu’un échantillonnage largement représentatif de l’Homo sapiens algérien en crise, fruit d’un système politique qui a fait de l’ennemi imaginaire le symptôme d’une déficience intellectuelle chronique ….. Une forme de schizophrénie collective, où le peuple-patient entend et voit l’ennemi partout.

L’Algérien n’aurait pas besoin de se rendre en Côte d’Ivoire pour prendre conscience de l’impossible vie dans laquelle il se débat. Sans aucun doute qu’il aurait besoin d’un Frantz Fanon, ce psychiatre fondateur du courant de pensée tiers-mondiste, militant infatigable de la cause algérienne pendant la guerre de libération, pour panser ses blessures et guérir ses traumas, que le système politico-militaire, avec le soutien de l’arabo-islamisme, au sortir de l’indépendance, lui ont infligé.

Mohand Ouabdelkader 

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