Mardi 16 février 2021
Sonatrach : pourquoi cette euphorie des chiffres ?
L’Agence presse service algérienne (APS) que le chef de l’Etat considère comme seul organe de presse crédible et habilité à transmettre des informations pour éclairer l’opinion publique sur toutes les questions qui se rapportent à la marche vers la « deuxième république », continue à « ramasser » des informations pêle-mêle même dans les pages Facebook mais avec un jeu paradoxal sournois cette fois ci. Comment ?
Dans sa rubrique économique de ce mardi 16 février 2021, elle titre que « l’activité raffinage de a atteint d’excellent niveaux de production.» Elle cite une annonce que a faite lundi 15 février 2021. (01) Lorsqu’on se dirige sur le site de Sonatrach, on trouve effectivement un communiqué portant le même titre dont la source est l’APS. (02)Sonatrach reprend donc l’APS et ne reconnait pas cette annonce qu’elle n’a pas faite sur son site. On revient comme pour la première fois au paradoxe de l’œuf et de la poule.
Mais la clé de ce mystère comme nous le disons dans un de nos précédent article est une page Facebook qui se dit « officielle » de Sonatrach et qui avait effectivement publié ces chiffres le lundi dernier. (03) avec une euphorie de commentaires de toutes évidence complaisants et qui n’ont rien à voir avec le monde des hydrocarbures. Que dit ce post de onze lignes et qui a été traduit en article par l’APS et, partant d’autres journaux ?
Il vante l’activité de raffinage de Sonatrach parce qu’elle a « enregistré » une croissance de 7,4% des « volumes de pétrole et de condensat traités en référencé à l’année 2019. Il y a eu 29,1 millions de tonnes traitées en 2020 contre 27,2 millions de tonnes l’année d’avant. Que l’activité de raffinage « a atteint d’excellent niveaux de production des produits pétroliers », pourquoi ? Parce qu’elle a « réalisé des niveaux records de production de gasoil avec prés de 9,5 millions de tonnes et 3,4 millions de tonnes d’essences. Tout cela parce que l’équipe a profité de la « montée en cadence » de la raffinerie d’Alger après sa réhabilitation.
Enfin et cela semble la bonne nouvelle qui va faire plaisir au chef de l’Etat, Abdelmadjid Tebboune qui a ordonné de ne plus importer de carburants. On apprend dans ce post que Sonatrach a cessé depuis mars 2020 les importations d’essence et de gasoil bien. Mieux encore, elle en a exporté même ces deux produits. Il ne manquait plus dans ce post que d’admettre et de faire admettre que les 20 milliards de dollars de 2020 sont beaucoup mieux que les 33 milliards de dollars de 2019.
Que dire à cet univers de Disney Chanel ?
En économie lorsque la demande baisse, toute capacité de traitement de n’importe quel produit prendra de l’importance et on est exactement dans ce cas de figure. Le raffinage du pétrole est directement lié à la vente de l’entreprise Naftal dont le bilan n’est pas réjouissant indépendamment de sa volonté mais la consommation nationale a été plombée par les restrictions des moyens de transport à cause de la crise sanitaire due à la Covid-19 depuis mars 2020.
La dernière situation de l’entreprise Naftal est éloquente. Ainsi en cinq mois, soit du 1er mars à mi-juillet seulement, l’entreprise a perdu 20 milliards de dinars et a évalué la réduction de la consommation de 50 à 80% pour tous les types de produits pétroliers.
Certains hauts cadres qui considèrent suite à ce post que l’entreprise mère ne pense qu’a son bilan mais oublie les malheurs qu’a causés le Coronavirus à ses filiales que cette euphorie des deux cargaisons exportées, l’ont été en fait que celles importées pour les besoins de la consommation nationale mais faute d’une demande atone, elles ont été réexpédiées pour qu’aujourd’hui il n’y avait pas de quoi s’enorgueillir.
Ensuite, en supposant que tout cela est véridique et nos jeunes cadres qui ont la charge de diriger cette activité méritent des encouragements, alors ! Comment vont-ils nous expliquer cette équation ? Il y a eu 29,1 millions de tonnes de feedstock à raffiner soit pour un bouquet du Sahara Blend léger qui affiche 45°API prés de 626 347 barils par jours.
Il faut ajouter à cela les 677000 barils équivalents pétrole exportés durant l’année 2020 de la bouche même du ministre de l’énergie et en live (04) (05), cela revient à 1303 347 barils par jour alors qu’on a déclaré à l’OPEP et le monde entier qu’on a produit en moyenne en 2020 que 897 000 barils par jour. Sachant pertinemment et indiscutablement que l’Algérie est l’un des rares membres de l’OPEP qui a toujours respecté ses engagements alors !
Ont-ils acheté du brut pour le raffiner, auquel cas pourquoi faire ?
Rabah Reghis
Renvois
(01)-https://www.aps.dz/economie/117610-sonatrach-l-activite-raffinage-atteint-d-excellents-niveaux-de-production (02)-https://sonatrach.com/actualites/sonatrach-lactivite-raffinage-atteint-dexcellents-niveaux-de-production (03)-https://www.facebook.com/SONATRACH/posts/1091341274702195 (04)https://www.youtube.com/watch?v=-JnhrEL_sRw (05)https://www.energy.gov.dz/Media/galerie/retour_sur_les_declarations_du_ministre_de_l’energie_6028fae965472.pdf