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Sofiane Djilali sonne la charge contre Abdelmadjid Tebboune

Soufiane Djilali et Tebboune

Quand Soufiane Djilali rencontrait Tebboune sans moufter sur la répression.

Sofiane Djilali, qui était un temps entré dans les ordres tebbouniens, vient de s’illustrer en prenant position clairement contre un second mandat du chef de l’Etat. Sofiane Djilali fend-il pour autant l’armure pour devenir un véritable opposant comme la situation l’exige ?

Que se passe-t-il pour que Sofiane Djilali s’énerve contre Tebboune ? L’homme pour autant est d’une prudence de Sioux. La preuve ? Soufiane Djilali a le sens de la litote. Il émet un doute sur les raisons exactes du changement de date de la présidentielle. « Cette anticipation restent peu claires. »Puis il enfonce un coin en ajoutant dans cet entretien accordé à Tsa : «L’éditorial de l’APS était parti dans un commentaire peu rassurant». Sans le dire, le patron de Jil Jadid sous-entend par des propos sibyllins des luttes d’appareils en haut lieu.

Ayant rencontré déjà officiellement le chef de l’Etat deux fois, Sofiane Djilali n’a aucun doute sur une 2e candidature de Tebboune à la présidentielle. Il estime qu’«au vu de sa dernière prestation télévisée, il m’a semblé décidé à rester aux commandes ». Ajoutant : «D’ailleurs, selon la dépêche de l’APS, il serait déterminé à accomplir ce qui reste de son programme. C’est là où le vrai débat devrait commencer »

Puis il lâche cette question lourde de sens : « Est-ce que l’Algérie se portera mieux avec cette politique ? À mon avis, notre pays a besoin d’un changement paradigmatique. » Sans être un farouche opposant Sofiane Djilali s’interroge encore pour exprimer ses doutes sans trop froisser les tenants du pouvoir :« Est-ce que le Président est en mesure d’insuffler une nouvelle politique audacieuse, forcément différente de celle qu’il a menée jusqu’ici s’il est reconduit pour un deuxième mandat ? A-t-il l’envie, l’énergie, les hommes et l’ingénierie politique pour cela ? Le doute est permis. »

Il ne s’arrête pas là, il se fait conseiller et chuchote : « Un deuxième mandat a de fortes chances de se transformer en un malheureux échec qui sera autant pénible pour lui que pour le pays ». Connaissant l’irritabilité de Tebboune, il convient : « Je mesure les conséquences de ma prise de position, mais je pense qu’il aura tout à gagner à renoncer au second mandat. »

Comme pour se adoucir son attaque, le patron de Jil Jadid précise : « Sincèrement, je pense qu’il a fait de son mieux durant ce premier mandat et les Algériens lui en seront reconnaissants. » Il proclame en expert  pour lui jeter des fleurs : « Il inscrira son nom dans l’histoire algérienne. Il doit méditer sur les défis qui attendent le pays et interroger sa conscience sur le meilleur service qu’il peut rendre au pays. »

C’est le même Sofiane Djilali qui nous assurait en 2020 : « Aujourd’hui, nous avons un président civil et un projet de constitution qui va devoir redéfinir les missions et les équilibres des différentes institutions du pays« . A l’époque, comme aujourd’hui, le patron de Jil Djadid avait fermé les yeux sur la terrible répression lancée depuis l’intronisation de Tebboune au pouvoir. A croire qu’il y a plusieurs Sofiane Djilali. Celui pendant le Hirak qui tonnait sur la nécessité d’un changement profond de la gouvernance, celui des années 2020, plutôt conciliant avec Tebboune et le Soufiane qui tente de se renouveler à la faveur de la présidentielle.

Présidentielle anticipée

« L’argument avancé qui était de revenir au calendrier régulier, c’est-à-dire tenir l’élection au printemps, n’a aucun sens, d’autant que la date choisie finalement se situe à la fin de l’été », ajoute-t-il. 

« Les partis politiques, comme les médias, naviguent à vue, assène Sofiane Djilali. Car observe-t-il : « Le fait qu’aucun débat sérieux n’ait été ouvert et que les médias publics et privés soient toujours très frileux sur la question n’encourage personne à se dévoiler. » 

Pour lancer une deuxième banderille sur la communication autoritaire qui règne dans le pays, il déclare que « la marginalisation des partis politiques et le retour à une forme de discours unique avec la fermeture des médias n’étaient pas une solution. Ce qui aurait dû être une mise en ordre pour un meilleur départ est devenu dans les faits la finalité. C’est une régression. »

En clair, ce que Sofiane Djilali a déclaré dans cet entretien accordé à Tsa ne représente d’une fine partie du désastre commis sous Abdelmadjid Tebboune. Le constat peut être fait par tout citoyen averti : l’Algérie est un pays plongé depuis 4 ans dans le coma et la terreur. Le tissu économique est paralysé. La communication est verrouillée comme jamais. Même les indicateurs économiques fournis un temps par la Banque d’Algérie sont devenus un secret d’Etat. Aucun bilan chiffré et sérieux n’est présenté sur la mandature de Tebboune. Quant à la liberté d’expression et la pratique politique, nos lecteurs savent déjà que c’est un véritable champ de ruines.

Yacine K.

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