Samedi 15 septembre 2018
Talaie El Hourriyet dénonce les violations des libertés
Le Bureau Politique de Talaie El Hourriyet a tenu sa réunion mensuelle ordinaire, le Samedi 15 Septembre 2018, au Siège national du Parti, sous la présidence de M. Ali Benflis, Président du Parti.
A l’entame des travaux du Bureau politique , le Président du Parti, M.Ali Benflis, a adressé les vœux de bonheur et de prospérité aux algériennes et aux algériens à l’occasion de l’avènement de l’année 1440 de l’Hégire.
Le Bureau Politique a, ensuite, procédé à l’évaluation de la situation politique, économique et sociale prévalant dans le pays. Il a relevé un contexte marqué par une opacité politique, un marasme économique et une rentrée sociale morose tant le malaise est profond.
I- Situation politique
Le Bureau Politique s’indigne de l’agitation des clientèles du pouvoir et d’institutions officielles, dans la perspective de l’échéance 2019 ,en utilisant les moyens de l’Etat et en violation flagrante de la législation régissant les processus électoraux, qui pollue le champ politique ,ajoute à la confusion, et masque la gravité de la crise globale dans laquelle s’enfonce notre pays .
En parallèle, l’opposition subit le harcèlement systématique du pouvoir politique et le verrouillage hermétique du champ politique et médiatique pour étouffer toute expression qui viendrait perturber la marche vers le maintien du statu quo qui assure la pérennité du régime politique en place au mépris de la volonté populaire.
Le Bureau Politique dénonce, une fois de plus, à cet égard ,les atteintes au droit de manifester pacifiquement et à la liberté d’expression et condamne le recours des autorités à des moyens et méthodes peu honorables pour empêcher le rassemblement pacifique que se proposait d’organiser le Mouvement El Mouwatana le samedi 8 Septembre à Constantine, tels l’interpellation de dirigeants de partis politiques et d’associations agréés, la séquestration de responsables du Mouvement dans leur hôtel, le déploiement massif de camions de ramassage des ordures dans les espaces retenus pour le rassemblement , au lieu d’utiliser ce matériel pour la collecte des déchets ménagers , service dont la ville a grandement besoin au moment où le choléra continue à sévir dans plusieurs région du pays .
L’attitude du pouvoir politique donne la preuve que dans la réalité l’Etat d’urgence est toujours en vigueur malgré sa levée officielle, et que les marches et rassemblements sont interdites non seulement dans la capitale mais dans tout le pays. Les autorités ne lésinent pas sur les moyens pour empêcher l’opposition de s’exprimer. Dans sa détermination à faire taire les voix discordantes, le pouvoir politique ne s’embarrasse plus des formes, vis-à-vis de l’opinion publique. Le pouvoir politique est décidé à empêcher l’opposition d’aller à la rencontre du citoyen pour lui présenter d’autres alternatives pacifiques que la démarche autoritaire du pouvoir qui charrie le risque de dérapages préjudiciables à la stabilité et à la sécurité du pays et à la cohésion de la Nation. Cette attitude liberticide du pouvoir politique en place illustre sa conception dénaturée du multipartisme avec une opposition sous surveillance, cloitrée dans un espace délimité par des lignes rouges, qui se rétrécit de jour en jour.
Le couperet de la censure qui s’abat sur des œuvres littéraires, cinématographiques et d’autres formes d’expression artistique, participe de cette même démarche liberticide visant à proscrire toute idée non conforme aux certitudes du régime politique en place.
II – Situation économique
Le Bureau Politique exprime sa préoccupation face à l’incapacité du pouvoir politique à enrayer la dégradation continue de la situation économique , visible dans la faiblesse de la croissance économique ,la détérioration des principaux indicateurs économiques, les tergiversations dans le domaine de l’énergie face à la baisse de la production des hydrocarbures, les retards accusés en matière d’énergie renouvelable et l’opacité qui entoure la préparation de la nouvelle loi sur les hydrocarbures, l’incapacité à réduire les importations du fait de la puissance des lobbies qui squattent les arcanes du commerce extérieur et à augmenter les exportations hors hydrocarbures, la détérioration continue de la valeur de la monnaie nationale ,un climat des affaires qui se dégrade du fait des incertitudes politiques, de l’instabilité juridique, de l’absence de perspectives économiques et de la cascade des scandales politico-financiers qui dissuadent les investisseurs potentiels.
Les réformes économiques et sociales aussi indispensables qu’urgentes ne sont pas à l’ordre du jour et le gouvernement ne fait rien pour engager l’économie nationale sur la voie de la diversification si ce n’est la mise en place d’une « industrie » de montage automobile qui engloutit des milliards de dollars et dont l’extrême faiblesse du taux d’intégration annihile toute retombée bénéfique pour l’économie nationale. Pour le pouvoir politique en place, la seule préoccupation est le maintien du statu quo jusqu’à 2019 quel qu’en soit le coût économique à court, moyen et long termes, pour le pays , tablant sur le recours irresponsable à la planche à billets et probablement sur une hypothétique revalorisation des cours du pétrole et un recours forcé à l’endettement extérieur après épuisement des réserves de change.
Le Bureau Politique note avec inquiétude l’ampleur prise par le développement du marché parallèle de la devise qui sert au recyclage d’ une partie des surfacturations rapatriée par différentes voies avec des complicités avérées et du produit de la corruption et de l’argent mal acquis, contribuant à la dépréciation continue du dinar tant sur le marché officiel que parallèle .Il dénonce, une fois encore, la passivité des autorités publiques face à ce fléau nuisible à l’économie, aggravé par le recours à la planche à billets, et qui constitue une atteinte à la sécurité nationale.
Il note la multiplication des saisies de devises en montants toujours plus importants aux frontières du territoire national qui ne sont ,de toute évidence que le sommet de l’iceberg du transfert illicite de devises qui transitent par des réseaux et des mécanismes bien huilés bénéficiant de complicités ou par la voie royale du « couloir vert » , qui saigne l’économie nationale.
III – Situation sociale
Le Bureau Politique relève une régression manifeste de la situation sociale dans notre pays visible dans le quotidien du citoyen.
L’érosion dramatique du pouvoir d’achat qui rend urgent la revalorisation du SNMG et des salaires, en général, au risque de voir de larges franges des algériens s’enfoncer dans la pauvreté et d’autres s’installer durablement dans la précarité pendant que les clientèles du pouvoir amassent des fortunes colossales grâce aux positions monopolistiques qu’ils occupent dans les différentes sphères de l’activité économique.
La résurgence du choléra et d’autres maladies infectieuses qu’on croyait à jamais éradiquées dans notre pays, telles la peste et la rougeole, a jeté la lumière sur une situation inacceptable en matière de gestion des déchets, de sauvegarde du cadre de vie, de contrôle des produits alimentaires et surtout de l’état de délabrement de notre système de santé et de prévention.
Aussi scandaleuse est la gestion chaotique de cette épidémie de choléra. Le gouvernement donne l’impression de gérer une affaire courante .Le silence des plus hautes autorités du pays est affligeant. En refusant d’abord de reconnaître qu’il s’agissait de choléra, en s’embrouillant ensuite sur l’origine du germe et, enfin, en décrétant prématurément la fin de l’épidémie alors que des cas continuent à être diagnostiqués dans différentes régions du pays, le ministère de la santé a caché la vérité à une population livrée à la rumeur, aux spéculations dans les médias et sur les réseaux sociaux et plus grave, aux déclarations contradictoires de responsables ayant comme souci de cacher la vérité et de minimiser l’ampleur de l’épidémie, de peur que la résurgence de cette maladie ne soit inscrite au passif d’un régime incapable d’assurer à la population la protection contre des maladies d’un autre temps et l’accès à des soins de qualité en cas d’épidémie. Et de fait, l’état de décrépitude de notre système santé est symptomatique de cette faillite d’un régime qui a eu tous les moyens pour doter notre pays d’un système de santé moderne, performant, et qui se voit contraint, à geler la réalisation d’infrastructures sanitaires faute d’avoir accordé une priorité suffisante à la santé du citoyen,
Le Bureau Politique rend hommage aux efforts déployés par les médecins, le corps paramédical et l’ensemble des travailleurs du secteur de la Santé dans la prise en charge des malades et dans la lutte contre l’extension de cette épidémie malgré les moyens limités dont ils disposent.
Evoquant la rentrée des classes marquée par des insuffisances rapportées par la presse nationale, le Bureau Politique constate avec une grande inquiétude la récurrence des problèmes qui reviennent chaque année en termes de déficit des infrastructures scolaires aggravé par le gel de la réalisation d’établissements du fait de la politique d’austérité, au point où , pour des milliers d’élèves , la rentrée s’est faite dans des chalets dont le provisoire risque de durer ,de la dégradation des structures, du déficit en personnel enseignant et d’encadrement, de la surcharge des classes, du manque d’équipements pédagogiques, des conditions d’hygiène et de bien être des élèves qui présentent souvent des lacunes, du retard de l’ouverture des cantines scolaires, autant de facteurs qui accroissent les disparités entre les établissements scolaires des centres urbains et les écoles rurales , perturbent malheureusement la scolarité des élèves, et accroissent l’échec scolaire.
S’agissant des tensions sociales perceptibles au niveau de l’éducation nationale, le Bureau Politique est convaincu que seul le dialogue avec les parents d’élèves et les représentants légitimes des différents corps de l’Education nationale est susceptible de trouver des solutions durables aux problèmes que rencontre ce secteur névralgique et d’assurer un climat apaisé dont l’école algérienne a grandement besoin.